Dans le cadre de l’exposition pre-architectures, l’artiste autrichienne Aglaia Konrad, basée à Bruxelles, présente trois films de sa série Concrete & Samples. Dans Sculpture House (2007, 12 min), Konrad documente la Sculpture House (1967-1968) de l’architecte belge Jacques Gillet, une habitation privée qu’il a réalisée en collaboration avec le sculpteur Félix Roulin et l’ingénieur René Greisch dans la banlieue de Liège. Angertal (2011, 17 min), réalisé par Aglaia Konrad et l’artiste Willem Oorebeek, enregistre l’architecture des fourmis dans un biotope d’une vallée autrichienne et associe le travail assidu des insectes à des questions fondamentales sur les sens de la croyance, de la perspective et de l’orientation. Le film Carrara (2010, 19 min) montre la carrière de marbre dans son paysage « sculpté », son architecture temporaire et ses références à l’histoire de l’art.
La projection sera suivie d’une conversation entre Aglaia Konrad, Willem Oorebeek et l’historien de l’art et conservateur Stefaan Vervoort.
Ce 25 octobre, à 20h, le journaliste Frank Olbrechts (Apache) s’entretiendra avec l’artiste Sandrine Morgante et Herwig Lerouge, l’un des protagonistes du mouvement étudiant de gauche lors des manifestations de la fin des années 60 à Louvain.
L’exposition Walen bourgeois buiten de Sandrine Morgante met en lumière un aspect méconnu des manifestations étudiantes de mai 68 à Louvain : le rôle du mouvement étudiant activiste de gauche qui luttait pour l’égalité sociale et la lutte des classes. Ce thème reste pertinent aujourd’hui. Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils, comme à l’époque, les fers de lance du changement social ? Et quel rôle l’art joue-t-il dans cet activisme ? Comment les idéaux de mai 68 ont-ils été balayés par la nouvelle droite et les mouvements néolibéraux ? Que nous révèle cela sur les tensions entre l’art, la politique et les structures sociales ?
Jacqueline Mesmaeker Enkel zicht naar zee, 11 min, 1978.
Seanemaximiliaan
an initiative by Gawan Fagard & Gwendolyn Lootens,
Resilience in collaboration with Cinemaximiliaan, KAAP, Monokino, chef on the move, Stad Oostende
For the first time, Seanemaximiliaan will be organized by the founders of Cinemaximiliaan. Gawan Fagard and Gwendolyn Lootens swapped Brussels for Ostend a few years ago and decided to focus on their own artistic work. They invite the many friends they made over these years to a warm family day by the sea, a joint dinner and a carefully curated program of silent films and video works.
Everyone welcome from 12 noon to join at the beach for talks, open mic, interventions, drinks and for a shared dinner at KAAP prepared by Chef on the move. The film program starts at 8pm.
Film program curated byGawan Fagard & Monokinoin collaboration with Cinemaximiliaan & KAAP
o Agata Jastrzabek, Superbody 861, 12 min. Super8 & 16mm > HD, BE 2023
o Gwendolyn Lootens, moving moments, 3 min. HD, BE 2023
o Saodat Ismailova, Her right, 15 min. HD, UZB 2020
o Nicolas Kozakis & Raoul Vaneigem, A Declaration of the Right of Human Beings, 5 min. HD, BE 2020
o Angela Al Souliman, Ocean Tree, 11 min. HD, BE 2023
o Jacqueline Mesmaeker, Last shot, 3 min, 2006-2010; Until it fitted, 6 min, 2007; Enkel zicht naar zee, 11 min, 1978. Super8 & 16mm > HD, BE
o Med Hondo, Ballade aux sources, 25 min. 16mm, MAUR 1965
KAAP, Zeedijk, Koning Boudewijnpromenade 10, 8400 Oostende
Jacqueline Mesmaeker UNTIL IT FITTED 2007 Réalisation: Jacqueline Mesmaeker Prise de vue et montage: Jacqueline Mesmaeker, Philippe Van Cutsem 5’29’’, mini DV numérisé, couleur, sans sonJacqueline Mesmaeker LAST SHOT 2006-2010 Réalisation: Jacqueline Mesmaeker Prise de vue: Jacqueline Mesmaeker Montage: Jacqueline Mesmaeker, Gérald Fenerberg 2’53’’, super 8 et mini DV numérisés, couleur, sans son
Parallèlement à l’exposition consacrée à l’art vidéo en Belgique durant les années 70, Argos TV diffuse durant de mois de décembre à la fois dans sa vitrine, 62 rue des Commerçants à Bruxelles et sur son site internet, Argos TV, les séquences d’art sans talent de Jacques Lizène (1979).
Les Séquences d’art sans talent se composent d’une suite de clips et de pitreries parfaitement affligeantes. Jacques Lizène dans le rôle du Petit Maître liégeois, artiste de la médiocrité et de la sans importance, suit du doigt une tache sur l’écran, repousse la mire d’une pichenette, chante mais on ne l’entend pas, contraint son corps à rester dans le cadre de l’image, forme un étron en pressant un tube de couleur, se dandine et se désagrège entre deux petites femmes nues qui dansent en bord d’écran, une plume glissée entre les fesses, finit par brandir un drapeau blanc. Sur fond de projection d’une petite femme agitant ses seins nus, il prend ensuite la posture d’un minable cuisinier burlesque au visage enfariné débitant à grands coups de couteau son concombre, son aubergine, sa carotte, non pas son sexe, enfin c’est tout comme. Réalise finalement une peinture minable façon action-painting en crachant sur l’objectif de la caméra. Jacques Lizène a pris position pour l’art sans talent dès 1966, disqualifiant ainsi ses propres œuvres afin de couper toute tentative de critique fondée sur l’idée de jugement, ce qu’il fait au fil de ces séquences les déclarant mauvaises, à refaire, pas assez ratées, sans intérêt, insignifiantes, d’un infantilisme navrant, ineptes, injustifiables, inexpressives. Revendiquant la place du clown, Lizène joue à l’égo, affirmant la présence de l’artiste, et se dilue sans cesse. Avec un sens consommé de la provoc et du loufoque, il use des nombreuses manipulations qui émaillèrent les temps héroïques de l’art vidéo, split-screens, incrustations, virage des couleurs et prend ainsi à rebours la grande machine à hypnose que sera la télévision. Celle-ci ne s’y trompera pas. Le film est réalisé par le centre de production de la RTBF Liège en 1979. Il est prévu qu’il soit diffusé par l’émission Vidéographie en mars 1980, il est censuré par la hiérarchie ertébéenne quelques heures avant sa diffusion et ne sera mis au programme de l’émission qu’un an après, en avril 1981. Notons enfin que certaines de ces séquences renvoient à d’autres œuvres du Petit Maître, Contraindre le Corps, Être son propre tube de couleurs – peinture à la matière fécale, Minable Music-Hall et, bien sûr, Vasectomie, youppie.
Séquences d’art sans talent consists of a series of clips highlighting the antics and utterly outrageous behaviour of Jacques Lizèe. In the role of the Petit Maître liégeois, artiste de la médiocrité et de la sans importance [Little Master from Liège, artist of mediocrity and unimportance], Lizène follows a spot on the screen with his finger, pushes the test card away with a snap of his fingers, sings inaudibly, forces his body within the frame, makes a turd by squeezing a paint tube, waddles and disintegrates between two small naked female figures dancing at the edge of the screen with a feather between their buttocks, and ends up waving a white flag. Against the backdrop of a woman shaking her naked breasts, he then assumes the posture of a pitiful burlesque cook with a floured face, slicing up his cucumber, aubergine, carrot… not exactly his sex – well, it might as well be. Finally, he makes a shabby action painting by spitting on the camera lens. Since 1966, Jacques Lizène has taken a stand for talentless art, belittling his own works to head off any judicious criticism. Throughout these sequences, he declares them bad, to be redone, not failed enough, uninteresting, insignificant, glaringly infantile, inept, indefensible, and inexpressive. Claiming the clown’s place, Lizène plays with the ego, emphasises the artist’s presence, and constantly undercuts himself. With a consummate sense of provocation and zaniness, he uses the numerous manipulations that marked the heroic days of video art: split screens, chroma-keying, and colour shifts, thereby turning the great hypnosis machine of television on its head. The latter would not be fooled, though. The film was produced by RTBF Liège in 1979. It was to be shown on the Vidéographie programme in March 1980 but was censored by the RTBF hierarchy just a few hours beforehand and was not broadcast until a year later, in April 1981. It should be noted that some of these sequences refer to other works by the Petit Maître: Contraindre le Corps, Être son propre tube de couleurs – peinture à la matière fécale, Minable Music-Hall and, of course, Vasectomie, youppie.
Aglaia Konrad, Frauenzimmer / Antwerpen, 2022 Glass windows from the Brodzki/Lambrichs building, metal stands 210 x135 x 2,5 cm
Pour l’émission Façon de Voir sur La Première, Fabrice Kada rencontre Aglaia Konrad dans son exposition Umbau au FOMU à Anvers. Le podcast (à écouter, à télécharger) est ici : https://www.rtbf.be/auvio/detail_par-oui-dire?id=2952151 (Auvio)
Jacques Lizène, Quelques séquences d’art sans talent (1979), video, 11′Jacques Lizène, Quelques séquences d’art sans talent (1979), video, 11′Jacques Lizène, Quelques séquences d’art sans talent (1979), video, 11′
Si la réputation du festival expérimental de Knokke (1949 à 1975) n’est plus à faire, une autre initiative mérite tout autant d’être mise en lumière… En 1976, le paysage télévisuel belge se limite à la BRT et la RTB. Cette dernière lance Videographie, émission dédiée à l’art vidéo et aux nouvelles technologies, produite et réalisée avec l’ambition de se différencier, formellement et artistiquement, de la télévision institutionnelle. Véritable OVNI anticonformiste, ce programme pionnier de la télé européenne va durer jusqu’en 1986, d’abord à un rythme bimensuel puis mensuel, permettant la diffusion d’un large éventail de vidéos et de films issus de l’avant-garde belge et internationale.
Vidéographie se profile comme de l’anti-télévision : les spectateurs sont mis en condition de voir et comprendre les dessous de la fabrication de l’émission, et invités par la même occasion à une réflexion autour de l’image télévisuelle. L’émission peut être elle-même prétexte pour expérimenter différents dispositifs sur le plateau : celui-ci peut se muer en atelier pédagogique ou en salon de discussion… Tout est source de réappropriation et d’invention, même les génériques. Rétrospectivement, avec un recul de plusieurs décennies, l’esthétique singulière qui se dégage de « Vidéographie » est d’autant plus jouissive et épatante qu’elle est advenue sur une télévision publique. Cap alors sur les années ’70, décennie qui a vu l’émergence de la vidéo-art en Belgique, où des artistes et cinéastes ont commencé à s’approprier et expérimenter avec la vidéo, medium historiquement lié à l’évolution de la télévision.
→ Cette séance dédiée à la vidéographie et à quelques artistes qui en ont marqué les débuts, sont organisées en collaboration avec Cinéma Nova et la SONUMA (archives de la RTBF) et font parties de l’exposition THE 1970S:_. organisée chez ARGOS
VIDEOGRAPHIE : TAKE #1
Quelques extraits et moments emblématiques des débuts de l’émission TV Vidéographie : une présentation de ce qu’est la vidéo légère, une introduction au fonctionnement d’une caméra « paluche » et d’un synthétiseur image, et quelques considérations de l’époque autour de l’art vidéo. Pour compléter le programme, quatre courts métrages réalisés par des artistes/cinéastes devenus incontournables dans l’histoire du cinéma et de la vidéo-art belges.Jacques Louis Nyst, Aile 4 neige (1978), video, 19′
Jacques Louis Nyst, Le tombeau des nains (1975), video, 2′
Jacques Lizène, Quelques séquences d’art sans talent (1979), video, 11′
Michel Blondeel & Boris Lehman, Marcher ou la fin des temps modernes (1979), video, 27′
→ En présence de Jacques Delcuvellerie, Dick Tomasovic, Boris Lehman
Création mondiale ce jeudi 13 janvier 2022 de [səminal] de Frédéric Acquaviva, opus auquel a participé Jacques Lizène, sa toute dernière performance, rushs sonores enregistrés à la galerie dans le courant du mois de septembre 2021, quelques jours avant son décès. Et ce jour-là, on ne s’est pas ennuyé un seul instant.
Frédéric Acquaviva, [səminal] (CD)
Une composition en deux parties qui associe deux dimensions antagonistes et complémentaires : un texte de données lu par l’artiste ORLAN et un orchestre virtuel composé de quatre chanteurs (Loré Lixenberg, Joan La Barbara, Wills Morgan et Jacques Lizène) et de 124 instruments différents.
ORLAN intervient ici en tant que locutrice avec sa voix grave reconnaissable entre toutes (le texte est une liste cosmologique d’événements censés se produire dans le futur, lue dans un ordre chronologique comme un compte à rebours inexorable, jusqu’à la disparition totale de tout). La voix d’ORLAN sera audible (de 10.000 à 20 milliards d’années) ou submergée par l’orchestre dans la seconde partie (de 50 milliards d’années à la destruction totale).
Le PolyTransMetaOrchestra (P.T.M.O) est un orchestre virtuel, composé de quatre chanteurs (Loré Lixenberg, Joan La Barbara, Wills Morgan et l’artiste Jacques Lizène décédé le 30 septembre 2021) et de 124 instruments différents issus de la civilisation occidentale autant que de tous les autres endroits de la terre.
Frédéric Acquaviva a demandé à chaque chanteur ou instrumentiste (certains parmi les meilleurs), poète ou compositeur choisi, âgé de 1 à 94 ans, d’enregistrer une seule note, à partir de laquelle il a composé la première partie micropolyphonique de [səminal]. Dans la seconde partie, progressivement, tous les instrumentistes jouent ensemble, des multiplications électroniques se développant ensuite à partir de ce même matériau minuscule mais séminal.
Alors que la voix raconte la disparition de toute forme de vie, petit à petit, une harmonie microtonale plus dense et plus évoluée se fait entendre, prenant naissance à partir de l’ADN de chaque instrument (violon, accordéon, voix féminine, voix masculine, piano, saxophone, viole de gambe, synthétiseur, cors, batterie, etc.), exactement comme dans une période de décadence culturelle, lorsque certaines voix créatives continuent à se battre pour exister et proliférer.
Frédéric Acquaviva, né en 1967, est depuis 1990 artiste sonore et compositeur de musique expérimentale, d’installations chronopolyphoniques, diffusées sur CD, en galeries, dans des musées et lieux institutionels ou lieux alternatifs, dans le monde entier. Hors des circuits traditionnels des musiciens et compositeurs, il rencontre puis travaille de manière continue avec quelques figures historiques de l’art, de la poésie ou de la vidéo bien avant leur reconnaissance médiatique (Isidore Isou, Maurice Lemaître, Marcel Hanoun, Pierre Guyotat, Jean-Luc Parant…), ainsi qu’avec la chorégraphe Maria Faustino, le cinéaste FJ Ossang ou la mezzo-soprano Loré Lixenberg.
Une conversation en ligne entre l’artiste Marie Zolamian et Vanessa Desclaux à propos des peintures présentées dans l’exposition collective Regenerate au Wiels à Bruxelles.
Vanessa Desclaux est actuellement responsable du pôle des attentions (service des publics et programmation culturelle) au Frac Nouvelle-Aquitaine MECA à Bordeaux. Enseignante en histoire des arts à l’école nationale supérieure de Dijon entre 2011 et 2019, elle est titulaire d’un doctorat en Curating (Goldsmiths, Université de Londres). Autrice et curatrice, Vanessa Desclaux a travaillé à la Tate Modern et à Bloomberg Space à Londres, et a collaboré avec différents lieux tels que de Appel, Amsterdam ; le Parc Saint Léger, centre d’art contemporain de Pougues-les-Eaux ; le Frac Bourgogne, Dijon; la Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, ou le Grand Palais à Paris.
inscription et accès à la conférence online : c’est ici.