Archives de catégorie : Valerie Sonnier

Valérie Sonnier, Drawing Now Paris, preview

Jean Auguste Dominique Ingres, Jacques-Louis David, Charles Garnier, Géricault, Jean-Baptiste Carpeaux, André Dunoyer de Segonzac, Brancusi, César, Delacroix, Henri Matisse, André Masson, Gustave Moreau se sont certainement promené par ici. François Mansart, Charles Lebrun ou André Le Nôtre aussi. Tous trois ont participé à l’embellissement des lieux. Nous sommes dans le jardin de l’Hôtel de Chimay, propriété de l’École des Beaux-Arts de Paris, là même où Valérie Sonnier enseigne le dessin morphologique depuis 2003. Il était logique, voire attendu, qu’elle se mette un jour en quête de l’esprit des lieux. Cette série compte déjà sept grands dessins sur papier coréens du jardin, septs déplacements de l’oeil et de la caméra sous des atmosphères différentes, comme s’il s’agissait de percevoir le moindre bruissement de l’air. Cinématographique. 

Au Drawing Now Paris : 

Le jardin des Beaux-Arts, dessin n°6, Fusain et acrylique sur papier coréen, 150 x 215 cm, 2024 

A la galerie à Liège dans le cadre de l’exposition Rendez-Vous : 

Valérie Sonnier, Sur Rendez-Vous

Valérie Sonnier
Le bassin des Beaux Arts, 2024
Fusain et acrylique sur papier coréen, 150 x 210 cm


Valérie Sonnier
Le bassin des Beaux-Arts (2), 2024
Fusain et acrylique sur papier coréen, 150 x 210 cm
Valérie Sonnier
Badeschloss III, 2019-2023 
crayon, crayons de couleurs et acrylique sur papier coréen, 150 x 210 cm

Valérie Sonnier, peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, Mouthier-Haute-Pierre, les images

Invitée l’été dernier en résidence au Manoir, centre d’art et de villégiature à Mouthier-Haute-Pierre, implanté dans la Haute Vallée de la Loue, pays de Gustave Courbet, Valérie Sonnier y expose cet automne. Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, titre de l’exposition, rassemble trois artistes issus des Beaux-Arts de Paris, là où Valérie Sonnier enseigne le dessin morphologique. Tous trois sont donc partis sur les traces du Maître d’Ornans. Courbet, on le sait, s’est largement inspiré des paysages de son pays natal et plus particulièrement de cette vallée de la Loue, le ruisseau du Puits noir, la grotte Sarrazine, la roche Bottine et bien sûr la source de la Loue.

Au Manoir, Valérie Sonnier prend ses marques. Elle y rencontre d’abord le fantôme des lieux, c’est plus rassurant de se sentir accompagnée. Elle installe ensuite ses fantômes les plus familiers sur la cheminée, des fantasmagories finement installées dans des cadres dorés de style Napoléon III, celui-là même qui comptait remettre la légion d’honneur à Courbet, distinction que l’artiste, en républicain farouche, refusa tout de go dans une célèbre lettre ouverte. Il y a là, sur la cheminée, tout le petit monde de Victor Hugo, dont Valérie Sonnier a également fréquenté assidument le fantôme à Hauteville House, Gustave Courbet, son épouse, ses amis, ainsi que  Constance Quéniaux, oui, celle de l’Origine. Deux fantômes plus intimes de l’artiste se mêlent à la compagnie. Voici les lieux habités.

Valérie Sonnier dessine dès lors le manoir qui l’accueille et prend enfin de la distance, peignant les belvédères au loin, quatre fragments de paysages karstiques et panoramiques posés sur petits bois cirés. Plein jour, pleine lune, temps d’orage et songe d’une aurore boréale, Valérie Sonnier décline les atmosphères. Au passage, elle dessine sur papier comptable, un petit âne en bois sur roulettes portant sur son dos un célèbre camion rouge, celui-là même qui l’embarqua aux débuts de sa carrière d’artiste et même bien avant. Pour l’heure, l’âne s’appelle Gérôme, clin d’œil à Gustave. Quel âne ce Gérôme, n’est-ce-pas ? On connaît l’anecdote : Courbet appelait son âne Gérôme, pour le plaisir de dire : Gérôme est un âne., faisant ainsi allusion à Jean-Léon Gérôme, son contemporain, champion de l’académisme.

Enfin, Valérie Sonnier remonte la vallée de la Loue. Elle en ramène un petit film de six minutes, des plans serrés où l’eau, la roche, la végétation se mordorent rapidement. L’eau devient lave, la roche tellurique. Elle en ramène également un grand dessin de la source de la Loue que Courbet représenta maintes fois, la peignant sous tous ses angles, n’en retenant souvent que des éléments particuliers, comme un territoire initiatique qui ne manqua pas de provoquer bien des interprétations psychanalytiques.

Valérie Sonnier, Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, Mouthier-Haute-Pierre

Valérie Sonnier, photogramme

Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue : Valérie Sonnier expose en compagnie de Jérémy Liron et Raphaël Renaud au Manoir, centre d’art et de villégiature à Mouthier-Haute-Pierre. Nous ne sommes pas loin d’Ornans, terre natale de Gustave Courbet. Tout naturellement, les trois artistes sont parti sur ses traces au fil de la vallée de la Loue. Courbet s’est échappé des normes traditionnelles de la peinture en subordonnant la description de la nature à une expérience éminemment personnelle. Ses motifs furent principalement ceux de sa région natale, la Franche-Comté. La vallée de la Loue, ses grottes et ses sous-bois, furent ainsi inlassablement visités comme autant de repères nécessaires à l’équilibre de sa peinture.

Exposition du 19 octobre au 14 décembre 2024

Art on paper Brussels, les images

Art on Paper preview, Valérie Sonnier

La série de dessins que Valérie Sonnier a choisi d’intituler Faire le photographe est au cœur de cet indémêlable entrelacs qui unit le burlesque à l’inquiétante étrangeté : ils mettent en scène Skeleton, une marionnette à fils fabriquée au début des années cinquante en Angleterre par la firme Pelham — un squelette en effet, articulé, mais dont le faciès effrayant se tempère bel et bien d’un sourire — et une poupée de carton bouilli défraîchie (elle est sans doute plus ancienne), au regard doux, un peu absent. Ils sont dessinés dans à peu près toutes les positions décrites par le Kama Sutra. Le titre Faire le photographe renvoie directement à l’une d’entre elles, qu’on identifiera sans trop de peine : autrefois, les artisans qui utilisaient des chambres noires et devaient faire leur mise au point directement sur la plaque, s’abritaient de la lumière, pendant la prise de vue, sous un vaste jupon noir fixé à l’arrière de l’appareil ; on imagine le parti que le langage populaire pouvait tirer de la situation, et on trouve encore l’expression humoristique « faire le photographe », avec le sens tout particulier retenu par Valérie Sonnier, dans les notes de Marcel Duchamp ( Elle a de l’haleine en dessous – on dit aussi : faire le photographe). Il y a celui qui fait le photographe et celle qui a de l’haleine en dessous). Skeleton fait le photographe avec la poupée, qui jouerait, de son côté, en retour plutôt les soldats du feu, et pire encore dans la liste des outrages aux bonnes mœurs… On ne saurait imaginer situation plus étrangement inquiétante. (…)

Paréidolie Marseille, les images (2)

Jean Auguste Dominique Ingres, Jacques-Louis David, Charles Garnier, Géricault, Jean-Baptiste Carpeaux, André Dunoyer de Segonzac, Brancusi, César, Delacroix, Henri Matisse, André Masson, Gustave Moreau se sont certainement promené par ici. François Mansart, Charles Lebrun ou André Le Nôtre aussi. Tous trois ont participé à l’embellissement des lieux. Nous sommes dans le jardin de l’Hôtel de Chimay, propriété de l’École des Beaux-Arts de Paris, là même où Valérie Sonnier enseigne le dessin morphologique depuis 2003. Il était logique, voire attendu, qu’elle se mette un jour en quête de l’esprit des lieux.

Un ixième recyclage, un épuisement – sans garantie de fin – d’une affolante banque d’images conservée tant au creux d’un imaginaire compulsif qu’en liasses d’images reproduites. L’opus se nomme Miniatures. Ceci nous renvoie à l’art de l’extrêmement petit, aux petits sujets destinés aux missels, aux scènes gracieuses traitées en médaillon pour tabatières, à l’enluminure des manuscrits médiévaux, au minium, ce pigment rougeâtre utilisé par les anciens, à la lettre ornementée, à un genre pictural – celui de la miniature – et à celui qui le pratique : le miniateur. Portrait de l’artiste, dès lors en miniateur.

Comme souvent dans la pratique de l’artiste, l’opus procède aussi de son support. Benjamin Monti collecte tant les images que les papiers, des cahiers et carnets vierges ou usagés, des blocs et rames de toutes sortes, tous et toutes potentielles opportunités de développer un travail singulier et particulier, de se mesurer à l’objet suivant les règles d’une contrainte bien évidemment désirée. Ici, un bloc publicitaire d’une société liégeoise, les Entreprises Philippe SA, active dans le domaine de l’isolation et du sanitaire de 1991 à 2015, un bloc de mille feuillets, du neuf par neuf, pardon soyons précis, un bloc de 9,2 cm sur 9,2 cm. Le bloc était là ; l’artiste l’a ressorti de ses réserves un jour d’isolement et de confinement sanitaire. L’aventure, la colle et les ciseaux (bien que l’artiste opte bien souvent pour la déchirure) l’attendaient sur un coin de table. La pérégrination durera plus de deux ans et le bloc est loin d’être épuisé.

Dès lors, Monti s’est replongé dans ses liasses d’images reproduites, copiées, photocopiées, multipliées, agrandies, diminuées, celles-ci même qui alimentent ses dessins à la plume qui, eux aussi, sont des collages, celles-là qu’il épuise dans ses collages de toutes dimensions, y compris les muraux qu’il conçoit depuis une bien nommée Restructuration du Travail, titre d’une exposition menée en 2019, des collages muraux aux antipodes donc de l’opus qui nous occupe, si lointains et portant si proches, tant il s’agira de rejouer la donne : l’échelle, le cadre, la strate, les strates plutôt (j’ai eu la chance de les manipuler ; au plaisir visuel s’est ajouté celui du toucher), le sujet… celui qui en déroutera plus d’un. Car, là sans doute réside l’essentiel, ce qui vous pend au nez, ce qui sera l’objet de toutes les attentions, ce que l’on aura de cesse de scruter. Analyser, examiner ou plutôt, entre fragments d’images, trames et déchirures, disséquer, décortiquer, voire même éplucher jusqu’à la pluche de papier. L’exposition qui révéla la série avait pour titre Études et Miniatures : étudier résumera la chose. Ce fut un cas d’étude pour l’artiste, ce le sera pour le regardeur qui, c’est bien connu, fera le collage.

Les sujets abondent dans l’œuvre de Monti. Certes, il collecte essentiellement des sources imprimées familières, encyclopédies et livres illustrés où se croisent illustrateurs de renom et anonymes de l’image imprimée. Certes, Monti, en collectionneur averti, vous parlera d’Horace Castelli, de Grandville ou des gravures de Louis Poyet que – je ne le savais pas – Max Ernst ou Joseph Cornell ont utilisé pour leurs propres collages. Poyet, avertit Monti, est fort présent dans la série des Miniatures. Présent sans doute mais indiscernable, tant la densité est profonde, tant la condensation est forte. Car bien sûr il n’est pas question de miniaturiser des collages qui auraient pu exister plus grands, la question ne se pose même pas. Ces copies qu’il étudie, dont lui-même scrute chaque trait, entrent ici dans une nouvelle dimension, participant d’une fascinante fragmentation où chaque motif, chaque trame trouvera une nouvelle assignation, participant d’un nouvel imaginaire. Sans doute n’était-ce pas concerté dès le départ, – Monti est plutôt intuitif – mais la série procède d’une sorte de rebond du motif, l’évolution d’un collage à l’autre, par exemple, d’un fronton d’opéra, un fronton portant les lettres OPERA, que le miniateur triturera en tous sens. J’aime à y voir tant l’évocation d’une comédie humaine qui sied à toute l’œuvre de Monti que la notion d’opérer : mettre en œuvre, d’une part, trancher dans le vif (du sujet) de l’autre. Ainsi en va-il pour bien des motifs qui jalonnent la série, un cercle, un rond, une roue, une roue de bicyclette, une cible, tous participants d’un monde où s’associent les masques, les visages, les silhouettes, les objets, les machines – oui, il y a esprit Steam punk dans certains collages – les trames, les points et les hachures de toutes espèces qui parfois, souvent même, envahissent l’espace et le recouvre, le noir, le blanc, les lisières, les coupes, les juxtapositions et les superpositions, les situations cocasses, étranges ou inquiétantes, un monde que le regardeur ne pourra épuiser, pas plus que l’artiste n’épuisera la folle dimension de son corpus de sources d’inspiration.

Paréidolie 2024, preview, Valérie Sonnier

Jean Auguste Dominique Ingres, Jacques-Louis David, Charles Garnier, Géricault, Jean-Baptiste Carpeaux, André Dunoyer de Segonzac, Brancusi, César, Delacroix, Henri Matisse, André Masson, Gustave Moreau se sont certainement promené par ici. François Mansart, Charles Lebrun ou André Le Nôtre aussi. Tous trois ont participé à l’embellissement des lieux. Nous sommes dans le jardin de l’Hôtel de Chimay, propriété de l’École des Beaux-Arts de Paris, là même où Valérie Sonnier enseigne le dessin morphologique depuis 2003. Il était logique, voire attendu, qu’elle se mette un jour en quête de l’esprit des lieux.

BAD + Bordeaux, les images (2)

Jacques Lizène
Art syncrétique [1964], sculpture génétique [1971] en remake 2011. Statue fétiche africaine croisée copie inspirée d’antique.
Valérie Sonnier
Le bassin des Beaux-Arts, 2024
Fusain et acrylique sur papier coréen, 150 x 210 cm
Michiel Ceulers
Je peux vous tutoyer (Man Man), 2018
Caulk and gloss paint on cardboard shoebox lids / artist frame; duck tape, 65,5 x 58 cm

Michel Assenmaker Firenze, 2023
Collage, 17,5 x 23,5 cm
Jacqueline Mesmaeker
Séquence II, 2020
Photographies couleurs, impression pigmentaire sur papier archivable, 42 x 29,7 cm.