Au rez de chaussée de la galerie, Suchan Kinoshita installe Volière (2024), à la fois installation et dispositif performatif. La volière est habitée par quarante sept appeaux, ces sifflets qui permettent de parler aux animaux et en particulier aux oiseaux, instruments reproduisant le chant des oiseaux, les bruits d’insectes, le cris des animaux. Une magnifique collection d’objets d’une folle inventivité et soigneusement fabriqués à la main. Bon nombre sont comme des architectures habités par des sons potentiels, abrités dans l’architecture de la volière, elle-même posée dans l’espace de la galerie. Ces appeaux, tout comme l’enceinte acoustique qui surplombe la volière matérialisent le son, comme s’il s’agissait d’accorder une présence physique aux éléments acoustiques de l’exposition. Et ces sons que diffuse l’enceinte acoustique et qui occupent l’espace, ce sont ceux des appeaux dont Suchan Kinoshita se sert, non pour imiter la nature, mais pour créer quelques chose de nouveau, un potentiel d’une variabilité sans commune mesure, changeant et spéculatif, une partition inattendue, joyeuse et ludique. L’espace lui-même devient vivant et changeant.
Archives mensuelles : novembre 2024
Agenda Décembre 2024
Alevtina Kakhidze
– Bialystok (Pol), Alevtina Kakhidze -Rośliny i ludzie, Galeria Arsenał w Białymstoku, du 24 octobre au 19 Janvier 2025
Suchan Kinoshita
– Liège (B), A faire, ce jour, galerie Nadja Vilenne, du 23 novembre au 12 janvier 2025
Aglaia Konrad
– Olomouc (Tchéquie), Moments, Triennal SEFO 2024, Museum of Modern Art, 27 juin – 29 décembre 2024
– Barcelona (E), Sculpture in Stone, Fundació Catalunya La Pedrera, du 4 octobre au 2 février 2025
– Drogenbos (B), Victor Delhez en de experimentele fotografie, Felix Art Musem, du 29 septembre au 5 janvier 2025
Emilio Lopez-Menchero
-Liège (B), Camarades ! Art au Centre, 17 octobre – 31 décembre
Benjamin Monti
– La Louvière (B), Centenaire du premier Manifeste du surréalisme, Le Daily Bul, du 27 septembre 2024 au 9 mars 2025
– Tournai (B), (H)auteur·es d’enfance, Maison de la culture de Tournai, du 8 novembre au 28 décembre 2024
– Liège (B), Figures, Benjamin Monti et Olivier Deprez, Les Drapiers, du 16 novembre au 21 décembre 2024
Valérie Sonnier
-Le Mouthier St-Pierre (F), Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, sur les traces de Gustave Courbet, Le Manoir, du 19 octobre au 14 décembre 2024
Suchan Kinoshita, A faire, ce jour, une introduction
Dans L’Émancipation du Spectateur, Jacques Rancière écrit : Il y a partout des points de départ, des croisements et des nœuds qui nous permettent d’apprendre quelque chose de neuf si nous récusons premièrement la distance radicale, deuxièmement la distribution des rôles, troisièmement les frontières entre les territoires. C’est bien là que réside la position de Suchan Kinoshita, qui donne un rôle prééminent au spectateur, n’hésitant pas à déclarer que celui-ci fera carrière, alors qu’elle-même préfère parfois la position de l’interprète à celle de créateur, et qu’elle abolit toute frontière : de double culture, à la fois nipponne et européenne, et plus particulièrement allemande, Suchan Kinoshita inscrit sa pratique tant dans les sphères de la création sonore et des arts performatifs que des arts plastiques.
Au rez de chaussée de la galerie, Suchan Kinoshita installe Volière (2024), à la fois installation et dispositif performatif. La volière est habitée par quarante sept appeaux, ces sifflets qui permettent de parler aux animaux et en particulier aux oiseaux, instruments reproduisant le chant des oiseaux, les bruits d’insectes, le cris des animaux. Une magnifique collection d’objets d’une folle inventivité et soigneusement fabriqués à la main. Bon nombre sont comme des architectures habités par des sons potentiels, abrités dans l’architecture de la volière, elle-même posée dans l’espace de la galerie. Ces appeaux, tout comme l’enceinte acoustique qui surplombe la volière matérialisent le son, comme s’il s’agissait d’accorder une présence physique aux éléments acoustiques de l’exposition. Et ces sons que diffuse l’enceinte acoustique et qui occupent l’espace, ce sont ceux des appeaux dont Suchan Kinoshita se sert, non pour imiter la nature, mais pour créer quelques chose de nouveau, un potentiel d’une variabilité sans commune mesure, changeant et spéculatif, une partition inattendue, joyeuse et ludique. L’espace lui-même devient vivant et changeant.
A ceux-ci répondent les sons d’une autre œuvre installée à l’étage, Birdsong, une enceinte acoustique accrochée à un portant métallique, un dispositif auquel Suchan Kinoshita a donné le nom de Hanging About, ce que l’on peut tant traduire par accrocher que par flâner. Les sons, cette fois, sont des chants d’appeau qui ponctue un texte écrit et lu par l’artiste, des choses d’une singulière banalité, quitter sa maison sa maison, prendre la clé de sa voiture, utiliser le code de déverrouillage et non la clé elle-même, se rendre à la gare, se parquer à un endroit précis… Rien de bien épique, mais des choses faites ou à faire ce jour.
A l’étage également, Suchan Kinoshita déploie les feuillets d’un carnet de dessins. Elle a entrepris ce carnet ligné lors d’un récent séjour au Japon, couvrant chaque double page de petites gouaches et aquarelles. A faire, ce jour n’est pas une injonction, pas même le protocole d’un devoir quotidien ; parlons plutôt de vitalité, d’action, de flânerie, de mobilité, de légèreté. Peindre, dessiner, se fait à toute heure, dès que l’occasion se présente. Sur un coin de table, dans un train, ce jour, ou le jour d’après, s’éveiller à l’observation, l’invention, la réflexion. Suchan Kinoshita renoue avec la pratique d’Hokusai Katsushika, grand maître de l’estampe qu’elle admire et qui invente en 1814 un mot pour désigner ses innombrables carnets de croquis : la manga, néologisme issu de deux idéogrammes, man et ga qui signifie dessins (ga) foisonnants, légers, dérisoires, grotesques (man). Hokusai, à des fins pédagogiques, rassemblera entre 1814 et 1848 ses carnets de croquis et études diverses en une vaste encyclopédie qu’il nommera Hokusai Manga. La spontanéité y affleure à chaque page, si bien que le terme manga revêt également la signification d’esquisse rapide ou de dessin spontané. D’autres évoqueront pour traduire l’idéogramme, le kanji, man, le dessin esquissé sur un coup de tête, libre, sans raison, l’image sans but préconçu, l’image improvisée. En fait, autant de notions qui nous permettent d’aborder la manga de Suchan Kinoshita, ce carnet A faire ce jour et qu’elle fera également demain et après-demain comme en témoigne d’autres carnets déjà mis en œuvre et exposés en vitrine.
Suchan Kinoshita a récemment utilisé le terme Da Capo pour une publication à propos de la réactivation d’une œuvre ancienne, The difference is this : you go in or you stay out. You stay in or you go out: this is the difference (1998). Da Capo est une locution musicale qui indique à l’interprète qu’il faut reprendre le morceau depuis le début. Nous en ferons de même avec A faire, ce jour. Une quarantaine de double-pages sont visibles aux murs de la galerie. Au finissage, nous reprendrons les choses depuis le début, da capo, en montrant les dessins au verso des feuillets. En quelque sorte, nous tournerons les pages, comme celles d’une partition.
A noter, enfin, que Suchan Kinoshita est lauréate du Belgian Art Prize 2025. Le jury composé de professionnels de l’art a motivé son choix en précisant que « Suchan Kinoshita est une artiste accomplie et exceptionnelle, qui a construit un corpus d’œuvres très vaste au fil des décennies. Outre son parcours artistique personnel, le jury souhaite souligner son appréciation pour son rôle de pédagogue active et dévouée. A ce titre elle est un mentor pour les prochaines générations d’artistes. Sa sensibilité au temps et à l’espace, ainsi que sa curiosité permanente pour la vie nourrissent ses œuvres qui accentuent l’importance du processus de création, permettant au spectateur de prendre conscience du moment présent. Le jury lui a accordé la plus grande considération sur base de son parcours artistique qui se singularise par un langage visuel unique associant conceptualisme et expériences vécues avec générosité et humour ». Congrats Suchan ! Suchan Kinoshita est invitée à exposer à BOZAR en avril 2025.
Benjamin Monti, Figures, Les Drapiers, Liège
Pour l’exposition Figures, l’artiste-illustrateur Benjamin Monti est invité, en tant que commissaire, à puiser aux sources de ses images. Son travail est nourri d’une incessante recherche d’imprimés de toutes sortes, qui forment aujourd’hui une impressionnante collection d’un art qu’on dit « modeste », depuis les cahiers d’enfants jusqu’aux artefacts de la culture populaire. Ici, il laisse libre à cours à son obsession pour un type tout particulier d’images: une série de lithographies représentant différentes figures humaines grandeur nature, réalisées par l’imprimerie Wentzel à Wissembourg entre la fin du 19° et le début du 20° siècle. Archétypes singuliers, représentant·es d’un groupe social ou d’une fonction, elles parviennent jusqu’à nous aujourd’hui dans toute leur désuétude. Á travers les couleurs éclatantes et l’absurdité des postures, résonne leur humanité. Cette humanité précaire, on la retrouve dans les marionettes liégeoises que Benjamin Monti met en dialogue avec ces images. Rustres, elles touchent par leur humilité, leur simplicité économe. En contrepoint, et pour naviguer du papier au bois et inversement, Benjamin convie les gravures sur bois du dessinateur Olivier Deprez, préparatoires à son travail imprimé, qui nous montrent à leur tour des figures hors du temps, des silhouettes sans âge inscrites dans la matière.
Benjamin Monti assemble. Il collecte, décline, associe et détourne des images sur lesquelles — comme il le dit lui-même — « la main repasse ». Ce dernier geste, celui de l’artiste, transcende les images et annonce le dernier, celui de la signature.
C’est sur ceux qui le précèdent que s’attarde « Figures ». C’est le collecteur, le regardeur, que Les Drapiers mettent à l’honneur, célébrant ainsi une autre forme d’assemblage, celui que créent quand elles dialoguent entre elles les sources matérielles de son imaginaire.
Figures, Benjamin Monti & Olivier Deprez, Les Drapiers. Du samedi 16 novembre au samedi 21 décembre 2024
Benjamin Monti, (H)auteur·es d’enfance, maison de la culture de Tournai
Benjamin Monti participe a l’exposition collective (H)auteur·es d’enfance. Maison de la culture de Tournai, jusqu’au 28 décembre 2024
(H)auteur·es d’enfance invite à traverser les âges et les expériences de vie. Les artistes et leurs oeuvres y content l’enfance, la leur ou celle des sujets représentés, sous différents angles d’approche. Il·elles naviguent entre les âges et leurs expériences respectives.
Les dessins intitulés Early works, réalisés à l’âge de quatre ans, de l’incontournable Wim Delvoye y côtoient les photographies de l’anthropologue involontaire Norbert Ghisoland, les dessins prolifiques et inclassables de Catherine Versé ou Francis Goidts (réalisés vers l’âge de dix ans), les créations et collections de Benjamin Monti et les installations de Benjamin Demeyere.
Maison de la Culture de Tournai, Galerie de la maison Avenue des Frères Rimbaut 2
7500 Tournai, jusqu’au 28 décembre 2024
Valérie Sonnier, peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, Mouthier-Haute-Pierre, les images
Invitée l’été dernier en résidence au Manoir, centre d’art et de villégiature à Mouthier-Haute-Pierre, implanté dans la Haute Vallée de la Loue, pays de Gustave Courbet, Valérie Sonnier y expose cet automne. Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, titre de l’exposition, rassemble trois artistes issus des Beaux-Arts de Paris, là où Valérie Sonnier enseigne le dessin morphologique. Tous trois sont donc partis sur les traces du Maître d’Ornans. Courbet, on le sait, s’est largement inspiré des paysages de son pays natal et plus particulièrement de cette vallée de la Loue, le ruisseau du Puits noir, la grotte Sarrazine, la roche Bottine et bien sûr la source de la Loue.
Au Manoir, Valérie Sonnier prend ses marques. Elle y rencontre d’abord le fantôme des lieux, c’est plus rassurant de se sentir accompagnée. Elle installe ensuite ses fantômes les plus familiers sur la cheminée, des fantasmagories finement installées dans des cadres dorés de style Napoléon III, celui-là même qui comptait remettre la légion d’honneur à Courbet, distinction que l’artiste, en républicain farouche, refusa tout de go dans une célèbre lettre ouverte. Il y a là, sur la cheminée, tout le petit monde de Victor Hugo, dont Valérie Sonnier a également fréquenté assidument le fantôme à Hauteville House, Gustave Courbet, son épouse, ses amis, ainsi que Constance Quéniaux, oui, celle de l’Origine. Deux fantômes plus intimes de l’artiste se mêlent à la compagnie. Voici les lieux habités.
Valérie Sonnier dessine dès lors le manoir qui l’accueille et prend enfin de la distance, peignant les belvédères au loin, quatre fragments de paysages karstiques et panoramiques posés sur petits bois cirés. Plein jour, pleine lune, temps d’orage et songe d’une aurore boréale, Valérie Sonnier décline les atmosphères. Au passage, elle dessine sur papier comptable, un petit âne en bois sur roulettes portant sur son dos un célèbre camion rouge, celui-là même qui l’embarqua aux débuts de sa carrière d’artiste et même bien avant. Pour l’heure, l’âne s’appelle Gérôme, clin d’œil à Gustave. Quel âne ce Gérôme, n’est-ce-pas ? On connaît l’anecdote : Courbet appelait son âne Gérôme, pour le plaisir de dire : Gérôme est un âne., faisant ainsi allusion à Jean-Léon Gérôme, son contemporain, champion de l’académisme.
Enfin, Valérie Sonnier remonte la vallée de la Loue. Elle en ramène un petit film de six minutes, des plans serrés où l’eau, la roche, la végétation se mordorent rapidement. L’eau devient lave, la roche tellurique. Elle en ramène également un grand dessin de la source de la Loue que Courbet représenta maintes fois, la peignant sous tous ses angles, n’en retenant souvent que des éléments particuliers, comme un territoire initiatique qui ne manqua pas de provoquer bien des interprétations psychanalytiques.
Emilio Lopez-Menchero, Camarades ! Trying to be Lev & Iossif, les images (2)
En 2005, Emilio Lopez Menchero réincarnait Frida Kahlo. Presque 20 ans après, il rentre dans la peau de l’un des plus célèbres des amants de l’artiste mexicaine, Lev Davidovitch Bronstein, mieux connu sous le nom de Léon Trotsky. Et pour ne pas faire les choses à moitié, l’artiste tente également d’être Iossif Vissarionovitch Djougachvili, Joseph Staline. Une rivalité, un duel, un face à face entre l’intellectuel juif idéaliste et le brigand géorgien taciturne, entre le flamboyant champion du communisme universel et celui d’une URSS laboratoire politique. Tout a commencé, explique Emilio Lopez Menchero, lorsque j’ai ouvert un livre hérité de mon grand-père, qui lui aussi a été exilé, une traduction en espagnol de Staline, la biographie écrite par Trotski, son dernier ouvrage avant qu’il ne soit assassiné au Mexique par Ramon Mercader, stalinien catalan et agent du NKVD . Tenter d’être, le même jour, Lev Trotsky et Iossif Staline, tout cela a eu lieu l’été dernier, à l’invitation de Jordi Colomer, à Agullana en Catalogne, lieu le plus emblématique du grand exode républicain et catalan de 1939. J’ai appris à danser la Sardana, une danse traditionnelle catalane où les danseurs en cercle se tiennent par la main. Je la danse au son de l’Internationale, explique Emilio Lopez Menchero. A Liège, dans le cadre de ART AU CENTRE, Emilio Lopez-Menchero expose les résultantes de cette performance, films et photographies.
Suchan Kinoshita, A faire, ce jour, vernissage samedi 23 novembre
La galerie Nadja Vilenne a le plaisir de vous inviter au vernissage de l’exposition monographique A faire, ce jour de Suchan Kinoshita ce samedi 23 novembre.
SUCHAN KINOSHITA
à faire, ce jour
vernissage le samedi 23 novembre à 15h
exposition du 23 novembre au 11 janvier 2025
jeu.-ven.-sam.-dim.de 14 à 18h ou sur rdv
Aglaia Konrad, Art in stone, Fundació Catalunya La Pedrera, Barcelona
Aglaia Konrad participe à l’exposition Art in Stone, organisée par la Fundació Catalunya La Pedrera à Barcelona. Commissaire : Pénélope Curtis.
ART IN STONE. 4 October 2024 – 2 February 2025
The exhibition will highlight the stone work of some of the most outstanding sculptors of the 20th century
Stone is transformed into a means of artistic expression in the new La Pedrera exhibition. ‘Art in stone’, organized by Fundació Catalunya La Pedrera and curated by Penelope Curtis, former director of Tate Britain and the Calouste Gulbenkian Museum, proposes a journey through modern sculpture, exploring the deep bond between artists and this material ancestral The exhibition, which can be visited from 4 October until February 2025, reveals how the stone has inspired generations of artists and is still a key element in contemporary art.
‘Art in stone’ gathers more than eighty works, including nearly fifty sculptures and thirty drawings and engravings. This selection represents a journey through the 20th century and presents us with a group of modern sculptors who, born between the end of the 19th century and the beginning of the 20th century, contributed decisively to transforming sculpture as we understand it today. World-renowned figures such as Hans Arp, Louise Bourgeois, Eduardo Chillida, Naum Gabo, Barbara Hepworth, Henry Moore, Isamu Noguchi and Jorge Oteiza are some of the artists who star in this exhibition. His work not only redefined the limits of what was considered sculpture, but opened up new avenues of artistic exploration, often parallel and with points of confluence.
The exhibition tour also includes contemporary artists who have continued to work with stone as the central material of their creations. Xavier Corberó, Stephen Cox, Luciano Fabro, Barry Flanagan, Cristina Iglesias, Anish Kapoor, Ettore Spalletti and Alison Wilding are some of the creators who, with their work, have managed to keep this dialogue with stone alive, reinterpreting its creative possibilities. In addition, the exhibition has a series of photographs by Aglaia Konrad, taken in the emblematic quarries of Carrara, where the stone takes on an almost mythical dimension due to its beauty and history. (Nora Barnach, in Bonart, 3 october 2024)
Barcelona (E), Art in Stone, Fundació Catalunya La Pedrera, du 4 octobre au 2 février 2025. Curator : Penelope Curtis.
Emilio Lopez-Menchero, Bocadillos et Theorie des Bulles
Vient de paraître : Emilio Lopez Menchero, Théorie des Bulles, Editions de la Lettre Volée.
Auto-engendrement, dédoublement et sérialisation, gommage, mais aussi, au-delà des procédés purement formels, engagement et prises de position : refus du vieil humanisme, critique des dérèglements de la société industrielle, mise à nu des violences stéréotypées – tout cela se retrouve dans cette Théorie des bulles d’Emilio Lopez-Menchero qui combine de manière simple et lisible – double gage· d’efficacité – les techniques les plus radicales pour dynamiser les traits essentiels du langage de la bande dessinée. Ce faisant, le livre en accroit aussi le potentiel critique. La théorie du titre ne signifie en rien quelque souhait de rester en marge de la pratique. Elle vise au contraire une façon de mieux construire des armes pour rebondir dans tes débats et enjeux de tous les jours. Telle quête conduit l’auteur vers l’essence de son médium – qui n’est nullement l’horizon ultime du travail créateur mais le tremplin que se donne Emilio Lopez-Menchero pour intervenir dans le monde plus large de l’art et, plus largement encore, de l’action sociale. L’essence en question est ce que le philosophe belge Henri Van Lier a nommé le multi cadre, terme aussi simple que juste, à mille lieues des idées que l’on continue à se faire sur la bande dessinée.
Jan Baetens
Présentation de l’ouvrage à l’occasion du finissage de l’exposition Bocadillos, Paviijloen Etterbeek, Thibaultlaan 2, 1040 Etterbeek, ce samedi 16 novembre de 15 à 17h.