En off de la Biennale d’Istambul qui débute le 4 septembre, Marie Zolamian participe à l’exposition Grandchildren, New geographies of belonging, organisée par le Centre d’Art Depo. Une exposition qui regroupe, tout comme c’était le cas à la biennale de Venise, une série d’artistes appartenant à la diaspora arménienne.
exhibition to take place
from 03.09. till 01.11. 2015 in DEPO / Tütün Deposu Lüleci Hendek Caddesi No.12 Tophane 34425 İstanbulOpening: 03.09 at 19:00 h
Press conference: 03.09. at 16:00 hIn a global context where mobility and the virtual world challenge established identifications with national societies, ethnic groups or religions, Armenians can be considered a good example of a group with a long, cosmopolitan and globalized history. The exhibition GRANDCHILDREN, New geographies of belonging intends to look closer at personal and communal affiliations in the Armenian transnation, the mechanisms that empower and nurture the diasporic identities and its patterns of representation as well.
The today diasporic reality of the Armenians is consequence of different historic events, but no event has influenced the life of Armenians as their tragic fate, their annihilation and deportation under the Regime of the Young Turks in 1915.
Since 2006 a landscape has emerged that encompasses artists cooperating within different structures, realizing virtual visual dialogues followed by real exchanges in the form of exhibitions, symposiums and meetings. During these various events, discussions have focused on the potential to build identities beyond national borders, traditions and languages, the relevance of new media as a field to experiment with different affiliations, art as an expression of new tendencies, how to foster solidarity, or strategies to build collectives, etc. These artists’ approach to Armenia goes beyond the idea of a nation being geographically or genetically defined. Their current reality, result of a process of displacement rooted in the beginning and the end of the twentieth century, is framed trough the tension between a plurality of paradoxes: presences and absences, the richness and opportunities posed by multilingualism and cultural diversity and the cultural spacelessness for “Armenian” contemporary art, the necessity of conserving culture and at the same time the urgent need to shape new cultural landscapes, the chances and traps of an identity nurtured by the shelter of the difference.
Artists: Achot Achot (Yerevan/Paris), Marian Bedoian (Buenos Aires), Talin Büyükkürkciyan (Istanbul), Hera Büyüktaşçıyan (Istanbul), Silvina Der-Meguerditchian (Buenos Aires/Berlin), Linda Ganjian (New York), Archi Galentz (Moscow/Berlin), Karine Matsakyan (Yerevan) Mikayel Ohanjanyan (Yerevan/Florenz), Ani Setyan (Istanbul), Arman Tadevosyan (Gyumri/Nancy), Scout Tufankjian (New York), Marie Zolamian (Beirut/Liege)
Concept and project coordination: Silvina Der-Meguerditchian
Sponsors:
This exhibition is organized in cooperation with the Calouste Gulbenkian Foundation, Anadolu Kültür, the Goethe Institut and the Kultur Akademie Tarabya.
Marie Zolamian
nous partout, 2008
Huile sur toile, 27.3 x 28.7 cm.
D’identité et de souvenance, il est bien sûr question dans la série de peintures «nous partout», inspirée d’anciennes photographies noir et blanc et anonymes. Quatre enfants, une dame, peut-être leur mère, leur grand mère, campent dans treize paysages, dans treize environnements différents, sur le pont d’un bateau, devant une grosse berline, non loin d’une roulotte, tout près d’un château au bord de l’eau, ou d’un moulin, sur un quai sans doute le long de l’eau, un quai de gare aussi, sur la plage, dans le couloir d’une piscine publique, au restaurant enfin. En arrière plan de l’une d’elle, on reconnaît la citadelle de Huy ; la toile agit comme une carte postale. En chaque lieu, sans doute à peine arrivée ou déjà prête à repartir, cette petite tribu pose devant l’objectif suivant un même rituel, où chacun a sa place bien précise. «nous partout», explique Marie Zolamian, c’est cette identité hybride, la cristallisation d’une mixité culturelle, la reconstitution d’un réseau familial perdu, une reconstruction fondée sur la fragilité». «Le temps, signe d’impuissance, écrit encore Michel Guérin, est aussi gage et voie de restitution (autrement) de ce qui s’est échappé d’abord de notre être poreux. Le voyageur veut savoir et il soupçonne que la vérité n’est nulle part ailleurs que dans la dialectique des faits et des idées, de la familiarité et de la distance». Ces toiles ont la simplicité et la sobriété d’intimes photographies de famille ; c’est celle-ci qui, ici, effectue le voyage créateur et s’ancre au fil de ces quelques transhumances que l’on devine estivales.
Marie Zolamian a décidé de repartir de cette série de peintures réalisées en 2007-2008. A Istanbul, elle est partie à la rencontre de grands-mères arméniennes stambouliotes. »Dans une société ou la tradition orale est encore prédominante, dit-elle, où des histoires contradictoires fusent dans tous les sens et pour contrer une histoire écrite uniquement par celui qui en a l’opportunité, je ressens probablement un devoir de mémoire personnelle. Ainsi, la tradition orale inspire mes recherches et j’utilise principalement des histoires de petites gens pour créer des narratifs qui leur sont propres. Il s’agira de voir la ville d’Istanbul, chargée de tant d’histoires, à travers les yeux de mes grands-parents d’un jour. De tenter de comprendre cet autre, marcher à son rythme, adopter son point de vue, son sexe, sa classe, sa culture ». Marie Zolamian dédie ces rencontres au « Vivre ensemble » tel que l’a défendu Hrant Dink. Broyé par les machines follement emballées des passions identitaires antagonistes, Hrant Dink, journaliste turc d’origine arménienne, a créé en 1996 l’hebdomadaire Agos, une flamme bien fragile d’un espoir pour son pays avec ses diverses composantes.
Hrant Dink a toujours souligné sa citoyenneté turque et sa « chance » de vivre en Turquie qui lui donnait la possibilité de comprendre à la fois les sensibilités des Turcs et des Arméniens, une compréhension nécessaire pour la réconciliation de ces deux peuples qui ont partagé mille ans d’histoire commune. Il a affirmé le besoin de démocratisation de la Turquie, soulignant que le règlement du problème arménien n’est qu’un volet de la démocratisation générale du pays. Dans la même perspective, il défendait fermement l’adhésion de la Turquie au sein de l’Union européenne, comme une garantie de la démocratisation. Tout au long de sa vie, il s’est focalisé sur les questions des droits des minorités, des droits civiques et des problèmes concernant la communauté arménienne de Turquie. Il était un activiste des mouvements de gauche et pacifistes. Il a été assassiné le 19 janvier 2007 par un nationaliste turc de 17 ans dans le quartier d’Osmanbey à Istanbul, devant les locaux de son journal bilingue Agos.
[sociallinkz]