LES ANTIPODES
(...) Dans ces premières installations vidéo, il s’agit pour Jacqueline Mesmaeker, de désorienter tant le support que le spectateur. Ainsi en va-t-il également des Antipodes (1979) ou l’art de se projeter en plein océan Pacifique en captant la mer du Nord. Jacqueline Mesmaeker imagine une projection cinématographique très rapprochée et inversée : mer – ciel dans un petit tableau à fond bleu uni, une marine renversée en son petit encadrement ouvragé. « Je me demande si je vais traverser la terre d’un bout à l’autre, s’interrogent Alice et Lewiss Carroll. Cela sera rudement drôle d’arriver au milieu de ces gens qui marchent la tête en bas ! On les appelle les Antipattes, je crois ». Voilà une poétique façon d’interroger le medium filmique et son support, de concilier le cinéma et la peinture. Oui, c’est elle, la peinture, que Jacqueline Mesmaeker recherche, et cela restera une constante dans toute son œuvre vidéographique, même sans désorienter le support. Filmer c’est capter, projeter c’est peindre. Tout est dit.
Je reviens une dernière fois aux notes de l’artiste, à ce vertige ainsi créé. « Je pense à un plafond italien en trompe-l’œil, écrit Jacqueline Mesmaeker : au fond d’un espace clos de pierres et de plantes on voit, par une grande déchirure qui pourrait être une haute fenêtre ou un toit effondré, des oiseaux voler dans le ciel. Pour les voir ainsi le peintre était probablement au fond d’un espace et parfois cependant on imagine qu’il aurait pu lui-même peindre en volant pour tenter d’être à la hauteur des oiseaux ». Voilà un autoportrait du peintre en trapéziste, un peintre qui se projetterait en mouvements et qui n’aurait de cesse de remuer afin de peindre les multiples envols d’une multitude de mouettes. (Jean-Michel Botquin)
Jacqueline Mesmaeker Les Antipodes, 1979-2015
Film 8 mm numérisé, projection en boucle dans un tableau doré sculpté et patiné Technique mixte, projecteur, trépied, encadrement 21 X 25,5 cm. Film numérisé couleurs, sans son, 00.12.25 en boucle. Edition 2/2
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