Archives mensuelles : septembre 2017

Art on Paper with Bozar, Alevtina Kahkidze, I still draw love, plants and thing

Alevtina Kakhidze

Alevtina Kahkidze est l’invitée d’Art On paper with Bozar et produit pour le hall d’entrée de la foire une installation intitulée « I still draw love, plants and things », coproduction entre BOZAR et Art On paper. L’artiste s’entretiendra avec Sophie Lauwers (Bozar) et Pauline Hatzigeorgiou (Art on Paper), co-curators de l’installation, samedi 9 septembre de 16 à 17h au Bozar Studio. Elle proposera ensuite une performance relative à l’installation produite. Toujours à Bozar Studio, de 18 à 19h.

Le Communiqué de presse :

Pour la 3ème édition du Art on Paper, salon international du dessin contemporain, VO EVENT et BOZAR confirment leur affection pour le dessin et leur désir partagé de valoriser ce médium en invitant un artiste contemporain à réaliser, dans le Palais et en résonance avec le salon, une nouvelle production. Après Henri Jacobs et son projet ‘Vaporisation Crystallisation’ (2016), c’est l’artiste ukrainienne Alevtina Kakhidze qui répondra à la proposition par ‘I still draw love, plants and things’ (2017) (‘Je dessine encore l’amour, des plantes et des choses’), une intervention haute en couleurs, en dessins et en narrations visuelles et sonores. A cette occasion, l’œuvre traversera les différents espaces du Palais par différents supports, environnements chromatiques, dessins illustratifs, pièces vocales et objets réels pour composer une histoire puisant dans l’amour, les plantes et les choses.

For the 3rd edition of Art on Paper, the Brussels Contemporary Drawing Fair, VO EVENT and BOZAR confirm their fondness for drawing and their shared desire to enhance this medium by inviting a contemporary artist to create in the Palais a new work in resonance with the salon. After Henri Jacobs and his ‘Vaporization Crystallization’ (2016) project, the Ukrainian artist Alevtina Kakhidze will respond to the proposal with ‘I still draw love, plants and things’ (2017), a colorful intervention, in drawings and visual and sound narratives. On this occasion, the work will cross the different spaces of the Palais, through various mediums, chromatic environments, illustrative drawings, vocal pieces and real objects to compose a story drawing from love, plants and things.

Lu dans le supplément « Art » de La Libre, ce texte d’introduction de Hans Theys :

Un jardin adulte
Conversation avec Alevtina Kakhidze

Cette année, l’invitée spéciale du salon du dessin d’art contemporain Art On Paper, Alevtina Kakhidze, née en 1973, est une artiste aux multiples facettes dont les dessins, les écrits, les installations, les performances et les vidéos offrent des regards éminemment poétiques sur sa position en tant que personne et qu’artiste au sein d’un monde qui se présente comme la merveilleuse arène d’une incessante recherche d’équilibre entre les choses et les êtres. L’installation de Bruxelles se composera principalement d’une performance ainsi que de dessins muraux et de dessins sur papier. L’un d’entre eux dépeint sa mère, assise sur un petit tabouret dans son jardin. À l’arrière-plan, on aperçoit d’étranges pots de fleurs rouges qui semblent faire partie du jardin, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive qu’il s’agit en réalité de représentations stylisées de tirs d’artillerie. Le dessin est accompagné d’un pot de confiture rempli de millepertuis perforés séchés (hypericum), une plante à fleurs jaunes qui n’aime pas qu’on lui dicte sa vie (il n’est pas facile de l’introduire dans un jardin) et est utilisée comme antidépresseur. Alevtina Kakhidze l’a cueillie dans son propre jardin. « L’installation s’intitule “I still draw love, plants and things” (Je dessine toujours l’amour, les plantes et les choses) », explique Alevtina Kakhidze. « Le mot “toujours” indique que mon regard sur la vie a été perturbé par la guerre (les actions militaires de groupes pro-russes et antigouvernementaux) et par la crise politique qu’a connue l’Ukraine il y a trois ans.
« De manière générale, de nombreuses choses insignifiantes qui m’irritaient ont disparu après la transition qu’a subie mon pays. À mes yeux, un jardin est un système qui reflète le comportement des hommes. Je m’intéresse aux plantes sauvages, agressives. Elles me rappellent des comportements intolérants tels que l’homophobie : l’incapacité à accepter des regards différents sur la vie. En même temps, je les apprécie, car elles n’ont pas besoin qu’on s’occupe d’elles, contrairement aux plantes de culture. En ce qui concerne les jardins, je distingue cinq rôles. Premièrement, on est un observateur. Deuxièmement, un serviteur. Troisièmement, le propriétaire : on en est responsable. On est ensuite un chercheur, puis, enfin, le bénéficiaire de ses cadeaux. Après la libération d’une ville ukrainienne, j’ai demandé aux habitants ce qu’il était advenu de leur jardin pendant l’occupation, qui avait duré 84 jours pendant l’été. Certains m’ont répondu que leur jardin avait été envahi par les mauvaises herbes. Je les comprends, car il était alors dangereux de rester dans son jardin, mais cet abandon forcé révèle la nature dépendante et inaccomplie de leur jardin. Je voudrais créer un jardin adulte, qui puisse prendre soin de lui-même. Dans le cadre de cette exposition, je m’intéresserai au jardin de ma mère, au mien et au Jardin botanique de Bruxelles, dont la structure m’intéresse. Durant la guerre, ma mère ne pouvait pas s’empêcher de se rendre dans son jardin, même lorsque c’était très dangereux. »

Hans Theys, Montagne de Miel, 17th August 2017

Alevtina Kakhidze est née en 1973 en Ukraine de l’Est. Après des études à l’Académie nationale des Beaux-Arts et d’Architecture de Kiev (1999- 2004), elle complète sa formation à l’Académie Jan Van Eyck de Maastricht (2004-2006), ce qui lui permet de séjourner en Europe occidentale et d’y réaliser des projets artistiques avant de retourner dans son pays natal, dans le petit village de Muzychi, où elle vit et travaille désormais et où elle a fondé une résidence à l’attention d’artistes d’horizons et de pratiques variées. Son travail a été l’objet de présentations dans des manifestations internationales d’importance (Whitechapel Gallery,Biennale de Moscou, Manifesta, etc.) et d’acquisitions par des collections privées et muséales (MUHKA).

This year’s special guest of the Art on Paper International Drawing Fair, Alevtina Kakhidze (1973), is a multifaceted artist whose drawings, writings, installations, performances and videos offer us deeply poetic views of her position as a person and an artist within a world that presents itself as the wondrous arena of an ongoing search for balance between things and beings. The installation in Brussels will mainly consist of a performance and wall drawings combined with drawings on paper. In one of those drawings she depicts her mother sitting on a small stool in her garden. In the background we see strange pots with red flowers that seem to be part of her garden, until we realize they are stylized depictions of active artillery. The drawing comes with a jam jar filled with dried Saint John’s wort (Hypericum), a yellow-flowered plant that doesn’t like to be told what to do (it is not easily kept in a garden) and is used as an antidepressant. Kakhidze in her own garden harvested it. Kakhidze: The title of the installation is “I still draw love, plants and things”. The word ‘still’ indicates that my views on life have been affected by the war (the military actions of pro-Russian and anti-government groups) and the three-year old political crisis in Ukraine. In general, a lot of petty stuff that used to upset me has become invisible after to the transition my country underwent. To me a garden is a system, which reflects human behavior. I’m interested in wild, aggressive plants. They remind me of intolerant behavior such as homophobia: the incapacity to accept different views on life. At the same time, I appreciate them because they don’t need care like cultural plants. I distinguish five roles with regard to gardens: Firstly you are an observer, secondly you are a servant, thirdly you are the owner, you are responsible for it, then you are a researcher and finally you are the receiver of its gifts. After the liberation of a Ukrainian city, I asked people what had happened with their garden during the occupation that had lasted for 84 summer days. Some of them told me their gardens had been taken over by weeds. I understand this, because it was dangerous for them to be in their gardens, but this forced abandonment revealed the dependent, unaccomplished nature of their garden. I would like to create an adult garden that can take care of itself. In this show, I will be looking at my mom’s garden, my own garden and the botanical garden of Brussels, of which the structure is quite interesting. My mom couldn’t help but visiting her garden during the war, even when this was very dangerous.

Hans Theys, Montagne de Miel, 17th August 2017

[sociallinkz]

Art on Paper with BOZAR, John Murphy, The Tiepolo series

John Murphy

John Murphy
Not there, 2015
Photocopy, gouache, pen and ink on board, 46 x 54 cm.

« Que Domenico ait commencé le Divertissement au lendemain de l’effondrement de la République ne doit pas surprendre. Il ne s’agissait pas pour lui, comme on a pu le suggérer, de fuir la réalité mais, tout au contraire, d’une proximité avec le réel et l’histoire qui appartient depuis le début à l’histoire du comique. C’est un fait sur lequel il ne faudrait jamais cesser de réfléchir : les comédies d’Aristophane ont été écrites lors d’un moment décisif, ou plutôt catastrophique de l’histoire d’Athènes. En s’enfermant à Zianigo en compagnie de Polichinelle, Giandomenico ne choisit ni la farce, ni la tragédie. Il ne s’agit pas davantage, comme les interprètes le répètent à l’envi, de désenchantement ou de désillusion, mais bien plutôt d’une sobre méditation sur la fin ». Ces phrases sont du philosophe Giorgio Agamben qui a récemment consacré un fort dense petit opus au personnage de Polichinelle : « Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes » s’inspire d’une œuvre tardive de Domenico Tiepolo, ce « Divertimento per li Regazzi », un album regroupant un ensemble de 104 dessins réalisés entre 1795 et 1804, une vie sans queue ni tête de Pulchinello, ce personnage central de la Commedia dell Arte.

John Murphy s’est également intéressé aux dessins des Tiepolo et à la figure même de Pulcinello, cette collection de personnages, car Pulcinello est multiple et même nombreux, tout en étant, en quelque sorte, qu’une seule existence qui mange des gnocchis et fait des lazzis, toutes ces sortes de plaisanteries burlesques, grimaces et gestes grotesques. Déjà en 2006, alors qu’il fait sienne cette image extraite de La Grande Bouffe, la « grande abbuflata », de Marco Ferreri (1973), séminaire gastronomique et suicide collectif de quatre hommes fatigués de leurs vies ennuyeuses et de leurs désirs inassouvis et qui bouffent dès lors jusqu’à ce que mort s’ensuive, John Murphy rapproche ce plan où l’on voit Ugo Tognazi s’apprêtant à donner la pâtée à Michel Piccoli de quelques dessins des Tiepolo, père et fils, Giambattista et Giandomenico : des Pulchinello masqués, ventrus, pansus, bossus, constamment occupés à cuisiner des gnocchis, à les manger, à les digérer, à les déféquer.

Plus récemment, John Murphy a sélectionné une série des dessins de la vie de Pulcinello, ce divertissement pour les jeunes gens. Tout l’art de Murphy consiste à rassembler une constellation de signes révélateurs d’une expérience poétique. Il dialogue sans cesse avec des œuvres existantes provenant pour la plupart d’un corpus littéraire, pictural, cinématographique. En ce cas, il a fait des copies de certains de ces dessins de Giandomenico Tiepolo et les a masqué, les recouvrant du sfumato d’une couche de gouache blanche. Ensuite, à la plume, il a retracé les motifs sous-jacents qui l’intéressent, comme s’il désirait nous révéler le secret de Polichinelle, sans aucun doute Pulchinello lui-même, affublé de son masque, doté de son gros nez crochu, portant sur la tête un étrange chapeau, sommet de sa difformité, revêtu de son costume blanc et spectral, confondu à la gouache, personnage grotesque, touchant et effrayant à la fois, sans cesse au bord de la chute entre une invivable tragédie de la destinée et le comique des situations, la comédie comme inéluctable répétition du caractère. A la fois, Murphy ravive le souvenir des dessins de Domenico Tiepolo, les révèle et s’en écarte, les efface, ne conservant que ce qu’il estime nécessaire à son propos. La compagnie des polichinelles s’affaire et s’agite, se montre du doigt. Rien pourtant n’empêchera la perte, la chute, la fin en soi. Le sublime et le grotesque se côtoient, l’un et l’autre évoquent la finitude de la condition humaine, ce dévalement de la vie qui se dissout dans la multiplicité et l’affairement. John Murphy a conservé quelques petits chiens qui hantent les dessins de Tiepolo. Me reviennent ces quelques phrases écrites par Nietzsche dans le « Gai Savoir » : « J’ai donné un nom à ma souffrance et je l’appelle « chien », — elle est tout aussi fidèle, tout aussi importune et impudente, tout aussi divertissante, tout aussi avisée qu’une autre chienne — et je puis l’apostropher et passer sur elle mes mauvaises humeurs : comme font d’autres gens avec leurs chiens, leurs valets et leurs femmes ».

[sociallinkz]

Jacques Lizène, Art Public Charleroi, Sculpture Nulle en remake, les images

A Charleroi, le renouveau n’a pas de limite. En témoigne cette sculpture nulle, en remake (1980-2017) du Petit Maître Jacques Lizène. Dans le cadre de Art public Charleroi 2017, parcours en Ville Basse, jusqu’au 5 novembre.

Jacques Lizène

Jacques Lizène

Jacques Lizène

Jacques Lizène

Les usines font, bien sûr, partie du paysage mental (et physique) de l’artiste. « Comme je suis né une banlieue industrielle et que je me suis auto-proclamé petit maître, explique-t-il, il fallait que je peigne des paysages d’usines ; mais en leur donnant, bien entendu une dimension supplémentaire d’art nul. Des paysages d’usines, il y en avait déjà suffisamment dans le patrimoine wallon; c’est donc pour cette raison que m’est venue l’idée de réaliser de petites usines à partir des matériaux que fabriquaient ces usines-là. C’est une forme de recyclage, dans un esprit non pas écologique mais poétique… Poétique du nul, bien entendu ! ».
Les sculptures nulles (1980) de Lizène prennent régulièrement l’allure d’usines ou d’archéologies contemporaines, ce qui souvent revient au même. Lizène y introduit dès que possible « le thème de la fumée comme élément sculptural ». Il est d’ailleurs singulièrement que celui-ci soit le plus souvent associé à des fumigènes de music-hall. C’est le burlesque de ces sculptures nulles. La fumée s’échappe donc des cheminées de ces usines, ce que Lizène nommera un art d’altitude pour faire référence à l’art d’attitude. Il lui arrive de les concevoir à l’ « emporte-pièce », en matériaux légers, aussi vites construites, aussi vites escamotées.

[sociallinkz]

Art on Paper with BOZAR, John Murphy, 7-10 septembre

ART ON PAPER 2017 BOZAR BRUSSELS

JOHN MURPHY

La galerie Nadja Vilenne aura le plaisir
de vous accueillir sur son stand 22
Galerie Nadja Vilenne is pleased
to welcome you at booth 22

07.09 > 10.09. 2017

Preview and opening (by invitation only)
Wednesday 06.9 – 7 pm > 11.30 pm

John Murphy

John Murphy, Words fall like stones, like corpses, 2015. Photocopy, gouache, pen and ink on board , 48 × 54 cm

special guest by ART ON PAPER & BOZAR

ALEVTINA KAKHIDZE
I still draw love, plants and things (2017)

Thursday 07.9 – 11 am > 7 pm
Friday 08.9 – 11 am > 7 pm
Saturday 09.9 – 11 am – 7 pm> 10 pm
Sunday 10.9 – 11 am > 7 pm

Terarken rooms,
BOZAR
Rue Ravenstein 23,
1000 Bruxelles

[sociallinkz]