Chaque année, Paréidolie, Salon international du Dessin contemporain, consacre son Second Rayon au dessin érotique.
Archives mensuelles : août 2023
Paréidolie Marseille, preview, Gaetane Verbruggen
Peintre et dessinatrice, Gaëtane Verbruggen développe un travail tout en silence sondant le secret des images. Ses fusains et dessins évoquent des lieux oubliés, remplis d’histoire, dotés de lumière diffuse et intimes, des lieux qui nous permettent d’imaginer un passé, un historique fictif. Le tableau est une fenêtre ouverte. Où se trouve dès lors, si seulement elle existe, la limite entre la réalité et l’imagination ? Pouvons-nous jongler avec le visible et l’invisible produit par une lumière naturelle ? Gaëtane Verbruggen convoque l’intime et le public, le perceptible et l’imperceptible.
Paréidolie Marseille, preview, Valérie Sonnier
Bâti entre 1791 et 1794 d’après les plans de l’architecte salzbourgeois Wolgang Hagenauer, pour le compte du prince archevêque de Salzbourg Colloredo, l’hôtel Badeschloss, situé tout à côté de la cascade de Gastein à Bad Gastein n’est plus que le fantôme de lui-même lorsque Valérie Sonnier le découvre en 2015. Ce château des Bains de plan quadrangulaire, quatre étages et sept travées de style classique, a pourtant eu longtemps fière allure. Surélevé, on y accède par deux monumentales volées d’escaliers. Son élégant portail est bordé de pilastres aux décors serpentins conçus par l’architecte Anton Högl. Etablissement thermal dès 1807, reconstruit en partie en 1857, caserne à l’époque de la première guerre mondiale, ce petit palais redevient grand hôtel où se croisent élégantes et aristocrates dès le début des années 20. L’empereur allemand Guillaume Ier le fréquenta régulièrement pour une bénéfique et annuelle cure estivale. Élisabeth de Wittelsbach, mieux connue sous le nom Sissi, chère au cinéaste Ernst Marischka, séjourna également à Bad Gastein.(…)
Paréidolie 2023, Marseille, Jacques Lizène, preview
Paréidolie Marseille, preview, Alevtina Kakhidze
Alevtina Kakhidze vit à la campagne dans la région de Kiev. Elle fut l’une des premières à descendre dans la rue en 2013 à l’occasion de ce qui est devenu le mouvement Maïdan, une révolution de la dignité, dit-elle, et elle y restée pendant trois mois et demi. Depuis, elle témoigne au travers de ses dessins et de ses performances, de l’expérience incommunicable de la guerre. Les dessins d’Alevtina sont des notes mentales, des journaux intimes autant qu’un essai philosophique fragmenté qui sonde ce qu’elle a appris de la philosophie occidentale (Kant, Hegel, Arendt) et ce qu’elle vit depuis le début de la guerre en 2014. Elle est elle-même originaire du Donbass. Une grande part de ses recherches concerne l’observation des plantes, dans son jardin mais ailleurs aussi. C’est une recherche philosophique sur le comportement des plantes natives et des plantes invasives, métaphore ô combien riche de sens.
Lettre 1
Le 24 février aura lieu un événement qu’on appellera en anglais Russian Invasion of Ukraine. On me téléphonera de tous les coins du monde pour me proposer de m’enfuir dans un pays en paix. Et moi, je me comporterai comme une plante, je resterai sur place malgré les tirs. Ne pas fuir ! Je descendrai quand même dans la cave où l’on garde des betteraves et du chou, et j’y resterai allongée en me cachant des combats entre l’armée russe et les forces armées ukrainiennes.
Identifier des plantes invasives, sur fond de nouvelles annonçant que les chars russes avancent dans ma direction, créera un sentiment fort d’expérience commune avec les plantes indigènes : les espèces invasives s’affranchissent facilement de l’espace et du temps, envahissant de nouveaux territoires, et les espèces indigènes souffrent de ces étrangers, et certaines disparaissent à jamais.
Lettre 2
En mars, l’armée russe occupe des villages à 5 kilomètres de chez moi…
Je me rappellerai une histoire qui s’est passée en 2014, quand la Russie a déclenché la guerre avec l’Ukraine en envahissant une partie du territoire à l’est du pays. Mes voisins me disaient : « Pouvons-nous couper cette plante près de votre studio ? C’est un occupant ! » Je leur redemande : « Cette belle plante-là ? ».
– C’est l’herbe à la ouate (Asclépias Syriaca), c’est une plante invasive.
– D’où vient-elle, si elle est invasive ?
Je la couperai moi-même et la ferai sécher. Plus tard, à l’autre bout du monde, je verrai l’herbe à la ouate « chez elle », là d’où elle « vient ». Et là-bas, ce n’est pas une envahisseuse ; c’est « l’héroïne locale » de l’État du Kansas, on l’appelle Milkweed ! Les papillons Monarque de la sous-famille des Danainae existent grâce à l’herbe à la ouate : ils boivent le nectar de ses fleurs et nourrissent leurs chenilles de ses feuilles. Les militants écologistes de cet État, qui se soucient de la protection des papillons, ne comprendront probablement pas les demandes de mes voisins de couper l’herbe à la ouate.
Lettre 3
L’herbe à la ouate arrivera en Ukraine pour les besoins de la production industrielle, ce qui ne sera pas couronné de succès. Elle deviendra sauvage, elle s’échappera des jardins botaniques, retournera à la nature, commencera à vivre sa propre vie…
Et la vie de cette plante en Ukraine se révélera dominante, privilégiée, ce sera une vie sans ennemi, en dehors de tout système de contrôle et d’équilibre… Car il n’y aura rien pour remplacer les papillons Monarque qui l’affaiblissent en en mangeant des parties.
Puis-je dire quoi que ce soit de la vie des créatures si je ne suis pas une plante ?
C’est la même chose avec le Solidago. Cette plante se comporte en Ukraine comme une plante invasive, une étrangère, une occupante, une envahisseuse, une colonisatrice…
J’ai observé ses racines, il n’y a pas de place pour d’autres plantes, elle produit jusqu’à 300 rejets par mètre carré ; elle est sur le point de grimper dans mon studio. « Chez elle », en Amérique du Nord, elle est « contrôlée » par les grands animaux herbivores ; en Ukraine, seuls les escargots résistent.
Lettre 4
En avril, les villages voisins seront libérés. Des armes lourdes y seront utilisées. Des militaires mourront des deux côtés, et les civils des villages ukrainiens mourront aussi.
Mais les plantes invasives, contrairement aux humains, ne tuent pas instantanément les espèces indigènes, pensais-je devant deux tombes situées dans mon village. L’une d’un fusillé à un checkpoint et l’autre qui a sauté sur une mine.
Les plantes invasives suppriment les plantes locales, mais c’est une confrontation sans effusion de sang. Les plantes n’ont pas de sang, seulement une sève vert clair. Avec leurs racines plus longues, elles absorbent les éléments nutritifs et l’eau, et avec leurs feuilles plus grandes, elles bloquent le soleil, adaptant l’espace pour elles-mêmes, un espace dans lequel il n’y a plus de place pour les plantes indigènes.Mais les plantes ne tuent pas immédiatement, et c’est tout ! Lorsque les troupes russes étaient proches, j’ai écrit sur la porte de mon atelier : “Prenez exemple sur les plantes, ce sont les pacifistes de cette planète. Autant que faire se peut !”
Lettre 5
Comment les plantes locales peuvent-elles se protéger des plantes invasives ?
Je ne suis pas en mesure de prouver que les plantes se posent cette question.
– Est-ce que nous pourrions armer les plantes locales pour qu’elles puissent s’opposer aux plantes invasives ? J’appelle le botaniste de Kyiv, en espérant qu’il va bien, car quand on est en Ukraine en ce moment, on n’est jamais sûr de l’instant suivant.
– On ne peut pas, elles sont pacifistes. Et j’ai vu, au journal télévisé, la phrase écrite sur votre porte… D’habitude, les gens peuvent limiter l’invasion des espèces invasives en retournant la terre, en utilisant de l’amitrole et du glysophate, contre l’herbe à la ouate, par exemple
Et si nous commencions à manger les plantes invasives, comme les chenilles des papillons Monarque mangent l’herbe à la ouate, ou comme les grands herbivores qui mangent le solidago ?
Lettre 6
Je ne peux pas affirmer que les plantes locales attendent de l’homme qu’il les sauve.
Dans toutes les hypothèses d’invasion des espèces sur notre planète, c’est l’homme le coupable. Les invasions d’espèces végétales commencent lorsque les gens construisent des bateaux, puis des avions… (extrait des définitions des invasions de plantes).
Je ne peux pas dire que les plantes demandent des comptes à l’homme à cause de sa culpabilité.
L’herbe à la ouate poussera en juin, je couperai les jeunes tiges de cette plante et je les mangerai comme si j’étais le papillon Monarque. Je la ferai frire avec de l’huile et de la farine de maïs. Je l’affaiblirai en mangeant ses parties
Lettre 7
En juillet, je redescendais au sous-sol en raison d’un raid aérien annonçant des missiles russes.
Voici ce qu’on pouvait lire dans les journaux à l’époque : “les envahisseurs russes continuent de voler le blé ukrainien”… « Il y a longtemps que le monde n’a pas connu de guerre sur le territoire d’un pays qui nourrit une bonne partie de la planète ».
À ce moment précis, j’ai pensé : nous devons continuer à travailler sur le développement du blé vivace, je crois que c’est le M34085, qui s’est arrêté en 1937. Ce blé est similaire à celui développé à Salina (Kansas). Mon cœur battait la chamade lorsque j’ai touché sa tige : On pourrait venir au champ à chaque saison, comme on le fait avec un pommier, et le couper pour le pain, le beurre et le déjeuner !
Lettre 8
Le blé pérenne a des racines aussi longues que les arbres, il n’émet donc pas de CO2 comme les annuelles qui couvrent tous nos champs. Je discute mentalement avec Bruno Latour, qui a appris en même temps la nouvelle de la guerre en Ukraine et celle de la parution du dernier rapport sur le changement climatique, et qui n’arrive pas à savoir laquelle de ces deux tragédies il faut privilégier dans l’immédiat : Ha-ha-ha ! Je vous conseille de choisir la guerre en Ukraine comme tragédie n° 1 – à cause du sud et de l’est occupés, qui font l’objet de combats. Nous y cultivons du blé et du tournesol, et il est possible de les remplacer par des plantes vivaces, ce qui permettrait de réduire les émissions et d’enrayer la crise climatique.
Je quitte la cave et j’appelle le botaniste de Kiev, en espérant qu’il va bien, car lorsque vous restez en Ukraine, vous n’êtes pas sûr de l’instant suivant :
– Si nous avons plus de plantes vivaces dans les champs, cela arrêtera-t-il l’invasion des plantes envahissantes ?
– Oui, il leur sera plus difficile de s’immiscer…
Alevtina Kakhidze, Invasives, récit graphique, 27 feuillet A4, technique mixte sur papier, 2022
Paréidolie Marseille, preview, Raphaël Van Lerberghe
Raphaël Van Lerberghe étend une géographie faite d’images, de dessins et d’installations toujours en résonance avec leur lieu d’exposition. De l’espace investi, il cherche à créer du sens. Un langage polyphonique en résulte, toujours singulier et surprenant. II organise plutôt la présence des images et jamais ne les épuise. Jouant malicieusement sur la transparence, la disparition ou la surinscription, Raphaël Van Lerberghe brouille les pistes et fait obliquer Ie regard en deçà ou au-delà des certitudes que nous nous étions promises. Pénétrer cet univers, faire sienne la fragilité qui s’en dégage, c’est immanquablement se prendre au piège d’une expérience, se surprendre d’une énigme, réhabiliter l’insu comme source du visible et du pensable. Évadé du surréalisme hennuyer d’abord, Bonnie & Clyde à lui seul, Van Lerberghe est parti avec tout le butin sans demander son reste.
Paréidolie 2023, Marseille, salon international du dessin contemporain, ces 1,2, 3 septembre.
La galerie Nadja Vilenne a le plaisir de d’annoncer sa participation à la dixième édition de Paréidolie, salon international du dessin contemporain à Marseille. Rendez-vous les vendredi 1er, samedi 2 et dimanche 3 septembre 2023 au Château de Servières.
Vendredi 1er septembre : Vernissage public 16h-20h
Samedi 2 & dimanche 3 septembre : Ouverture au public 11h-19h
Nous montrerons des oeuvres de Alevtina Kakhidze, Jacques Lizène, Valérie Sonnier, Gaétane Verbruggen et Raphaël Van Lerberghe.
11-19 boulevard Boisson – 13004 Marseille
Aglaia Konrad, Mystery 3 Elefsina Mon Amour Elefsina, les images
A propos de OBSTAKLES, la dernière production d’Aglaia Konrad, Katerina Gregos, commissaire de l’exposition Mystery 3 Elefsina Mon Amour : in search of the third paradise, écrit ceci :
Since the early 1990s, Aglaia Konrad’s photographic practice has examined the social, economic, political and historical parameters that shape architecture, public space and human geography in large urban centres and their environs. In particular, she focuses on the impact of globalization and rapid economic growth on urban space, observing the transformations taking place therein, in a series of homogenized non-spaces (suburbs, urban centers, transportation hubs). Konrad’s new photographic series OBSTAKLES (2023) is based on research in Elefsina and the wider areas of the Thriasian field that define and determine the routes of the distribution of goods. From the port of Piraeus where they arrive, to the hinterland of Elefsina where they are distributed and spread all over Europe, the Fyli landfill, where material waste is collected, the TITAN Cement industry, Hellenic Petroleum, and Chalyvourgiki steel mill and further afield to Salamis island, Aglaia Konrad documents the traces, effects and processes (political, physical, structural) of continuous commercial activity and its intersections with the environment, cultural heritage and social relations. Visual fragments and elliptical signs of consumer society and the supply chain make up the visual vocabulary of the OBSTAKLES series. Konrad observes and documents the multiple, intertwined mechanisms of production, distribution and disposal of goods, which take the form of a perpetual cyclical process in late capitalism. Her gaze departs from the logic of conventional representation and landscape photography, with the focus on places as lived spaces, emphasizing, rather, the need to analyze issues of landscape, architecture and interaction through a multi-level investigation that touches on intimate aspects of human history and culture. For the artist, her own artistic practice cannot be separated from the architectural particularities of the space where she presents her photographs. OBSTAKLES takes into account the specific space of the X – Bowling Art Center, and is presented in large double-sided circles, creating an architectural rhythm that disrupts traditional photographic forms of presentation, while reflecting the circular nature of the subject matter itself. The circle evokes: the wheel, coins, a clock, binoculars, or a flashlight while suggesting movement, rhythm and performativity. Finally, as part of her solo presentation at X – Bowling Art Center, Konrad also presents three videos which highlight the complex, very particular landscape of Elefsina: the antiquities, the urban construction and the sea surrounding the area, with close-ups of the circular ripples, a commentary on the ecological impact of tourism and overdevelopment.
Aglaia Konrad s’explique à propos de cette nouvelle production :
The work was specially developped for this very particular space. Its part of my artistic practise to work with and from out the space and in the case of Bowlingspace
I didn’t want to divide the space by walls but use the existing columns structure (an analogy to the ancient columns). I want the visitor to experience the work and the architecture of the space where its exhibit, work and display become inseparable.
The big circles are the work, caring the images and constructing a temporary architecture in the space. And there is no front or back you can walk through the space and see different imagery, as the circles are carrying images on both sides.
The narrative is a human activity looked at in the landscape of what I call the ‘banana’, reaching from Elefsina to Piraeus, a banana of human history starting at the archeological site in Elefsina going to Piraeus, as an example. A narrative of production, distribution, consumption, economies, ecologies, landscape. Products being delivered at the port of China in Piraeus, transported to Elefsina for further distribution throughout Europe,
Departure for the circles was money, round are the coins of early civilisation and round is the image of a bitcoin. But also a photographic lens, an zoom, a wheel, a clock etc
Like the scattered stones lying around purposelessly, the chain of industrial economical activities have sprawled over the landscape, with its daily routine from mythological past til ultramodern service industries. A hebdomeros feeling of time being past and passing.
Trade – Retail – Landfill – Walls – Sea – Migration – Ruins, decay, entropy….