Archives mensuelles : mai 2024
BAD + Bordeaux, les images (1)
BAD+ Bordeaux, Michel Assenmaker, Jacqueline Mesmaker, preview
BAD+ Bordeaux, Valérie Sonnier, John Murphy, preview
Jean Auguste Dominique Ingres, Jacques-Louis David, Charles Garnier, Géricault, Jean-Baptiste Carpeaux, André Dunoyer de Segonzac, Brancusi, César, Delacroix, Henri Matisse, André Masson, Gustave Moreau se sont certainement promené par ici. François Mansart, Charles Lebrun ou André Le Nôtre aussi. Tous trois ont participé à l’embellissement des lieux. Nous sommes dans le jardin de l’Hôtel de Chimay, propriété de l’École des Beaux-Arts de Paris, là même où Valérie Sonnier enseigne le dessin morphologique depuis 2003. Il était logique, voire attendu, qu’elle se mette un jour en quête de l’esprit des lieux.
John Murphy s’est également intéressé aux dessins des Tiepolo et à la figure même de Pulcinello, cette collection de personnages, car Pulcinello est multiple et même nombreux, tout en étant, en quelque sorte, qu’une seule existence qui mange des gnocchis et fait des lazzis, toutes ces sortes de plaisanteries burlesques, grimaces et gestes grotesques. Déjà en 2006, alors qu’il fait sienne cette image extraite de La Grande Bouffe, la « grande abbuflata », de Marco Ferreri (1973), séminaire gastronomique et suicide collectif de quatre hommes fatigués de leurs vies ennuyeuses et de leurs désirs inassouvis et qui bouffent dès lors jusqu’à ce que mort s’ensuive, John Murphy rapproche ce plan où l’on voit Ugo Tognazi s’apprêtant à donner la pâtée à Michel Piccoli de quelques dessins des Tiepolo, père et fils, Giambattista et Giandomenico : des Pulchinello masqués, ventrus, pansus, bossus, constamment occupés à cuisiner des gnocchis, à les manger, à les digérer, à les déféquer. Plus récemment, John Murphy a sélectionné une série des dessins de la vie de Pulcinello, ce divertissement pour les jeunes gens. Tout l’art de Murphy consiste à rassembler une constellation de signes révélateurs d’une expérience poétique. Il dialogue sans cesse avec des œuvres existantes provenant pour la plupart d’un corpus littéraire, pictural, cinématographique. En ce cas, il a fait des copies de certains de ces dessins de Giandomenico Tiepolo et les a masqué, les recouvrant du sfumato d’une couche de gouache blanche. Ensuite, à la plume, il a retracé les motifs sous-jacents qui l’intéressent, comme s’il désirait nous révéler le secret de Polichinelle, sans aucun doute Pulchinello lui-même, affublé de son masque, doté de son gros nez crochu, portant sur la tête un étrange chapeau, sommet de sa difformité, revêtu de son costume blanc et spectral, confondu à la gouache, personnage grotesque, touchant et effrayant à la fois, sans cesse au bord de la chute entre une invivable tragédie de la destinée et le comique des situations, la comédie comme inéluctable répétition du caractère. A la fois, Murphy ravive le souvenir des dessins de Domenico Tiepolo, les révèle et s’en écarte, les efface, ne conservant que ce qu’il estime nécessaire à son propos. La compagnie des polichinelles s’affaire et s’agite, se montre du doigt. Rien pourtant n’empêchera la perte, la chute, la fin en soi. Le sublime et le grotesque se côtoient, l’un et l’autre évoquent la finitude de la condition humaine, ce dévalement de la vie qui se dissout dans la multiplicité et l’affairement.
Alevtina Kakhidze, Dad, i’m in Odesa, Odesa National Fine Arts Museum
Alevtina Kakhidze expose le projet présenté à la récente biennale de Malte au Musée National des Beaux-Arts d’Odessa.
Dad, I’m in Odesa
Alevtina Kakhidze est retournée à Odessa au début de cette année 2024 afin d’y réaliser un film qu’elle se propose de montrer à Malte où elle occupera le pavillon national ukrainien de la toute jeune biennale d’art contemporain. Son synopsis prévoit de filmer dans deux lieux patrimoniaux qui, actuellement encore, ont échappé aux drones et aux bombes : une ancienne câblerie de la ville portuaire ainsi que l’Académie navale. Distinguant ces deux lieux singuliers, elle part en fait, en quête de ses parents, tous deux décédés. C’est là, à Odessa, qu’ils se sont rencontrés et qu’ils se sont aimés. Son père, de nationalité géorgienne, fut cadet de la prestigieuse école navale. Sa mère, originaire de Donetsk, animée par le seul désir de vivre en bord de mer, a décroché un emploi dans cette corderie, seule façon d’obtenir la Propiska, ce document autorisant à se déplacer dans l’ancien empire soviétique. Réalisatrice et actrice du film, Alevtina Kakhidze investit les lieux, évoque ses parents, les interpelle, se questionne et s’inquiète, fulmine même, danse dans un abri souterrain, colle sous les semelles de ses chaussures dorées quelques billets de banque – souvenir d’une anecdote racontée par son père – et finit par brûler un billet qui, sur sa face, représente le Kremlin. Impeccablement cadré par son ami Roman Khimei, le film accompagne, à Malte, une installation de notes, dessins et photographies : au travers du miroir de l’histoire de sa famille, l’artiste analyse comment un empire a ruiné la vie de plusieurs générations et comment son influence, bien que parfois inaperçue, finit par se manifester.
Ce pacte autobiographique, ce réel vécu, incarné et narré, constitue l’assise de l’ensemble de l’œuvre de l’artiste. Alevtina Kakhidze a hérité de son père un patronyme géorgien. Elle-même est née dans le Donbass. Elle y a été élevée dans la culture russe, dans son incarnation soviétique. A l’origine, elle est donc russophone. Sa famille est le reflet de la politique de russification : alors que sa grand-mère parle ukrainien, sa mère parle russe et élève ses enfants dans cette langue. Cette identité culturelle complexe qu’elle revendique comprend des éléments des mentalités ukrainienne, géorgienne mais aussi ouest-européenne, car si elle vit depuis 2007 à Muzychi, non loin de Kyiv, Alevtina a aussi résidé deux ans à Maastricht, étudiant à la Van Eyck Academie en 2004-2006. (…)
All Good ? 2024, 20 min, Odesa. video performance based on real events. Alevtina Kakhidze, Roman Khimei, Paulo Litovkin, Vadim Khudoliy, Kristina Shyshkaroua, Ga.Eva.
BAD+ Bordeaux, Jacques Lizène, Loic Moons, preview
Emilio Lopez-Menchero, Camarades ! Trying to be Lev & Iossif, Les Antipodes, Agullana
En 2005, Emilio Lopez Menchero réincarne Frida Kahlo. Presque 20 ans après, il s’apprête à rentrer dans la peau de l’un des plus célèbres des amants de l’artiste mexicaine, Lev Davidovitch Bronstein, mieux connu sous le nom de Léon Trotski. Et pour ne pas faire les choses à moitié, l’artiste tentera également d’être Iossif Vissarionovitch Djougachvili, Joseph Staline. Une rivalité, un duel, un face à face entre l’intellectuel juif idéaliste et le brigand géorgien taciturne, entre le flamboyant champion du communisme universel et celui d’une URSS laboratoire politique. « Tout a commencé, explique Emilio Lopez Menchero, lorsque j’ai ouvert un livre hérité de mon grand-père, qui lui aussi a été exilé, une traduction en espagnol de Staline, la biographie écrite par Trotski, son dernier ouvrage avant qu’il ne soit assassiné au Mexique par Ramon Mercader, stalinien catalan et agent du NKVD ». Tenter d’être, le même jour, Lev Trotski et Iossif Staline, tout cela aura lieu en Catalogne, à Agullana, lieu le plus emblématique du grand exode républicain et catalan de 1939. « J’ai appris à danser la Sardana, une danse traditionnelle catalane où les danseurs en cercle se tiennent par la main. Je la danserai au son de l’Internationale », explique Emilio Lopez Menchero.
Camarades, Trying to be Lev & Iossif, est une co-production de La Infinita de l’Hospitalet, centre d’art créé par Jordi Colomer et Les Antipodes, centre de création à Agullana. Ce 25.05.2024.
BAD +, Art & Design Bordeaux, 30 mai-2 juin
La galerie participe à la troisième édition de BAD + Bordeaux Art & Design et exposera des oeuvres de :
- Michel Assenmaker,
- Michiel Ceulers
- Jacques Lizène,
- Jacqueline Mesmaerker,
- Loic Moons,
- John Murphy
- Valérie Sonnier.
Jeudi 30 mai. 13h – 22h (VIP et vernissage sur invitations)
Vendredi 31 mai – samedi 1er juin : 12h – 20h
Dimanche 2 juin : 12h – 19h
Hangar 14, 115 Quai des Chartrons, 33300 Bordeaux
Alevtina Kakhidze, Windows, signs of peace, SCHUNCK, Heerlen, Nederland
Alevtina Kakhidze est l’invitée de SCHUNCK, à Heerlen aux Pays-Bas. Elle y investit les vitrines du bâtiment et expose à la bibliothèque une série de dessins récemment acquise par l’institution. A l’église Saint-Pancrace, elle est commissaire d’une exposition réunissant les oeuvres d’une quinzaine d’artistes ukrainiens.
Alevtina Kakhidze’s drawings, installations and videos deal with identity, the war in Russia-Ukraine, the complex dynamics between East and West, power relations, the role of capitalism and our consumer culture, and cultural contradictions and conflicts.
Alevtina Kakhidze was born in Eastern Ukraine, a region which has been plagued by the Russian-Ukranian war since 2014. Alevtina lives and works in the Kyiv region and made a conscious decision to remain in Ukraine after the invasion of Russian forces in February 2022. Kakhidze’s drawings and texts convey her personal experiences of war in real time and pose searching questions for the actions of the occupying powers. Her work expresses opposition to violence and makes an appeal for peace. In so doing, she not only explores culture, but nature too. After all, plants, even those that are invasive, will grow peacefully alongside native species, so for her they represent a symbol of pacifism. She always adds that “plants are pacifists as much as possible on our planet”. In the spring of 2024 she will be creating a site-specific work in SCHUNCK’s store window. The display window of the former Schunck department store carries some significance for her: in 2005 an installation of her drawings was exhibited here. The very location is symbolic she believes: When I see a shop window with adorable goods, I think it’s a sign of peaceful life. Because if there was a war, no one would put those goods there.
There is a whole generation of artists in Ukraine who have a voice, and deserve to be heard. With this in mind, Alevtina Kakhidze is bringing works by 14 different Ukrainian artists, which will be displayed at St Pancratius Church under the title ‘What hinders a sermon becomes one’. In line with the venue, all the selected artworks are in relation to concepts or practices that have an association with the Catholic faith, with themes such as bread, wine and heaven. For instance, there are recordings of an artist leading soldiers in prayer at the front. But there is also a work made of glass shards, the result of war. The artist collects the shards from bombed-out houses and tries to restore the objects. Participating artists: Mykhailo Alekseenko, Yuriy Bolsa, Bohdan Bunchak, Yuliia Elyas, Zheka (Yevhen) Holubientsev, Zhanna Kadyrova, Alexander Krolikowski, Volodymyr Kuznetsov, Krystyna Melnyk, Marharyta Polovinko, Stanislav Turina, Tamara Turliun, Tereza Yakovyna en Albina Yaloza.
Alevtina Kakhidze (b. 1973, Zhdanivka (UA)) lives and works in Muzychi (UA). She studied at the National Academy of Fine Art and Architecture in Kyiv (UA) (1999-2004) and at the Jan van Eyck Academie in Maastricht (2004-2006). She has been a UN envoy in Ukraine since 2018 and won the Kazimir Malevich Artist Award (2008), the first prize for the Competition for Young Curators and Artists, Kyiv, Center for Contemporary Art at NaUKMA (2002). She received an Honorary Mention at ‘State of the ART(ist)’ by Ars Electronica and the Austrian Ministry of Foreign Affairs (2023), and won the Women in Arts Award, by UN Women Ukraine (2023). She has taken part in diverse exhibitions across the globe, including Manifesta 10 (2014), Manifesta 14 (2022) and Kaleidoscope of (Hi)stories – Art from Ukraine in Museum De Fundatie, Zwolle (2023). In 2022, SCHUNCK acquired nine of Alevtina Kakhidze’s drawings for its collection of modern and contemporary art.
Opening hours:
Store window: on display for the duration, free admission
SCHUNCK Glaspaleis: Monday-Saturday: 9:00 a.m. – 5:00 p.m., Sunday: 11:00 a.m. – 5:00 p.m.
St. Pancratius Church: Monday-Friday: 9:30 a.m. – 10:30 a.m., Saturday: 2:00 p.m. – 4:00 p.m.
Agenda Mai 2024
Michiel Ceulers
– Incheon (KR), We glitch sometime, Space Imsi, Incheon (KR), curated by Ji Sue, du 19 avril au 4 mai 2024
– Antwerpen (B), Aesthetic Echoes, Plus One, 16 mai – 16 juin 2024
Werner Cuvelier
– Liège (B), Werner Cuvelier, Turner’s sketchbooks (SP XXlX) and other works, galerie Nadja Vilenne
Alevtina Kakhidze
– Kalkara, From South to North, Malta Biennale, MUŻA National Museum of Art, Villa Portelli, 13 mars – 31 mai 2024
– Heerlen (Nl), SCHUNCK Glaspaleis & Sint-Pancratiuskerk, 27 avril – 1er septembre 2024
Aglaia Konrad
– Namur (B), la carte postale, objet de collection, œuvre d’art (commissariat Virginie Devillez), du 30 Mars au 18 Août 2024
– Liège (B), MutantX, Biennale de l’Image possible / BIP, Les Chiroux, du 16 mars au 1er juin 2024
– Bruxelles, Proof of concept: photography, The Briefing Room -, 27 avril – 22 juin 2024
Jacques Lizène
– Metz (F), Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse, Centre Pompidou – Metz, du 31 décembre 2023 au 27 mai 2024
– Lyon (F), Désordres, extraits de la collection d’Antoine de Galbert, MAC Lyon, du 8 Mars au 7 juillet 2024
– Bordeaux (F), BAD+ Salon d’art et de design, galerie Nadja Vilenne, 29 mai- 2 juin 2024
Jacqueline Mesmaeker
– Namur (B), La carte postale, objet de collection, œuvre d’art (commissariat Virginie Devillez), du 30 Mars au 18 Août 2024
– Bordeaux (F), BAD+ Salon d’art et de design, galerie Nadja Vilenne, 29 mai- 2 juin 2024
Benjamin Monti
– Liège (B), Études et Miniatures, galerie Nadja Vilenne, du 10 mars au 5 mai 2024
– St-Amands (B), Bal (Dé)Masqué, musée Émile Verhaeren, du 25 février au 2 juin 2024
John Murphy
– Vienna (Austria) History Tales. Fakt und Fiktion im Historienbild, Gemäldegalerie der Akademie der bildenden Künste Wien, 27 septembre 2023 – 26 mai 2024
Valérie Sonnier
– Bordeaux (F), BAD+ Salon d’art et de design, galerie Nadja Vilenne, 29 mai- 2 juin 2024