Archives mensuelles : septembre 2023
Valérie Sonnier, Place des Vosges Hauteville House, les photographies, les dessins
Michiel Ceulers – Loïc Moons, Cartoon laws of physics, les images (2)
Sandrine Morgante, You Gold Serie, les images (1)
Charlotte Lagro, Zachtloper (Soft Runner), intégration urbaine à Maastricht
Zachtloper (the Soft Runner), oeuvre de Charlotte Lagro, est désormais installée en permanence à Maastricht dans le quartier du Sphinx. Sculpture de 33 mètres de long et de 3 mètres de haut réalisée à partir de pylônes de circulation, Zachtloper est une invitation pour les piétons et les institutions environnantes à se relier à l’espace, ainsi qu’à la sculpture elle-même. L’idée est née de la marche quotidienne de Charlotte Lagro entre son domicile et son atelier. J’ai grandi à Maastricht, explique l’artiste, et je visite souvent le quartier du Sphinx. J’ai travaillé comme bénévole au cinéma Lumière pendant de nombreuses années et j’ai connu toutes les phases de développement du quartier. L’œuvre a été réalisée à partir de pylônes de circulation qui m’ont été donnés par la municipalité et, de cette manière, je veux rendre l’œuvre à la ville et à la communauté. Zachtloper est un passage imaginaire qui dialogue avec l’urbanisme environnant, constitué de poteaux rayés noir et blanc, dépouillés de leur fonction initiale. C’est une déclinaison d’une sculpture plus petite que Charlotte Lagro avait conçu en 2019 pour l’exposition The Studio #1 : Charlotte Lagro – The Fifth Gate au Bonnefantenmuseum de Maastricht Inauguration ce jeudi 28 septembre à 16h.
The Fifth Gate, est un portique constitué de poteaux de signalisation. Libéré de sa fonction et de son contexte quotidien, il prend une forme paradoxale, à la fois cadre et objet, physiquement présent et pourtant immatériel.
Around Video Art Fair, Valérie Sonnier, Place des Vosges Hauteville House
L’amateur qui a déjà approché les œuvres de Valérie Sonnier se doute bien que celle-ci avait de très bonnes raisons de rallier la place des Vosges à Paris avant d’embarquer pour l’île anglo-normande de Guernesey. Les deux lieux sont hantés par le génie hugolien. Victor Hugo résida, en effet, au deuxième étage du 6 place Royale (aujourd’hui place des Vosges) de 1832 à 1848. Et, c’est à Guernesey, après Bruxelles et Jersey, que l’écrivain vécu l’essentiel de ses années d’exil, de 1854 à 1870, plus précisément à Hauteville House, au 38 de la rue Hauteville à Saint Peter Port.
En fait, alors qu’elle fréquente les fantômes depuis de nombreuses années, Valérie Sonnier a décidé d’aller à la rencontre du Victor Hugo du Livre des Tables, de l’écrivain convaincu de l’existence d’une réalité spirite. Initié à cette science nouvelle des tables tournante par la poétesse Delphine de Girardin, Hugo espère pouvoir rentrer en communication avec sa fille Léopoldine, tragiquement disparue, un deuil compliqué et chargé de culpabilité pour l’écrivain, un deuil ravivé par l’exil. Léopoldine se manifestera au clan Hugo le 11 septembre 1853 lors d’une mémorable séance, un désormais classique du spiritisme d’hier et d’aujourd’hui. Très vite Hugo frise l’addiction : il est enragé de ces séances autour du guéridon. Durant deux ans, il se mettra à table tous les soirs, fidèle au système de communication primitif (un coup pour A, deux pour B, etc.) inventé par les sœurs Fox aux États-Unis en 1848, alors que sur le continent, on était depuis longtemps passé à des systèmes moins laborieux, du type cadran alphabétique ou écriture automatique. Au total, Hugo a conversé avec une centaine d’esprits, connus ou inconnus, personnages illustres ou abstractions personnifiées comme le Drame, la Poésie, l’Ombre du sépulcre, le Lion d’Androclès, la Mort. Celle-ci, lors de la séance du 19 septembre 1854 confiera à Hugo que Tout grand esprit fait dans sa vie deux œuvres : son œuvre de vivant et son œuvre de fantôme, ajoutant – et c’est presque du Hugo : Les mots s’effarent, le papier s’agite comme la voile d’un vaisseau dans la tempête, l’encrier devient abîme. Bigre… Parmi les esprits convoqués, on compte Isaïe, Socrate, Hannibal, Aristote, Eschyle, Platon, Jésus, Mahomet, Shakespeare, Molière, Rousseau, Diderot, Voltaire, Marat mais aussi Charlotte Corday, Robespierre, Lord Byron, Louis-Napoléon Bonaparte, André Chénier… Je pense que Valérie Sonnier n’a jamais croisé autant de fantomatiques célébrités, ni rue Boileau à Versailles, ni à Raray, ni au château de Montrésor, ni à Bad Gastein, ces lieux que l’artiste a filmés, dessinés, photographiés, ces lieux vides et peuplés de fantômes qui l’ont hantée.
Valérie Sonnier a donc filmé en Super 8 l’appartement de la place des Vosges et Hauteville House à Guernesey. A Paris, la caméra nous fait découvrir le salon chinois, la chambre de l’écrivain, elle s’arrête sur les portraits de famille, celui de Léopoldine par Auguste de Chatillon, ceux de Georges et Jeanne, celui de Madame Hugo par Louis Candide Boulangé, celui de l’écrivain enfin, iconique, par Léon Bonnat. L’objectif glisse, les plans sont noir et blanc ou mordorés, comme si la caméra traquait l’invisible, l’indicible. Elle s’attarde bien plus longtemps à Guernesey : l’arrivée en bateau à Saint-Pierre-Port, tout d’abord, le jardin, les lignes de Hauteville House, aux terrasses si caractéristiques. On visitera d’ailleurs par le haut, découvrant d’abord le look-out, cette pièce singulière, emblématique, toute en transparence, là où Hugo écrivit Les Misérables. La lumière y est marine. Dans la maison, l’antre, serais-je tenté de dire, le regard glisse sur les objets, les miroirs, les lustres, les tapisseries, les damas, les faïences, les bois gothiques, ce décor somptueux, excentrique, chargé de symboles, spectaculaire et théâtral, un décor composé dans ses moindres détails par l’écrivain lui-même. Ici aussi la caméra quête tant le souffle des esprits que l’esprit des lieux et enregistre l’atmosphère fluidique de l’homme vibrant à sa périphérie… Le diffus, le flou, l’insaisissable, les cadrages étranges, l’illusion aussi, Valérie Sonnier renoue avec les principes de la photographie spirite, cette écologie (ou cette économie) du spectre interagissant avec le milieu des vivants. J’ai lu dans une notice concernant Hauteville House que Victor Hugo avait fait graver sur le banc de pierre du jardin, ce banc qu’il avait voulu orienté vers la France, la phrase suivante : L’immensité dit l’être, l’éternité dit l’âme. C’est tout dire.
Hugo, es-tu là ?
Around Video Art Fair, Brussels, Valérie Sonnier, ces 29-30 septembre et 1er octobre.
La galerie participe à Around Video Art Fair et y projettera le film de Valérie Sonnier : Place des Vosges – Hauteville House. Nous vous accueillerons au Floor 3 Room 320.
SCHEDULES OF THE FAIR:
VIP Preview: (by invitation only) : Friday 29.09.2023: 14h00 – 19h00
Public Opening Days: Saturday 30.09.2023: 14h00 – 19h00 & Sunday 01.10.2023: 14h00 – 18h00
ADDRESS: Moxy Brussels City Center, Rue de Prince Albert 2, Elsene / Ixelles, 1050 Brussels, Belgique.
Sandrine Morgante, You Gold serie
D’une part, la claque de quelques slogans nous enjoignant à pratiquer la performance, la prouesse, la mobilisation totale des ressources individuelles et collectives, cette optimisation qui ne peut que nous amener à la réussite, au succès, au confort et à la richesse. Make it possible, Just do it, Think big, Get rich, do more, High Speed, The beginning of a New Aventure. D’autre part, une série d’entretiens, de conversations, que l’artiste a menés avec des hommes et des femmes souffrant de ce que l’on appelle communément le burnout. Sandrine Morgante investit le champ du syndrome d’épuisement professionnel, désigné par cet anglicisme [ˈbɝnaʊt], un syndrome qui combine une fatigue profonde, un désinvestissement de l’activité professionnelle, un sentiment d’échec et d’incompétence dans le travail, résultat d’un stress professionnel chronique : l’individu, ne parvenant pas à faire face aux exigences adaptatives de son environnement professionnel, voit son énergie, sa motivation et son estime de soi décliner. Dans cette nouvelle série de dessins, intitulée You Gold, Sandrine Morgante dessine littéralement le burnout, reprenant injonctions et confidences, slogans et récits de souffrances. Je suis tétanisée, j’arrive plus à bosser, toutes ces injonctions contradictoires qui vous tombent dessus, j’ai complètement péter les plomb, plus c’est dysfonctionnel et plus vous êtes embarquée dans cette espèce de folie, J’aimerais démissionner, j’en peux plus, j’étouffe, c’est moi qui n’ait pas réussi à gérer la pression… Graphiques performatifs, bulles, trous noirs, majuscules, polices tantôt dynamiques et séductives, tantôt hachées et désordonnées, cris ou murmures, la composition de ces dessins au format d’affiche traduit le choc des mots, la perte de soi, les déflagrations systémiques et toutes ces histoires individuelles.
Michiel Ceulers – Loïc Moons, Cartoon laws of physics, les images (1)
John Murphy, History Tales. Fact and Fiction in History Painting, Akademie der bildenden Künste Wien
John Murphy participe à l’exposition History Tales. Fact and Fiction in History Painting à l’Akademie der bildenden Künste Wien
In autumn 2023, the exhibition History Tales. Fact and Fiction in History Painting will focus on the representation of history with respect to narratives governing national identities. How is the rise and fall of civilizations presented historically? How has human hubris been allegorized in history paintings since the 17th century? And what have been the changes in depictions of myths, heroes and heroines, rulers male and female, and decisive historical events up to the present day – in the light of technological change and the invention of photography and film?
The exhibition examines the history painting with a view to the historical Art Collections – Paintings Gallery, Graphic Collection, Plaster Cast Collection – on the one hand and works by contemporary artists on the other. In so doing, it will shed light on the capacity of the history painting and its variations in the media age to oscillate iridescently between fact and fiction and its potential for focusing on historicity as an artistic theme in its own right.
Venue: Academy of Fine Arts Vienna, Paintings Gallery, Schillerplatz 3, 1010 Vienna.
27.9.2023–26.5.2024 Daily except Monday, 10–18 h
More information about the content of the exhibition can be found in the > Press Release pdf