Emilio López-Menchero, Sur Rendez-Vous

Le dessin, dans l’œuvre d’Emilio Lopez-Menchero, accompagne fort souvent les performances et installations de l’artiste. Souvent préparatoire, parfois effet d’annonce, toujours souvenir ou déclinaison. Ainsi les dessins qui accompagnent, l’installation Barricade réalisée en 2017 pour la biennale Oh les beaux jours à Louvain-la-Neuve. Emilio Lopez-Menchero écrivait alors : L’action urbaine que je propose est composée en quatre mouvements : une criée, une récolte, une construction, une destruction. Je sillonnerai les rues du campus en incarnant un « T’chanchès » réactualisé, poussant une charrette à bras, mégaphone à la main, vociférant un appel à la population : « Barricade! Barricade! Lâchez vot’ brol, meubles, bois, métaux, cartons, plastiques et autres encombrants en tous genres…Construisons une barricade ! » Mon intention sera de tirer un trait, une limite, une frontière qui divisera une rue obligeant ainsi les passants à oblitérer leur chemin. Son échelle sera dérisoire à l’ère de l’anthropocène, mais elle marquera de manière infime un temps d’arrêt dans le flux de l’évacuation des déchets. Ceux-là mêmes qui nous préoccupent lorsqu’on en vient à réfléchir à notre empreinte carbone.  Ce recyclage servira donc à construire un bastion pour résister. Mais résister à quoi ? Résister comment ? Résister pourquoi ? Et surtout résister à cet endroit-là : l’université. Résistance de pacotille certes, cette muraille terminera son périple dans la décharge municipale. 

Depuis, Emilio Lopez-Menchero a multiplié les barricades, des barricades à Berlin, à Madrid, à Beyrouth ou ailleurs, friches urbaines, amas de pneus, de poteaux électriques, de débris. La dernière en date est bien involontaire, un monumental amas de voitures dessinés sur une série de papiers raisin, souvenir du chaos qu’à connu Valencia, il y a quelques mois, un chaos créé par la Dana. 

Le dessin est aussi carnet de voyage, souvenir d’un périple en Cisjordanie par exemple. A Kufr Ni’ ma, au nord-ouest de Ramallah, Emilio Lopez-Menchero dessine  les lignes de ces paysages en terrasses, une géographie humaine, agricole et familiale. Des paysages qui évoquent également cette notion de résistance.