Archives de catégorie : Des expositions d’ailleurs / exhibitions artists

Aglaia Konrad, The Unruly Apparatus, Koninklijke Academie voor Schone Kunsten Antwerpen

Aglaia Konrad participe à l’exposition The Unruly Apparatus à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers. Exposition du 16 au 31 octobre.

Aglaia Konrad Projekt: Skulptur, 2017
BW prints on ecoboard, stones, 178 x 120 cm

The exhibition The Unruly Apparatus presents the outcome of a six months long research project organized at the Royal Academy of Arts Antwerp. The aim of the research project is to bring a group of sculptors and photographers together to explore the possible meeting points between the two art practices. Starting from a survey of historical and contemporary artistic practices where sculpture and photography meet, the researchers were asked to respond in kind to these collected examples. After a careful study of the key concepts at work in the artistic practices of renowned artists like Walead Beshty, Noémie Goudal, Liz Deschenes, Bernard Voïta, Thomas Ruff, Asta Gröting and several others, the group of 11 researchers jointly developed a conceptual framework for their own exhibition. The works of the participating researchers will be shown next to some reference works of artists that inspired the project.

The exhibition will feature work by Thomas Ruff, Sine Van Menxel, Ine Kools, Filip Vervaet, Bram Rinkel, Spiros Hadjadjanos, Anton Cotteleer, Elias Asselbergh, Walead Beshty, Fabien Silvestre Suzor, Athar Jaber, Liesbet Grupping, Bernard Voïta, Aglaia Konrad, Kaat Somers, Azuli Peeters, Geert Goiris, Alix Manon, Seth Price, Bernadette Zdrazil, Miguel Cipriano and Wade Guyton, e.

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Messieurs Delmotte, The Spirit of The Clown, De Rossaert, Antwerpen

Messieurs Delmotte participe à l’exposition The Spirit of The Clown à De Rossaert (galerie Ronny Van de Velde). Commissaires : Joanna De Vos.  Du 16 octobre au 20 décembre 

Messieurs Delmotte,
Ugly Sesame Street Man, 2017,
photo on pearl paper, dibond, ed. 1/5, 42 x 29,7 cm
Messieurs Delmotte,
I Represent My Own Ego, Nobody Is Perfect (In Reverse), 2011.
photo on pearl paper, dibond, ed. 1/5. 42 x 29,7 cm

From a playful imagination, a family history related to the circus, and close connections with contemporary artists, the desire erupted to bring the clown and the artist together in ‘The Clown Spirit’.

Many artists have at least some affinity with the existence of the clown. The melancholic artist, the serious clown, the comical artist, the tragic clown, the idiotic artist, the subversive clown, the comforting artist, … They all have the gift to transcend life. To make their fellow humans see, feel, or think differently. The clown/artist gives tragic life a comical face, and vice versa.

The artist/clown is a clone and a canvas of various symbols. In their own extremes, the artist/clown is both modest and elated. That contradiction forms the energy flowing through ‘The Clown Spirit’.

‘The Clown Spirit’ shows contemporary artworks at De Rossaert in Antwerp, a space owned by Ronny Van de Velde Gallery, between 16 October and 27 December 2020. The heartbeat of the exhibition is due to the especially created self-portraits of many artists: Marina Abramović, Hugo Alonso, Homa Arkani, Uldus Bakhtiozina, Fred Bervoets, Guillaume Bijl, Christian Boltanski, Elke Andreas Boon, Muhiba Botan, Oona Bovri, Carlos Caballero, Paolo Canevari, Jacques Charlier, Samuel De Maré, Wim Delvoye, Peter Depelchin, Robert Devriendt, Jorik Dzobava, Sidi El Karchi, Manfred Erjautz, Dodi Espinosa, Che Go Eun, Jan Fabre, Mike Figgis, Flexboj & L.A., Michael Fliri, Sasha Frolova, Kendell Geers, Oda Jaune, Pieter Jennes, Fermín Jiménez Landa, Marie-Jo Lafontaine, Mous Lamrabat, Sigalit Landau, William Ludwig Lutgens, Fernando Marques Penteado, Kris Martin, Enrique Marty, Fabien Mérelle, Messieurs Delmotte, Elena Minyeyevtseva, Pieter Laurens Mol, Jorge Molder, Mothmeister, Sofie Muller, Johan Muyle, Maryam Najd, Nadia Naveau, Katie O’Hagan, Hans Op de Beeck, ORLAN, Ria Pacquée, Javier Pérez, Petrovksy & Ramone, Antonis Pittas, Viktor Popov, Daniele Puppi, Antoine Roegiers, Julião Sarmento, Rob Scholte, Raoul Servais, Nedko Solakov, Berend Strik, Elly Strik, Koen Theys, Rosemarie Trockel, Jan Van Imschoot, Yves Velter, Nils Verkaeren, Fabien Verschaere, Henk Visch, Vadim Vosters, Andy Wauman, Santiago Ydañez.

A classical and modern take on the theme will be on view simultaneously at Ronny Van de Velde Gallery in Knokke. The two parts of the exhibition can be experienced separate from one another, but are also a perfect addition and contextualization of each other.

‘The Clown Spirit’ is a prelude to a large-scale exhibition for the city of Namur where the theme of the circus will be celebrated on several locations (such as Musée Félicien Rops, The Delta, and others – opening May 2021). This exhibition will be an instantaneous, spontaneous activation of the acrobatics of the spirit and the body. The concept will be created by Ronny and Jessy Van de Velde, and myself. (Joanna De Vos, spring 2020).

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Sophie Langohr, Inside – Out, art cares covid, musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles

Sophie Langohr, Sans titre ( d’après Marie-­Madeleine, Anonyme, 17ème, Collection de l’Hôpital Notre-­Dame à Lessines), 2019, photographie couleur marrouflée sur MDF, 79 x 95 cm

Le secteur des arts plastiques a été durement touché par la crise générée par la COVID-19. Fermeture des galeries, absence d’expositions : un groupe d’artistes de différentes générations, toutes et tous basé.es en Belgique, s’est constitué à travers une plateforme virtuelle, à l’initiative d’une artiste et d’une commissaire indépendante.

Art Cares Covid permet de présenter leurs travaux, de les mettre en vente, mais également de collecter des dons pour l’ a.s.b.l. À Travers les Arts! soutenant des projets culturels pour les personnes âgées. Les Musées royaux des Beaux-Arts ont décidé d’offrir une vitrine à cette initiative qui crée un pont entre la création contemporaine et les aînés, en invitant via une carte blanche la commissaire d’exposition à réaliser une exposition avec ces différent.es artistes.

Artistes participant à l’exposition :

Younes Baba-Ali, Léa Belooussovitch, Nicolas Bourthoumieux, Antoine Carbonne, Caspar, Nelleke Cloosterman, Samuel Coisne, Hannah De Corte, Laure Cottin Stefanelli, Céline Cuvelier, Julien Daffe, Delphine Deguislage, Sébastien Delvaux, Julia Eva Perez, Laure Forêt, João Freitas, Olivia Hernaïz, Hervé Ic, Antone Israël, Céleste Joly, Florian Kiniques, Diego Lama, Sophie Langohr, Julie Larrouy , Gaëlle Leenhardt, William Ludwig Lutgens, Maëlle Maisonneuve, Léa Mayer, Michel Mazzoni, Sabrina Montiel-Soto, Sandrine Morgante, Selçuk Mutlu, Elisa Pinto, Arnaud Rochard, Stéphanie Roland,  Lucien Roux, Pedro Ruxa, Elina Salminen, Amélie Scotta, Cléo Totti, Catherine Warmoes.

Exposition Focus –  >

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Maen Florin, Playing at being human, Sint-Janskerk, Malines – Mechelen (5)

Maen Florin, Black Beard 2018, h.108 cm, céramique. Photo : Steven Decroos

Maen Florin expose trois de ses Big Heads, en l’église Saint – Jean, Sint Janskerk, à la fois dédicacée au Baptiste et à l’Evangéliste, ces deux figures qui entoure l’avant – j’allais écrire l’Avent – et l’après christique. On se souviendra bien sûr du martyre de Jean le Baptiste, de sa tête réclamée par Hériodade et de la danse lascive de sa fille Salomé devant le roi Hérode. «Demande moi ce que tu veux, je te le donnerai » déclara Hérode, subjugué, à Salomé. Celle-ci demanda la tête du Baptiste afin de l’offrir, sur un plateau, à sa mère. Sur un plateau, Maen Florin, nous offrit également ses Big Heads, durant l’été 2018, dans l’écrin du parc Ter Beuken à Lokeren, de grands disques de béton qui ne pouvaient qu’évoquer cette thématique récurrente dans l’histoire de l’art, celle de la décollation. Décollées, les sculptures de Maen Florin le sont pour la plupart. A Malines, aux trois grandes têtes posées à même le sol de l’église, elle en ajoute une autre plus petite, couchée, et qui semble profiter d’un sommeil, peut-être éternel, délicatement déposée sur les bancs des marguilliers en bois sculpté, où prenaient place les riches bienfaiteurs de la paroisse. Je repense à cette autre tête couchée, déposée au musée. Pas de sang, pas de violence, son cou est orné d’une couronne de fleurs.

« La mort de Jean-Baptiste, écrit Julia Kristeva, est le thème par excellence sur lequel devait se bâtir cette figurabilité qui spécifie le destin de l’Occident, parce qu’elle concilie l’incision et la perspective, le sacrifice et la résurrection : sa figure nous apparaît désormais comme la figure de la Figure ». Dans « Visions Capitales » Kristeva évoque un splendide dessin d’Andrea Solario, « amoureux d’un saint plus endormi que torturé, savourant déjà le paradis, à moins que ce ne soit la danse que lui prépare Salomé ». L’autrice voit en cette œuvre du maître italien comme le nœud inaugural de la figuration moderne : « Il condense la logique de la Figure en tant que manière de voir, attitude de représentation. (…) A partir de là, nous devons nous préparer à vivre la figure dans sa coupe et dans son volume, dans son tranchant et dans sa danse ». Les termes utilisés sont là sans ambiguïté.

Figure. A propos de Maen Florin, le terme me semble capital. Le sens courant de figura, « forme plastique », provient de la racine fingere (modeler), fingulus (le potier), fictor (modeleur), effigies (portrait). La littérature latine amplifiera le terme : figura pour apparence extérieure, contour, plus abstraitement, forme grammaticale, forme plastique, forme géométrique, figure rhétorique. Les Pères de l’Eglise, Saint Augustin en tête, donneront à la figure le sens de « prophétie en acte », en fait ce qui pré – figure…, accentuant l’importance de l’action corporelle de l’être réel, abordant non seulement la forme mais aussi et surtout la substance. « Nous sommes loin de l’icône et de son économie d’incision, d’inscription du vide dans une image à ressemblance relative. La Figure, écrit encore Kristeva, cherche des ressemblances dans la durée de l’histoire humaine, elle les force même, pour en laisser ouverte la promesse, la prophétie, l’action toujours à venir ».

Assurément, Maen Florin sculpte des Têtes, celles que l’on peut perdre, elle les modèle, au plein sens du terme. Mais surtout elle sculpte des figures, pas uniquement des caractères, mais ce qui fondamentalement, substantiellement, incarne l’humanité, capable – même – de toute inhumanité.

Maen Florin, Whitewashed 2018, h.85 cm, céramique. Photo : Steven Decroos
Maen Florin, Lying head I 2020, h.35 cm x l.45 cm, céramique. Photo : Steven Decroos
Main Florin, Soutine 2018, h.104 cm, céramique. Photo : Steven Decroos
Maen Florin, Red Hair, 2018, h.109 cm, céramique. Photo : Steven Decroos

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Benjamin Monti invité au Paradis perdu, musée des Beaux-Arts de Tournai

« PARADI PERDU »
Autour de l’œuvre « Arbres à Montmajour » de Vincent Van Gogh
Artiste invité : Benjamin Monti

« Van Gogh n’embellit pas la vie, il en fait une autre, purement et simplement une autre. »
(Antonin Artaud)

« (…) je rentre d’une journée à Montmajour (…) Si c’eût été plus grand cela eut fait penser au Paradou de Zola, de grands roseaux, de la vigne, du lierre, des figuiers, des oliviers, des grenadiers aux fleurs grasses du plus vif orangé, des cyprès centenaires, des frênes et des saules, des chênes de roche (…) j’en ai encore rapporté un grand dessin. » (Vincent Van Gogh, lettre à son frère Théo, juillet 1888)

Cette exposition est conçue autour de l’œuvre « Arbres à Montmajour  » de Vincent Van Gogh. L’une des œuvres phares de la riche collection du musée des beaux-Arts de Tournai et l’un des rares dessins grand format de Vincent Van Gogh conservés en Belgique. Du Paradou d’Emile Zola à l’atmosphère exotique et joyeuse des estampes japonaises, elle développe les influences par lesquelles le grand artiste hollandais parvient, dans une continuité entre l’homme et son environnement, à donner une « idée vraie de la simplicité de la nature ».

Juillet 1888, il faut imaginer Van Gogh, homme du Nord, découvrant dans le Midi ce paradis de lumière qu’il a tant fantasmé. C’est dans la campagne de la ville provençale d’Arles, parmi les arbres eux-mêmes, que l’artiste, alors en pleine maîtrise de son art, déploie sur la surface du papier un réseau infini de petites hachures rythmant la composition et restituant sa vision personnelle d’une nature sauvage et inviolée. Saisi par les effluves des éléments naturels qui l’entourent, Van Gogh figure le déchaînement du mistral qui fait trembler les pins, les terrains qui ondulent comme des vagues, les perspectives qui s’enfuient vers l’horizon. Cette nature emportée dans un tourbillonnement général, sorte de préfiguration aux vastes spirales de ses célèbres Nuit étoilée, est aussi l’expression des tourments et du drame intérieur du peintre qui ne cessera à travers son art de rechercher un équilibre fondamental et originel : ce paradis perdu.

A partir de cette œuvre d’une exceptionnelle spontanéité, considérée par les spécialistes comme l’un des sommets de l’œuvre dessinée de Van Gogh, l’exposition aborde l’expérience sensitive et sensuelle du monde que les artistes, à travers leurs œuvres, partagent avec le regarder. Paradis, cabinet des merveilles, jardin d’Eden ou des délices, … Des paysages furtifs ou impressionnistes à la vision sociale du monde agricole en passant par la botanique, l’exposition propose un aperçu original de la nature comme espace vital de l’être humain. Mêlant les genres et les époques, elle est une occasion nouvelle de redécouvrir des aspects méconnus de la collection du musée de Tournai.

  • Exposition du 03/10/2020 au 17/01/2021. Réservation obligatoire.
  • Musée des Beaux-Arts (rue de l’Enclos Saint-Martin 3 – 7500 Tournai)
  • Entrée gratuite au musée à l’occasion de l’Art dans la Ville (du 03/10 au 25/10/2020)

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Maen Florin, Playing at being human, Hof Van Busleyden, Mechelen (4)

Maen Florin, Dreaded, 2008, h.90 cm, Caoutchouc, époxy, polyester, textile. Photo : Steven Decroos

Au Musée Hof van Busleyden, Maen Florin répond à la singularité des collections permanentes en exhumant de leurs boîtes à malice quelques sculptures plus anciennes.

Le musée est réputé pour ses Poupées de Malines bien sûr, produites à partir du milieu du 15e siècle jusqu’au milieu du 16e siècle. Leurs traits de visages sont aisément reconnaissables : un visage rond, un front élevé, de fines lèvres pincées et de grands yeux. Destinées à la dévotion privée, leur succès fut considérable. Magellan, dit-on, en emporta l’une d’elle dans son périple autour du monde. Tout aussi caractéristiques sont ces petits autels domestiques en albâtre, extrêmement populaires entre 1550 et 1560. C’est une autre marque de fabrique du patrimoine malinois. Tout, ici est empreint de spiritualité, candide et domestique dans le cas des Poupées, plus dramatique dans le cas des albâtres. Oui, mais voilà, c’était sans compter sur l’intervention de Maen Florin qui amène dans ses cartons une petite classe quelques peu dissipée, indisciplinée même, bousculant l’ordre établi. L’un d’eux, plus potache que les autres, se permet même de s’asseoir parmi les calvaires et autels sacrés, déclarant que, lui, il revient d’Hollywood. A première vue, tous et toutes semblent innocents, enfantins ; à bien les considérer ils sont habités d’étrangeté, de celle qui suscite peurs et frayeurs dans les contes de l’enfance. « Ce sont les icônes de nos obsessions philosophiques et psychologiques, écrit Stefan Hertmans, et c’est précisément pour cette raison qu’ils continuent de nous fasciner et de nous attirer. Cette rencontre entre attirance et répulsion est typique de tout ce qui nous frappe comme extérieur – comme figurant l’Altérité, l’inconnu. Ce qui nous est étranger dans le conte d’épouvante, et qui précisément pour cela nous attire, présente une certaine parenté avec l’ambiguïté du sublime kantien : peur et sublime s’entrelacent de manière étrange ».

Maen Florin, I have been in Hollywood, 2014. époxy, polyester, textile, bois, cheveux artificiels. Photo : Steven Decroos
Maen Florin, Fool with bird 2012, h.102 cm, Polyester, textile, oiseau de paradis, peinture – Armed 2007, h.100 cm, caoutchouc, polyester, textile, chaussures, bouchon en plastique- Tied up, 2012-2013, h.81 cm, caoutchouc, polyester, textile, fil de fer.Photo : Steven Decroos
Maen Florin, Memento, 2014, l.67 cm, Poleyster, mousse, textile. Photo : Steven Decroos

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Maen Florin, Playing at being human, Hof Van Busleyden, Mechelen (3)

Maen Florin, . On the Wall  2019-2020, h.100 cm, Céramique, polyester, textiles, bois, polyuréthane. Photo : Steven Decroos
Maen Florin, . On the Wall  2019-2020, h.100 cm, Céramique, polyester, textiles, bois, polyuréthane. Photo : Steven Decroos
Maen Florin, Remade II, 2015, h.108 cm céramique, polyester, polyuréthane, caoutchouc, métal. Photo : Steven Decroos

Ces deux-là se sont approché des Besloten Hofjes du musée, l’un semble pénitent, l’autre puni ou repentant. Les Jardins clos sont des assemblages en trois dimensions, petits retables sculptés et protégés par des panneaux peints. Fabriqués dans les années 1500 – 1550, ils représentent généralement un jardin paradisiaque. L’Hortus Conclusus est un thème iconographique et littéraire de l’art religieux européen, principalement dans les domaines de la poésie mystique et de la représentation mariale. « Ma sœur et fiancée est un jardin enclos ; le jardin enclos est une source fermée », lit-on dans le Cantique des Cantiques. A Malines, ces Jardins Clos sont assemblés par et pour les sœurs hospitalières qui s’en servent comme objet de méditation. Une source fermée, un jardin clos, un jardin secret : cela sied aux sculptures de Maen Florin plongées dans leur for intérieur idiosyncratique.

Maen Florin, Wrongface, 2013, h.96 cm, Polyester, textile, broderie, cheveux. Photo : Steven Decroos

Polyphonie. Wrongface côtoie Le Livre de Chœur malinois, un des manuscrits de musique du seizième siècle les plus beaux et les mieux conservés. Il a vraisemblablement été réalisé entre 1508 et 1519 dans l’atelier malinois de Pierre Alamire (vers 1470-1536), un copiste, chanteur, musicien, compositeur et marchand qui œuvra pour la Cour burgundo-habsbourgeois, comme l’atteste la miniature d’ouverture.

Maen Florin, Head with pink flowers of Flowered, 2017, h.26,5 x l 39 cm, céramique, textile, fleurs artificielles. Photo : Steven Decroos

De l’Humanisme. Maen Florin a déposé Head with pink flowers dans la salle du musée réservée à la Découverte et la Connaissance. Couché sur une vitrine, se confondant avec les couleurs d’une tapisserie ancienne, il semble s’élever, fleuri et le regard perdu ou éperdu, au dessus de ces anciens et premiers livres imprimés.

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Maen Florin, Playing at being human, Hof Van Busleyden, Mechelen (2)

Maen Florin, Blue and blind, céramique, 2020. Photo Steven Decroos

Histrion. Nom masculin, substantif masculin. Acteur antique qui jouait des farces grossières, avec accompagnement de flûte. Littéraire, charlatan ridicule : Un histrion politique. Histrion désigne, dans le domaine du théâtre de l’Antiquité romaine, un acteur comique, un comédien qui jouait des farces. Synonymes : acteur, comédien, bouffon. Histrion désigne, par extension, un mauvais comédien, un cabotin. Du latin histrio («acteur »). (Par extension) Personnage qui se donne en spectacle en usant d’effets outranciers. Synonyme : Pitre. Dérivés : Histrionage, histrionique, histrionisme, histrionner. Bâteleur, baladin, joueur de farces. Comédien et en particulier pantomime. XVIe siècle. Emprunté au latin, mime, comédien, fanfaron, faiseur d’embarras. On rencontre parfois le féminin Histrionne. Autres synonymes : turlupin, plaisantin, pantin, polichinelle. Un bouffon grotesque dont les saltations, les pantomimes lascives et les spectacles licencieux dérèglent les sens des spectateurs. Trouble de la personnalité histrionique caractérisé par un motif omniprésent d’émotivité excessive et de recherche d’attention. Trouble somatoforme qui affecte la pensée, la perception et le rapport aux autres d’une personne.

Maen Florin, Histrionis, 2020 Photo Steven Decroos

En regardant un portrait de Rembrandt ou une sculpture de Rodin, nous avons l’impression que les figures que nous voyons sont réellement face à nous. Les têtes sculptées par Maen Florin provoquent un même ressenti de présence intense. Bien qu’elles soient généralement réalisées à partir d’images de personnes connues ou inconnues, il ne s’agit jamais vraiment de portraits. Pourtant ces têtes ne tardent pas à être animées d’une vie propre. Maen Florin cherche à aller bien plus loin que la simple représentation d’un personnage. Elle part en quête de sa psyché intérieure, elle s’identifie à ses sentiments et ses pensées, elle veut dévoiler les mouvements de son âme et mettre à nu ses ressorts les plus profonds. La façon dont elle rehausse les têtes de glaçure rend leur physionomie plus expressive. Les torses maigres et nus des bustes accentuent encore cette expressivité. (…)

En circulant parmi ces têtes, nous nous mouvons entre des sensations de peur, de jouissance, de détermination, de tristesse, de compassion, de béatitude, de désarroi, de fierté, d’oppression, de désespoir, de résignation, de désillusion, de douleur, de doute, de désir impatient. Nous circulons aussi entre les différentes races et typologies humaines, chacune avec ses particularités physiques. Il est fascinant de constater comment Maen Florin parvient à exprimer, à la fois avec subtilité et avec prégnance, les émotions et le caractère de chaque tête. Elle nous donne à lire l’histoire qu’elle a inventée pour chacune d’entre elles. Elle paraît vouloir comprendre et embrasser le monde entier. (Veerle Van Durme)

Maen Florin, Commedia 2017-2019, céramique
Maen Florin, Histrions 2020, céramique
Maen Florin, Histrions 2020, céramique
Maen Florin, Histrions 2020, céramique
Maen Florin, Histrions 2020, céramique
Maen Florin, Histrions 2020, céramique
Maen Florin, Histrions 2020, céramique
Maen Florin, Histrions 2020, céramique
Maen Florin, Commedia 2017-2019, céramique
Maen Florin, Commedia 2017-2019, céramique

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Maen Florin, Playing at being human, Hof Van Busleyden, Mechelen (1)

Playing at being human, exposition monographique de Maen Florin à Malines – Mechelen se décline en trois lieux distincts. Au Garage, centre d’art contemporain, en l’église Saint Jean et à la Cour de Busleyden, ce magnifique  palais renaissant. Jérôme van Busleyden (vers 1470-1517) appartient à une riche et ancienne famille de Bauschleiden au Luxembourg. Il s’installe dans la capitale bourguignonne de Malines, où il devient membre du Grand Conseil en 1504. Il revêt aussi de hautes fonctions au sein de l’Eglise en divers endroits des Pays-Bas et de France. Emissaire de Charles Quint, il voyage en 1517 pour préparer l’ascension au trône du jeune souverain en Espagne, mais meurt d’une infection pulmonaire à Bordeaux. L’humaniste Erasme fonde avec l’argent que lui a légué Jérôme de Busleyden le Collège-des-Trois-Langues de Louvain, où même les moins fortunés peuvent apprendre le latin, le grec et l’hébreu, les trois langues dans laquelle est écrite et traduite la Bible.

Au Musée Hof Van Busleyden, les oeuvres de Maen Florin, intégrées dans les collections permanentes, entrent en dialogue avec le passé, et ne font plus qu’un avec l’environnement dans lequel elles sont exposées. En pleine résonance, multipliant les rapprochements formels, déclinant dès lors le langage plastique et visuel, thématiques, ou nous permettant de tisser des liens, d’enrichir le sens des unes et des autres.

Maen Florin On the Wall XIV,  2017, h.86 cm, céramique, polystyrène, métal, bois. Photo : Steven Decroos

Tel un quarante sixième édile, ce buste chevillé au mur, portant haute fraise piquée de grandes épingles dialogue silencieusement avec les quarante-cinq hommes du tableau voisin, tous vêtus de rouge écarlate. Ils constituent le Parlement de Malines, la plus haute autorité juridique des Pays-Bas. Cette Cérémonie d’ouverture, présidée par le duc de Bourgogne Charles le Téméraire qui créa ce Parlement, est attribuée à Jan Cossaert, artiste malinois qui la peignit, pense-t-on, en 1587

Maen Florin On the Wall XIV,  2017, h.86 cm, céramique, polystyrène, métal, bois. Photo : Steven Decroos

Les yeux clos, l’oreille attentive, peut-être est-il également et très secrètement à l’écoute du Jugement de Salomon, rapporté dans le Livre des Rois, et rendu, là, tout près de lui, au détour d’une cimaise. Le tableau est l’œuvre de Michel Coxcie, répondant à la commande des magistrats de Bruxelles.  Il était de coutume au seizième siècle d’accrocher des représentations du fameux jugement de Salomon dans les salles des tribunaux. Elles servaient aux juges d’exemple d’une sentence sage et ingénieuse qui débouche sur la vérité et la justice.

Maen Florin, Albino 2017 h.45,5 cm, céramique. Photo : Steven Decroos

Albino. Maen Florin pose son Albino non loin de cette tapisserie représentant un épisode de la Conquête de Tunis, menée par Charles Quint en 1535. Cette tapisserie appartient  à une série de douze ; c’est la plus coûteuse commande artistique passée par Charles Quint, affirmant haut et fort sa stature de grand défenseur de la Chrétienté.  Les cartons ont été conçus par Jan Cornelisz, Vermeyen et Pieter Coecke van Aelst, et les tapisseries ont été tissées dans l’atelier bruxellois de Willem de Pannemaker. Oui, les céramiques de Maen Florin  sont de différentes races et typologies humaines, chacune avec ses particularités physiques. L’albinisme est une maladie rare, néanmoins plus fréquente en Afrique que dans d’autres parties du monde. Du fait de leur apparence physique et de superstitions locales, les Albinos sont encore aujourd’hui persécutés dans certains pays d’Afrique subsaharienne, victimes de croyances archaïques. Ce rapprochement entre la sculpture de Maen Florin et cette tapisserie m’évoque la puissance des uns, la fragilité des autres, l’obscurantisme, la violence, les exactions menées au nom des croyances et religions. Je repense du coup à cette réflexion de Stefan Hertmans à propos des céramiques de  Maen Florin, citation que l’artiste a mis en exergue dans l’une de ses récentes publications : « Maen Florin nous prend en otage au moyen d’un raffinement psychologique, d’une impression de lucidité coupable. Pourtant son travail n’est jamais moralisateur : la morale entraîne toujours une simplification de la psyché. Maen Florin, en revanche, nous montre la complexité poétique de l’imagination aussi bien que de l’apparition troublante ».

Maen Florin On the Wall VII, 2016-2017, h.90,5 cm, céramique, polistyrene, carton, sangles d’arrimage, bois. Photo : Steven Decroos

Hertmans poursuit « C’est ce qui rend ses œuvres vulnérables et toutes-puissantes ; elles attirent notre regard, l’esquivent, provoque une interaction déstabilisante entre notre attention et leur apparition inattendue ». Le grand buste d’homme noir semble pourtant trouver une place naturelle auprès de cette ancienne mappemonde, tout proche à traverser le miroir vers d’autres antipodes. Cuirasse sanglée de conquistador, mais fragile comme un nid d’abeille, fraise démesurée telle celles qui finiront par faire l’objet de moqueries populaires, caricature burlesque de la richesse des Grands d’Espagne ; il est le maître et l’esclave à la fois.  Puis ce visage empreint de tous les voyages intérieurs. Jamais nous ne percerons les secrets de toute son expressivité. « La honte est exposée sans fioritures, écrit Veerle Van Duurne. La souffrance devient reconnaissable. Même lorsqu’un buste est plus « habillé », la composition comme le matériau renforcent l’éloquence de la ta tête ». Oui, mais, relisant l’histoire l’occidentale, qui donc éprouve ou devrait éprouver, ici, ce sentiment de honte ?

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Jacqueline Mesmaeker, biennale d’Enghien, de Terre & de Ciel, dernier week-end

(…), il ne faut pas manquer la chapelle castrale, ni de monter au sommet de la tour où Jacqueline Mesmaeker, 91 ans, qui vient d’être fêtée à Bozar, a redéployé une installation de 1978, avec des longs tulles blancs dégringolant de la charpente et sur lesquels sont projetées des images de vols d’oiseaux qui passent d’un tulle à l’autre. Avec leurs cris, les brindilles tombées du toit qui s’accumulent sous les draps blancs et les figures énigmatiques de deux bustes en marbre, l’installation a une poésie particulière (…)  Guy Duplat dans La Libre. 

Dernier week-end pour la biennale d’Enghien. Samedi 19 – dimanche 20 septembre, 14-18h (pas de réservation). informations 

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