SURFACE DE REPARATION
(...) Par contre, cette même année 1979, elle capte les envols quelque peu burlesques d’amis footballeurs amateurs (1). Elle destine ces images à la conception d’une installation similaire à celle des Oiseaux. Surface de réparation, allusion au grand rectangle situé devant la cage du gardien de but, est prévue pour une exposition organisée dans un vieux Sarmadésaffecté à Tournai. Celle-ci n’aura jamais lieu, les films seront remisés au placard, reconditionnés en 2009 pour la vidéo I’m a foot fan. Ce n’est que cette année que le projet initial a pu enfin être réalisé à l’occasion de l’exposition Ah ! Quelle Aventure ! Aux dires de l’artiste, « C’est une mise en pièces du jeu de football. Sur dix écrans de tulle de soie, deux projecteurs font apparaître en boucle des ballons solitaires évoluant dans l’espace, de gauche à droite et de droite à gauche. Perpendiculaires à ces écrans feuilletés, deux écrans translucides sur lesquels sont projetés des joueurs mimant le jeu sans ballon. Les touches ne se font qu’au hasard des projections ». De fait, les ballons transpercent les tulles en tous sens comme Mickey traverse les verres des serres, comme des ballons de foot fouettent les filets, tandis que les joueurs, bien maladroits, tapent dans le vide. En est-il un qui touchera le ballon au fil des mises en boucle du dispositif ? Oui, comme le note Muriel Andrin1 (2), la capture cinématographique n’est finalement qu’illusoire puisque Jacqueline Mesmaeker cherche à la rendre, paradoxalement, indomptables aux travers de « péripéties », incidents imprévus, petits rebondissements qui viennent troubler l’œuvre et nos structures perceptuelles. (...) (Jean-Michel Botquin)
1 Vincent Baudoux, Jean Glibert, Olivier Goossens Bara, Marc-Henri Wajnberg, Konstantinos Zeppos
2 Dans Olivier Mignon, dir, op.cit. p.234.
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