La galerie est accessible ces week-end des 1er et 2 mai 2021, de 11 à 18h
Week-end de finissage de l’exposition, les samedi et dimanche 8 et 9 mai.
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De Page en page est un chantier d’écriture ouvert à Ganges en 1990 et achevé à Bruxelles en 1993. Une sélection de quelques pages a paru en 1993 aux éditions Camille Von Schulz. Jacqueline Mesmaeker a décidé d’en montrer aujourd’hui l’intégralité des pages, rectos et versos, face et dos, dans leur état brut, tapuscrit, collages de textes et de dessins, des suites sautillantes, de page en page, une poétique minimale en séquences, une véritable réflexion, au delà de toute narration, sur les limites entre texte et dessin, entre signe graphique et scriptural. Les pages sont affichées au mur, une longue suite de près de 200 versos et rectos. Elle se lit autant qu’elle se regarde, acquiert ainsi une monumentale légèreté, qui sied à l’attitude de l’artiste. De Page en page se situe au cœur même des pratiques graphiques de l’artiste, une perpétuelle interrogation fondamentale sur le statut même du dessin, des territoires que celui-ci peut investir. De Page en page est également le réceptacle de ces multiples petites fulgurances qui tissent l’ensemble de son œuvre.
Dans son texte intitulé « Drawing’s Adventure in Wonderland » Raphaël Pirenne écrit :
(…) Dans ces oeuvres dont la base est pour chacune d’elles un livre publié, l’artiste travaillera en effet sur la limite qui sépare et réunit signe graphique et signe scriptural ; un travail déjà présent dans une oeuvre antérieure, dans le livre d’artiste ayant pour titre De Page en Page. Pendants et vis en face publié en 1993. Dès les premières pages, Jacqueline Mesmaeker inscrit un jeu de correspondance et de permutation entre dessin et lettre. Sur une page de gauche est ainsi écrite la phrase : « Aujourd’hui j’ai appris la lettre » tandis qu’un cercle imparfait est dessiné au trait en dessous. Ce dessin devient lettre sur la page de droite avant de se transformer à son tour. La phrase « Mon nom se termine par o – le tien par c » est alors accompagnée par un cercle équivalent à la lettre o (de Justino) tandis que ce même cercle devient c par soustraction d’une partie du trait. Ce jeu de glissement entre signe graphique et signe scriptural – où d’une certaine façon la lettre o dut retrouver un état transitoire de signe graphique, de dessin, pour devenir lettre c – prend également une nouvelle tournure sur la double page suivante. Sur la page de gauche est écrit : « Ce qui change c’est ce que nous voyons », avec dessiné au-dessous deux arcs de cercles se chevauchant tout en étant décalés, tandis que sur la page de droite est écrit : « Ce qui change c’est les valeurs renversées ». Ce, alors que les deux arcs de cercle sont renversés et qu’est ajoutée une dernière phrase, ponctuant la page : « La lune derrière les lilas blancs ».
Ces multiples jeux de correspondance et permutation mettent en oeuvre une forme de neutralisation des signes graphiques et scripturaux : où le dessin devient lettre pour redevenir dessin et ensuite lettre, où la signification que l’on peut accorder à l’un ou à l’autre, au dessin ou à la lettre (cercle et/ou o, arc de cercle et/ou c, double c et/ou lune) ne se fige jamais mais se relance sans cesse. Cette opération n’est pas sans faire penser à ce que mit en place Georges Bataille dans son roman Histoire de l’oeil, tel que le décrit Roland Barthes, où l’oeil est pris dans un mécanisme de substitution, remplacé qu’il est, dans cette chaîne substitutive et métaphorique, tour à tour, par un oeuf, un soleil, un testicule, etc29. S’inscrit de la sorte une mise en crise du sens, de la signification que l’on peut assigner à chacun des signes, qu’il soit ici graphique ou scriptural. Mais De page en Page indique également qu’il est avant tout question d’une expérience de lecture – « Ce qui change, c’est ce que nous voyons » écrit-elle, la modification n’étant pas de l’ordre de ce qui est inscrit mais de l’expérience que l’on fait de cette inscription. Une expérience à laquelle l’artiste donnera une nouvelle impulsion en 1997, dans Secret Outlines, une série d’interventions réalisées dans différents livres édités. (…)
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Marie Zolamian participe à l’exposition Regenerate, au Wiels à Bruxelles, du 1er mai au 15 août 2021.
Rassemblant un grand nombre d’artistes, Regenerate offre une vision actuelle à la fois joyeuse, critique, prudente et optimiste, au fil d’œuvres récentes créées par des artistes en Belgique (avec des escapades occasionnelles au-delà des bulles et des frontières).
Explicitement ou implicitement, les œuvres sélectionnées témoignent de la revitalisation que l’art peut offrir. En se concentrant sur des productions récentes, le projet explore ce qui a émergé durant cette période teintée d’imprévisibilité et d’isolement, et analyse comment la pandémie et son impact ont, jour après jour, sculpté nos imaginaires.
Artistes
Cecilia Bjartmar Hylta, Elen Braga, Carlos Caballero, Chloë Delanghe, Bram Demunter, Effi & Amir, Eitan Efrat & Sirah Foighel Brutmann, Helen Anna Flanagan & Josefin Arnell, Eva Giolo, Corentin Grossmann, Tom Hallet, Nokukhanya Langa, Eva L’Hoest, Sandrine Morgante, Camille Picquot, Batsheva Ross, Marie Zolamian
La société humaine fait preuve d’une résilience et d’un pouvoir de régénération remarquables. Après chaque cataclysme, qu’il soit provoqué par l’homme, par la nature, ou (comme c’est souvent le cas) par une combinaison des deux, les communautés se relèvent, se secouent et repartent de plus belle. Un processus de reconstruction qui s’accompagne la plupart du temps de bouleversements, mais la remise à zéro des compteurs engendre également toujours de nouvelles priorités et des schémas comportementaux nouveaux.
De tous temps, les artistes ont été d’excellents baromètres de ces périodes de renouveau, ouvrant la voie en témoignant de nos combats et de notre confusion. Ces derniers mois d’isolement social ont offert l’opportunité de se réévaluer, de se questionner soi-même mais aussi de s’interroger sur les comportements de la société, d’imaginer ce qui pourrait devenir le « nouveau normal ». Pour tout le monde, cela a révélé ce qui était superflu, ce qui était essentiel, même si les conclusions tirées sont loin d’être universelles. Il est trop tôt pour savoir quel type de société émergera de la pandémie de Covid-19 – ou quand elle se calmera au niveau global –, mais WIELS saisit ce moment pour explorer de nouvelles formes de présentation publique.
WIELS propose de partager ses ressources avec de nombreux acteurs de sa communauté artistique, créative et intellectuelle. En tant que centre artistique, le WIELS offre avant tout un espace d’attention publique : aux praticiens, à leurs pratiques et idées. Regenerate vise donc à fournir cette attention sous forme d’une plateforme publique accompagnée d’un soutien financier, intellectuel et logistique pour les pratiques qui ne peuvent compter sur les mécanismes du marché de l’art, de plus en plus instables et de moins en moins fiables. À cette époque où le digital ne cesse de gagner du terrain, WIELS privilégie les rencontres interpersonnelles et avec les œuvres d’art, auxquelles les médias sociaux et les interactions en ligne ne pourront jamais se substituer.
Curatrices : Zoë Gray & Helena Kritis
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