Archives mensuelles : octobre 2024

Aglaia Konrad, Carrara & Shaping Stones, Montparnasse, Paris, RATP & Paris Photo

Du 25 octobre 2024 au 6 janvier 2025, la RATP et Paris Photo mettent à l’honneur le travail de 7 photographes dans le grand couloir souterrain de Montparnasse, reliant la ligne 4 du métro aux lignes 6 et 13. Oeuvres de Claudia Andujar, Aglaia Konrad, Hiroyuki Takenouchi, Jonathan Llense, Viktoria Binschtok, Isabelle Wenzel et Christian Patterson.

Aglaia Konrad, Paris Photo, une introduction

Aglaia Konrad, des images agissantes


Par Anne Frémy

Aglaia Konrad Projekt: Skulptur, 2017 
BW prints on ecoboard, stones, 178 x 120 cm. Ed 3/3

Aglaia Konrad, née en 1960 à Salzbourg, est une photographe qui se consacre entièrement à l’architecture et à l’urbanisme. Son œuvre photographique pourrait largement se suffire à elle-même. Mais Aglaia Konrad ne se définit pas seulement comme une photographe d’architecture, elle s’impose aussi comme une architecte de la photographie. En créant des dispositifs d’exposition dans lesquels ses images sont mises en jeu en fonction des espaces, des contextes et des situations spécifiques qui les accueillent, elle renouvelle le champ de la photographie d’architecture et de sa monstration.


La pratique d’Aglaia Konrad est fondée sur un immense corpus de prises de vues, que l’on peut qualifier d’« atlas». Il s’agit d’une mémoire en mouvement, comme l’était l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg, qui remaniait sans cesse ses archives pour y déceler des liens inattendus, capables de refonder l’histoire de l’art. De même, les archives d’Aglaia Konrad constituent une mémoire vive, dont les thèmes privilégiés sont le brutalisme international, les formes métropolitaines contemporaines, l’histoire de l’architecture, le béton et le marbre, les architectures – sculptures, les utopies et leurs contradictions, les chantiers et les démolitions… La liste reste ouverte car Aglaia Konrad, qui voyage beaucoup, est particulièrement curieuse et sensible à l’histoire. Elle mène des enquêtes documentaires approfondies, préambules et supports indispensables à la manière de faire voir ses images. Chaque projet d’exposition ou d’édition est l’occasion d’activer cette archive toujours en expansion, en créant des associations inédites entre les images, les plus anciennes se mêlant aux plus récentes pour fonder un récit visuel spécifique en même temps qu’une interprétation personnelle et originale de l’histoire de l’architecture.


Le corpus photographique d’Aglaia Konrad apparaît vivant et actif. Les images qu’il contient sont littéralement « agissantes », un terme qui fait référence à la tradition mnémonique des ars memoriae, hérités de l’Antiquité, et qui consiste à rassembler et à disposer un certain nombre d’images dans un espace ou un édifice architectural, imaginaire ou réel. Les images qui apparaissent en parcourant ce lieu, physiquement ou mentalement, organisent le regard, déclenchent une pensée, rappellent une connaissance, réactivent un souvenir. L’agencement et l’enchaînement de ces images agissantes dans l’espace créent des liens entre elles, provoquant des oppositions et des coïncidences qui donnent tout leur sens à ces agencements, également désignés comme  « théâtres de la mémoire », ce que sont, indubitablement, les scénographies d’Aglaia Konrad. Elle interprète et métamorphose l’architecture des espaces d’exposition, en soumettant son atlas photographique à toutes sortes d’expériences formelles, en s’emparant de surfaces et de volumes inhabituels ou résiduels. Elle conçoit des display’s et des constructions spécifiques destinés à habiter des lieux d’exposition sans qualité particulière, parfois en collaboration avec des architectes, comme Kris Kimpe, ou des artistes, comme Richard Venlet. L’ espace d’exposition s’en trouve bouleversé, occulté ou augmenté par des images avec lesquelles il est en rupture d’échelle, en osmose ou en conflit. Sols, murs, plafonds et surfaces vitrées, n’importe quel élément architectural peut constituer un support potentiel, l’accrochage prolongeant ou réactivant la forme et le sens des images exposées. À la manière d’une archéologue, elle récolte également des fragments d’architectures qu’elle incorpore à ces dispositifs, des fenêtres récupérées de la rénovation de l’immeuble CBR à Bruxelles, des éclats de matériaux de construction, des déchets de démolition, des échantillons de minéraux, etc. Les images sont traitées comme des éléments architecturaux, leurs formats et leurs supports varient d’un projet à l’autre, incluant l’argentique et la photocopie, la projection de diapositives et de films 16 mm. Pour Aglaia Konrad, la mise en espace des images marque un moment aussi décisif que celui de la prise de vues. En réunissant dans un même dispositif des images de sources et d’origines variées, elle opère par déplacements et relocalisations, ouvrant ainsi la photographie d’architecture à une dimension spatiale et conceptuelle inédite. Sorties de leurs cadres, les photographies ne sont plus seulement des tableaux à regarder mais des espaces habitables, à traverser et à parcourir.


Les livres publiés par Aglaia Konrad sont construits selon les mêmes principes que ceux qui animent ses expositions. Ses prises de vues sont orchestrées dans des compositions et des mises en pages riches et radicales qui les différencient des livres de photographies classiques, comme les formidables From A to K (2016, Koenig Books Ltd et M-Museum Leuven) et Japan Works (2021, Roma Publications).

Extrait de D’Architecture, revue professionnelle française d’architecture, n°312, nov.2023, pages 26 et svv. Anne Frémy est iconographe, photographe, vidéaste et scénographe. Elle est docteur en architecture (« L’image édifiante ». Thèse soutenue en 2016 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles). Parallèlement à son œuvre personnelle (expositions, éditions), elle collabore régulièrement avec des agences d’architecture, comme consultante, scénographe, iconographe, photographe ou vidéaste.

Paris Photo 2024, Aglaia Konrad, 7 – 10 novembre, Grand Palais, Paris

La galerie Nadja Vilenne a le plaisir de vous annoncer sa participation à PARIS – PHOTO

Grand Palais – Paris – du 7 au 10 novembre 2024 – Booth C44

Et exposera des œuvres de :

AGLAIA KONRAD

Mercredi 6 novembre : vernissage (sur invitation uniquement) – Jeudi 7 novembre : 13h – 20h – Vendredi 8 novembre : 13h – 20h – Samedi 9 novembre : 13h – 20h – Dimanche 10 novembre : 13h – 19h  

Au Grand Palais : 3 avenue du Général Eisenhower : 75008 Paris

Cette participation s’inscrit dans les projets PRISMES de la foire. Prismes propose une immersion dans des œuvres monumentales qu’ils s’agisse de séries exceptionnelles ou d’installations immersives.

La participation d’Aglaia Konrad s’inscrit également dans le parcours ELLES x PARIS PHOTOS, un programme dédié aux femmes photographes, soutenu par le ministère de la Culture et le groupe Kering. Le parcours Elles × Paris Photo, qui met à l’honneur le travail de femmes photographes, est cette année curaté par Raphaëlle Stopin, directrice du Centre photographique Rouen Normandie et ancienne directrice du festival de Hyères. Dans ce parcours, quatre galeries ont été distinguées et soutenues par Kering : Higher Pictures, New York, Martini & Ronchetti, Gênes, Monitor, Rome et Nadja Vilenne, Liège

Aglaia KONRAD est, enfin, l’invitée de la RATP et installe ses images dans la station métro Montparnasse (grand couloir souterrain de Montparnasse, reliant la ligne 4 du métro aux lignes 6 et 13) 

 

Agenda Novembre 2024

Alevtina Kakhidze

Bialystok (Pol), Alevtina Kakhidze -Rośliny i ludzie, Galeria Arsenał w Białymstoku, du 24 octobre au 19 Janvier 2025

Suchan Kinoshita

– Liège (B), A faire, ce jour, galerie Nadja Vilenne, du 23 novembre au 12 janvier 2025

Aglaia Konrad

– Paris (F), Paris Photo, Grand Palais, galerie Nadja Vilenne, du 6 au 10 novembre 2024

– Olomouc (Tchéquie), Moments, Triennal SEFO 2024, Museum of Modern Art, 27 juin – 29 décembre 2024

– Prague (Tchéquie), Shape, Hung, Heaped, Vi Per Gallery, du 17 septembre au 9 novembre 2024

– Barcelona (E), Sculpture in Stone, Fundació Catalunya La Pedrera, du 4 octobre au 2 février 2025

– Drogenbos (B), Victor Delhez en de experimentele fotografie, Felix Art Musem, du 29 septembre au 5 janvier 2025

Emilio Lopez-Menchero

-Liège (B), Camarades ! Art au Centre, 17 octobre – 31 décembre

-Bruxelles (B), Bocadillos, Paviljoen Etterbeek, du 10 octobre au 16 novembre

Benjamin Monti 

– Bruxelles, Espace Constantin Chariot, ECC Drawings, du 12 septembre au 9 novembre 2024

– La Louvière (B), Centenaire du premier Manifeste du surréalisme, Le Daily Bul, du 27 septembre 2024 au 9 mars 2025

Sandrine Morgante

– Antwerpen (B), Walen bourgeois buiten, Lichtekooi Artspace, 21 septembre – 9 novembre 2024

– Liège (B), Horizons, premières et dernières acquisitions d’une collection (1939-2024), musée de la vie wallonne, du 25 septembre au 1 décembre 2024

Valérie Sonnier

-Le Mouthier St-Pierre (F), Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, sur les traces de Gustave Courbet, Le Manoir, du 19 octobre au 14 décembre 2024

 

 

 

Alevtina Kakhidze, Plants and People, Arsenal Gallery in Bialystok, Poland

The Arsenal Gallery in Bialystok, Poland is presenting the exhibitions Alevtina Kakhidze: Plants and People and William Kentridge: I am not me, the horse is not mine, both curated by Monika Szewczyk.

Alevtina Kakhidze is a Ukrainian artist of Ukrainian-Georgian descent. Her work primarily focuses on performance and drawing, but she also creates videos, installations, and texts. She lives in Muzychi, Ukraine, 26 kilometers from Kyiv, and grew up in the Donetsk region.

Kakhidze documents these dramatic events with the distance and objectivity of a scientist analyzing a system—or rather, multiple systems: legal, educational, colonial, consumerist, and systems of violence. She actively engages in contemporary discourses, often provoking significant debate. Her drawings created after February 24, 2022, frequently reflect on the cultural dynamics between Russia and Ukraine, going beyond the immediate realities of war to explore deeper themes within the history and culture of both nations, highlighting Russian colonialism and imperialism.

Kakhidze’s longstanding interest in plants has taken on a deeper significance in the context of war. She sees plants as some of the purest examples of pacifism on our planet; to her, they represent a model worthy of imitation but ultimately unattainable. As she writes in one of her works: “If I am wounded, I wish I could regenerate the way plants do.”

Pairing the exhibitions of Alevtina Kakhidze and William Kentridge at the Arsenal Gallery in Białystok is not an accidental decision. Their shows are united by decolonial thought reworking the cultural legacy of countries from the orbit of the former Soviet Union. Both of them also consistently reflect on their condition as humans and artists. This unique status—the intersection of art and those who create it—serves as both a starting point and a medium for their work, as much as any other material (perhaps even more so). They have long embraced their roles, yet they continue to question, marvel at, and test the transformative power of art.

Curator: Monika Szewczyk
Coordination: Yulia Kostereva

24.10.2024 – 19.01.2025

Emilio Lopez-Menchero, Camarades ! Trying to be Lev & Iossif, les images

En 2005, Emilio Lopez Menchero réincarnait Frida Kahlo. Presque 20 ans après, il rentre dans la peau de l’un des plus célèbres des amants de l’artiste mexicaine, Lev Davidovitch Bronstein, mieux connu sous le nom de Léon Trotsky. Et pour ne pas faire les choses à moitié, l’artiste tente également d’être Iossif Vissarionovitch Djougachvili, Joseph Staline. Une rivalité, un duel, un face à face entre l’intellectuel juif idéaliste et le brigand géorgien taciturne, entre le flamboyant champion du communisme universel et celui d’une URSS laboratoire politique. Tout a commencé, explique Emilio Lopez Menchero, lorsque j’ai ouvert un livre hérité de mon grand-père, qui lui aussi a été exilé, une traduction en espagnol de Staline, la biographie écrite par Trotski, son dernier ouvrage avant qu’il ne soit assassiné au Mexique par Ramon Mercader, stalinien catalan et agent du NKVD . Tenter d’être, le même jour, Lev Trotsky et Iossif Staline, tout cela a eu lieu l’été dernier, à l’invitation de Jordi Colomer,  à Agullana en Catalogne, lieu le plus emblématique du grand exode républicain et catalan de 1939. J’ai appris à danser la Sardana, une danse traditionnelle catalane où les danseurs en cercle se tiennent par la main. Je la danse au son de l’Internationale, explique Emilio Lopez Menchero. A Liège, dans le cadre de ART AU CENTRE, Emilio Lopez-Menchero expose les résultantes de cette performance, film, dessins préparatoires et photographies. 

Le narratif du film

  1. Agullana, lieu emblématique du grand exode républicain et catalan de 1939, la Retirada, après la victoire des Franquistes. Pendant la retraite, des délégations de diverses administrations publiques de la République se sont installées à Agullana, à la frontière française, comme le Grand État Central de l’Armée, le Ministère d’État, le Ministère des Finances, le Ministère de l’Agriculture, la Présidence de la Generalitat, le Ministère de la Culture de la Generalitat et des délégations du Gouvernement du Pays Basque et de l’URSS. Mai 2024. Performance d’Emilio Lopez Menchero. Le drapeau soviétique flotte à nouveau sur l’ambassade.
  2. Trying to be Lev Davidovitch Bronstein, mieux connu sous le nom de Léon Trotsky.
  3. Léon Trotsky rencontre les villageois avant de danser la Sardana, une danse traditionnelle catalane où les danseurs en cercle se tiennent par la main. La Sardana qui fut interdite sous la dictature de Primo de Revira et étroitement « surveillée » sous le régime de Franco est considérée comme expression de l’identité catalane.
  4. Trying to be Iossif Vissarionovitch Djougachvili, Joseph Staline.
  5. En l’honneur de Joseph Staline, banquet géorgien à La Concordia, salle des fêtes du village, témoignage du modernisme que connut la vallée lorsqu’au 19e siècle Agullana était producteur de chêne liège.

Camarades, Trying to be Lev & Iossif, vidéo, couleurs, son, 14 min 45. Une coproduction de La Infinitac de l’Hospitalet & Les antipodes. Activité du MACBA, Barcelone. Captation vidéo : Sylvestre Gobart et Nath Viktor Film. Montage : Sylvestre Gobart.

Talk. Sandrine Morgante en conversation avec Frank Olbrechts et Herwig Lerouge, Lichtekooi, Antwerpen

Ce 25 octobre, à 20h, le journaliste Frank Olbrechts (Apache) s’entretiendra avec l’artiste Sandrine Morgante et Herwig Lerouge, l’un des protagonistes du mouvement étudiant de gauche lors des manifestations de la fin des années 60 à Louvain.

L’exposition Walen bourgeois buiten de Sandrine Morgante met en lumière un aspect méconnu des manifestations étudiantes de mai 68 à Louvain : le rôle du mouvement étudiant activiste de gauche qui luttait pour l’égalité sociale et la lutte des classes. Ce thème reste pertinent aujourd’hui. Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils, comme à l’époque, les fers de lance du changement social ? Et quel rôle l’art joue-t-il dans cet activisme ? Comment les idéaux de mai 68 ont-ils été balayés par la nouvelle droite et les mouvements néolibéraux ? Que nous révèle cela sur les tensions entre l’art, la politique et les structures sociales ? 

Langue : néerlandais et anglais

Sandrine Morgante – Walen bourgeois buiten
Exhibition: 21.09.2024 – 09.11.2023
Heures d’ouverture: Jeudi – samedi, de 14:00 – 18:00

Sandrine Morgante, Bourgeois buiten, la publication

La présente auto-édition de l’artiste Sandrine Morgante est liée à l’exposition personnelle Bourgeois Buiten à Lichtekooi Altspace, Anvers, septembre 2024. Il s’agit d’un fac-similé d’une sélection de numéros de Ons Leven, journal du KVHV Leuven parus entre le 30 septembre 1966 et le 2 mars 1967, revu et augmenté d’illustrations personnelles.

Le projet d’exposition est inspiré par le récit d’Herwig Lerouge, étudiant à Louvain lors des révoltes de 1966-67 et militant de gauche.

Valérie Sonnier, Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue, Mouthier-Haute-Pierre

Valérie Sonnier, photogramme

Peindre, dessiner, filmer la vallée de la Loue : Valérie Sonnier expose en compagnie de Jérémy Liron et Raphaël Renaud au Manoir, centre d’art et de villégiature à Mouthier-Haute-Pierre. Nous ne sommes pas loin d’Ornans, terre natale de Gustave Courbet. Tout naturellement, les trois artistes sont parti sur ses traces au fil de la vallée de la Loue. Courbet s’est échappé des normes traditionnelles de la peinture en subordonnant la description de la nature à une expérience éminemment personnelle. Ses motifs furent principalement ceux de sa région natale, la Franche-Comté. La vallée de la Loue, ses grottes et ses sous-bois, furent ainsi inlassablement visités comme autant de repères nécessaires à l’équilibre de sa peinture.

Exposition du 19 octobre au 14 décembre 2024