Lu dans L’Art Même, cet article de Pascale Viscardy :
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Dès le prochain solstice d’été, l’exposition Le Grand Large – Territoire de la Pensée invite à traverser Mons et à redécouvrir le Grand Large, port de plaisance extra muros. Organisée à l’initiative des Editions Bruno Robbe et de Daniel Dutrieux dans le cadre de Mons, Capitale européenne de la culture, cette exposition réunit vingt-quatre artistes autour d’une proposition originale sur le territoire, et plus particulièrement autour de l’idée du départ en territoire inconnu. Chacun des artistes a réalisé deux œuvres en résonance : un drapeau ainsi qu’une lithographie qui se déplie telle une carte géographique.
Un étrange rituel a débuté le 4 avril 2015 devant l’Hôtel de Ville de Mons, en préalable à l’exposition urbaine « Le Grand Large, Territoire de la Pensée » qui sera inaugurée le 20 juin 2015, en divers lieux, à Mons et sur le site du Grand Large.
C’est au son d’un sifflet de marin que 3 levers de drapeaux hebdomadaires y sont organisés les lundi, mercredi et vendredi à 9h30 par une équipe de 2 personnes de la Gestion Centre Ville. 24 drapeaux originaux créés spécialement pour Mons 2015 par des artistes belges et internationaux y seront présentés progressivement. Le drapeau de Benjamin Monti a inauguré la série et a été hissé du 4 au 8 avril. Ceux d’Emilio Lopez-Menchero et de Jacques Lizène le sont du 11 au 18 mai, celui de Walter Swennen du 5 au 12 juin. Production Bruno Robbe et Daniel Dutrieux.
Jacques LIZENE
Né le 5 novembre 1946 à Seraing, vit et travaille à Liège
Autoproclamé petit maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle, plasticien, peintre, dessinateur, vidéaste, artiste conceptuel comique, Lizène ne cesse de produire des œuvres branlantes, inintéressantes, vaguement humoristiques, généralement stupides mais toujours ancrées dans une critique radicale du système artistique. S’il décide en 1965 de ne pas procréer, fondement de son art d’attitude, cela ne l’empêche pas depuis de concevoir un impressionnant corpus d’idées qu’il décline en « remakes », développant un art qu’il qualifie de médiocre, de presque nul et de sans talent, ce qui coupe court à toute critique de jugement. Jacques Lizène met en turbulence toutes convictions et rejoue sans cesse ce qui paraît acquis.
Emilio Lopez Menchero
Né le 7 octobre 1960 à Mol, Belgique. Vit à Bruxelles.
Hybride belgo-espagnol, architecte, peintre, plasticien, performer, Emilio Lopez-Menchero interroge par sa pratique aux multiples facettes la question de l’identité, celle de l’artiste face à soi-même, celle de l’artiste au coeur de la société. Attentif aux signes émis par les icônes du temps, le corps, qu’il soit normé, cadré par les normes de la société ou qu’il soit agité, celui de l’artiste en performance, est au centre de son travail. Tout comme pour Hans Hollein, pour Emilio Lopez Menchero, tout est architecture, y compris la construction de soi.
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Yar bana bir eğlence: Notes on Parrhesia.
Video Installation, 2015
In the front : Remake of the “screen”, the one of the two props of the Ortaoyunu tradition theater, based on images and drawings in old Turkish books.
A l’étage, dans le Pakhuis de Netwerk, une sélection de clips vidéo explore le thème de la ‘parrhesia’, si important dans les films les plus récents de Kamma. La scénographie, fragmentée et spontanée, joue sur la forme avec un pouvoir analogue à celui des paroles prononcées. C’est évident dans la formidable œuvre sonore « Note Il: Introduction », et puissant dans l’énigmatique installation « Yar bana bir eglence: Seven Notes on Parrhesia ». Aujourd’hui, à l’ère de l’information rapide, la transition de la communication orale à la communication écrite semble occuper une place mineure dans l’histoire cosmopolite. La voix de Karagoz s’est tue au XIXe siècle, quand la satire politique a été interdite. Le pouvoir social du théâtre oral a été étouffé par l’influence du théâtre occidental et par l’écriture. L’installation de Kamma offre au spectateur un espace libre dans lequel réfléchir sur le passage silencieux d’un ancien médium né de la voix du peuple, et qui a bien tenu la route, si on le compare à nos espaces publics numériques, excessivement urbanisés et excessivement contrôlés.
Yar bana bir eğlence: Notes on Parrhesia.
Video Installation, 2015
NOTES I, III, IV, VI, VII
02:08, 04:48 min, 02:46 07:39, 01:45
Written, directed and produced by ELENI KAMMA, in co-production with Jubilee and Netwerk vzw.
Cinematography BORIS VAN HOOF, ELENI KAMMA, ANDREAS HARALAMBOUS, Ilgın Deniz Akseloğlu & Ferhat Tokmak, Sound BORIS VAN HOOF, Jessica van Rüschen, Editing INNEKE VAN WAEYENBERGHE, Sound Design & Mix LASZLO UMBREIT, Script Montage TINA VAN BAREN. With the ‘voices’ of: Euripides Dikaios, Tacettin Dikker, Takis Hadjittofis, Yannis Kissonergis, Thodoris Kostidakis, Anna Maragou, Christodoulos Antoniou Pafios, Panos Panagiotopoulos, Emin Şenyer, Cengiz Ösbek.
Yar bana bir eğlence: Notes on Parrhesia.
Video Installation, 2015
NOTE II, 08:50 min.
The following extract is taken from an incident that took place in Athens in February 2014, during the opening speech of the Greek Minister of Culture for the EU presidency conference “Financing Creativity”. The conference addressed models of cultural policy in the coming decades. As artists were not invited as speakers, Mavili Collective, an Athens collective “committed to produce nomadic, autonomous collective cultural zones that appear and disappear beyond the logics of the market”[1], called for artists from different fields of practice to attend the conference.
Found on the mavili collective’s blog :
n 20th of February 2014, the Greek Minister of Culture and Sports Mr. Panos Panagiotopoulos delivered the opening speech of the EU conference ‘Financing Creativity’ in Athens. This conference seeks to address models of cultural policy in the coming decades. Yet not a single artist was invited as a speaker nor was the conference promoted publicly.
Given this situation Mavili Collective called for artists from different fields of practice to attend the conference. Having been excluded from a dialogue about cultural policies the artists present publicly expressed their feelings regarding the proposed role of culture and laughed. The response of the Minister is revealing.
The Minister of Culture stated in his speech that we need to be more competitive following the economies of China and Middle East since the cost of labour in Europe today is extremely high. The words most frequently used by many of the speakers were: competitiveness, business, industry, product, consumers etc. Mrs Lina Mendoni, General Secretary of the Ministry of Culture and Sports made the crucial statement that ‘Culture is economy’. A vision for the culture that is nowadays expressed openly and indicative of how the Greek State is increasingly abandoning its support of contemporary culture. Instead, as was stated clearly in the conference, the Greek State intends to fund private institutions that will then form the cultural landscape of the country. Does such a policy reflect the wider vision of the EU for culture? Some might say the conference was a fiasco, but was the fiasco the laughter or the cultural policies/narratives being proposed?
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Jacqueline Mesmaeker
L’Androgyne, 1986 – 2013
1. Avion en phase d’approche
Technique mixte, 161 x 35 cm et 210 x 50 cm
2. Navire en détresse
Technique mixte, 51 x 77,5 cm et 157 x 44 cm
A Breathcrystal is concerned with ideas around contamination. The gallery will become a space for cross-pollination, symbiosis and infestation, uncovering intriguing connections and contradictions between a group of international artists and their artworks.
The exhibition will include works by a number of international artists, and is brought to you by guest curator Mihnea Mircan as an extension of his earlier project Allegory of the Cave Painting for Extra City Kunsthal in 2014.
The project was originally inspired by ancient Australian rock drawings – the Gwion Gwion/ Bradshaw paintings. A set of vividly pigmented cave drawings perpetually regenerated by a fungus that inhabits them, causing them to resist conventional dating protocols for thousands of years.
An archaeological study found that the enduring colour of these prehistoric representations is due to the fact that the painted surface has been fully colonized by the fungus. An acid component released by their photosynthesis etches the pictures deeper into the rock wall activating a process of permanent rejuvenation, rendering the Gwion Gwion images as ‘living pigments’.
By conventional standards, such paintings would be considered contaminated yet, in this instance infestation carries new meaning. Bacteria reproduce the paintings and warp the timeline of their existence – probably made 40,000 years ago, but also remaking again now and into the future through the process of contamination.
Life and art, sculpture and painting, the interiority and exteriority of the body, colonialism and modernist emancipation, ritual and scientific observations, prehistory and modernity – the artistic projects brought together in A Breathcrystal purposefully blur these distinctions, cross-breed categories and produce hybrid forms of reality.
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‘Yar bana bir eglence’ est la phrase prononcée avant toute représentation dans le théâtre d’ombre turc traditionnel, le Karagoz. Le thème central de cette forme de théâtre de rue, resté très populaire depuis la fin du XVIIIe siècle, est une interaction amusante entre les deux protagonistes. Hacivat est le personnage éduqué, à l’aise en société, alors que Karagoz est le porte-parole de l’homme de la rue, déchargeant ses opinions dans la ‘parrhesia’. Cette image projetée alimente l’imagination, mais c’est la voix du narrateur qui assure le rôle dominant. Il dit tout haut ce que les gens n’osent pas dire mais souhaitent entendre. Il met sur la place publique leurs doléances à propos des injustices sociales. Il critique librement, depuis l’ombre, les politiciens locaux, et atteint un niveau de liberté d’expression presque surréel dans un régime autoritaire tel que l’était l’Empire ottoman. Pendant sa résidence à Istanbul en 2013, Kamma a été témoin des manifestations civiles du parc Taksim Gezi. Ce qui l’a frappée, c’est qu’un lien clair pouvait être fait entre la forme que prend l’espace public actuellement, et celui qui s’est formé à l’époque ottomane, dans la ‘parrhesia’, la satire politique, la participation et l’humour. Une observation très pertinente qu’elle met à l’oeuvre dans ses travaux les plus récents.
L’oeuvre « Play it, Emin. Walking along the Russian Monument at Ayastefanos », présentée comme un dytique d’images, prend la destruction du mémorial russe d’Ayastefanos le 14 novembre 1914 comme point de départ. Bien que les images documentaires de cette action symbolique nationaliste aient été perdues, l’événement lui-même marque la genèse du film turc. La destruction du monument russe annonce le début de la première guerre mondiale et la fin de l’Empire ottoman. Kamma invite le maître de Karagoz Emin Senyer à recréer cette action dans une pièce de théâtre d’ombres. Il a fondé son interprétation sur du matériel documentaire existant : trois photos et une description de l’événement par différentes sources: les mémoires personnelles du lieutenant impliqué et des journaux. Kamma a tourné dans la région de Florya, où la destruction du monument a eu lieu il y a 100 ans. Ses images se confrontent au travail d’ Emin Senyer, sur l’autre écran, et à une performance évoquant l’événement historique.
Eleni Kamma
Play it, Emin: Walking along the Russian Monument at Ayastefanos
Two channel HD video projection, 14min 19 sec, color, stereo sound, NL, 2014
Concept: Eleni Kamma
Master Craftsman & Shadow Puppeteer: Emin Şenyer
Camera operator: Boris Van Hoof
Editing: Inneke Van Waeyenberghe
Sound Design: Laszlo Umbreit
Script Montage and Editing: Tina Van Baren
Texts/ Excerpts from: Istanbul Encyclopaedia, Ayastefanos Rus Abidesi, Reşid Halid Gönç
Istanbul Encyclopaedia, Rakım Çalapala
Tarih Dünyasi, article by retired lieutenant colonel Y. Bahri Doğançay
Tanin Newspaper, Sunday, November 15, 1914
Tasfiri Efkar Newspaper, November 20th, 1914,
Sabah newspaper, Monday, December 3rd, 2012
Turkish to English Translation: Merve Unsal
Research Assistant: Gulsen D. Akbas
L’oeuvre « It takes courage and breath to speak up », une sorte de prélude à l’exposition, induit, dès le départ. une expérience de pensée. Dans cette œuvre vidéo, Kamma s’intéresse au concept grec de ‘parrhesia’, ou liberté de parole, une notion qui protège l’expression des opinions, mais en même temps, implique une obligation à s’exprimer au nom du bien commun – en dépit de la vulnérabilité que l’individu peut ressentir en conséquence. Le mouvement chorégraphique de la caméra enregistre les mouvements de trois performeurs qui occupent un espace théâtral représentant l’agora. Ils forment. à eux trois, une communauté, et à eux trois, rassemblent le courage de faire entendre leurs voix, pour finalement, se séparer, et trouver chacun un chemin propre.
Eleni Kamma
It takes courage and breath to speak up.
HD video, color, stereo sound, 16:9, NL, 2014, 5 min 59 sec
Concept: Eleni Kamma
Performers: Adaline Anobile, Jaime Vicente Liopis Segarra, Michiel Reynaert
First camera operator: Boris Van Hoof
Grip, dolly operator/audio: Jessica v.Ruschen
Editing: Inneke Van Waeyenbergh
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Lu dans H.ART
Dans ‘Mythologie du naufrage’, titre de l’exposition de Jacqueline Mesmaeker (°1929) à la galerie Nadja Vilenne, on trouve la mer qui peut se confondre avec les étangs d’Ixelles, des bateaux, figurés par de petites surfaces colorées ou denses émergeant d’un milieu indistinctement aérien ou liquide, des nuées d’oiseaux dans un vol silencieux rendu assourdissant par leurs mouvements désordonnés.
La petite installation vidéo titrée ‘Les Antipodes’ prouve que, pour l’artiste, faire naufrage n’équivaut pas à s’échouer sur un rivage, mais plutôt à se perdre dans la mer et à devenir un vaisseau fantôme. Le sous-titre de la pièce est explicite : ‘Si l’on perçait à travers la terre un axe depuis la Belgique, on s’y trouverait à 50° 50’S – 175° 38′ W, dans le Pacifique’, la mer du Nord à l’envers – les vagues en haut, le ciel en bas – devient le Pacifique, le mouvement des vagues est inversé. La marine classique, avec son cadre ouvragé et doré, est en mouvement et la présence fragile du dispositif de projection apporte la distanciation nécessaire.
La double installation ‘L’androgyne’ – une photographie du ciel et une photographie de la surface de la mer – s’appréhende chacune derrière un dispositif en T doté de petites lumières à ses extrémités qui évoque les dispositifs techniques de navigation.
Jacqueline Mesmaeker brouille les pistes sensorielles, elle pratique l’inversion, la diversion, elle transforme images et objets en y glissant des traces infimes. Faire naufrage, c’est se laisser porter par la mer. ‘Melville 1891’ se présente sous la forme d’une projection de grande taille d’un parterre de ‘belles de jours’, avec en son centre, littéralement engloutie dans l’image, une maquette de bateau en balsa et en plâtre. Faire naufrage, c’est aussi prendre des fleurs pour la mer.
La plupart des oeuvres de l’exposition portent deux dates, celle de la conception d’une partie de la pièce et celle, très récente, de sa réinterprétation, une méthode de travail que l’artiste affectionne : peu importe le moment où le dessin a été réalisé, où le film a été tourné, ces éléments peuvent être monté et montrés avec d’autres. L’histoire de chaque élément se tisse avec la situation présente, ouverte à d’autres dispositions encore, sans que rien ici ne relève d’un quelconque hasard. Des mythes courent au sujet des naufrages : des feux destinés à tromper les bateaux à la nymphe Calypso qui usa de subterfuges pour attirer et retenir Ulysse à ses côtés, etc. A première vue, on ne trouve rien de tout cela ici, pourtant il s’agit bien pour Jacqueline Mesmaeker de mettre place des dispositifs qui brouillent le sens commun, et de captiver le spectateur. Olivier Mignon écrivait que chez elle, « les traces abondent d’une volonté espiègle de saboter les entreprises d’une critique globalisante » .
Colette DUBOIS
L’exposition est prolongée au delà du 30 avril
Uniquement sur rendez-vous.
Sauf du 06 au 12 mai
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Dans cette exposition solo, Eleni Kamma dévoile son dernier film, « Yar bana bir eglence: Notes on Parrhesia », complété par un paysage de clips vidéo et une installation autonome distribuée sur les quatre espaces d’exposition. La présentation a été conçue comme un environnement dans lequel les visiteurs peuvent se déplacer librement pour créer leurs propres itinéraires narratifs.
L’oeuvre « It takes courage and breath to speak up », une sorte de prélude à l’exposition, induit, dès le départ. une expérience de pensée. Dans cette œuvre vidéo, Kamma s’intéresse au concept grec de ‘parrhesia’, ou liberté de parole, une notion qui protège l’expression des opinions, mais en même temps, implique une obligation à s’exprimer au nom du bien commun – en dépit de la vulnérabilité que l’individu peut ressentir en conséquence. Le mouvement chorégraphique de la caméra enregistre les mouvements de trois performeurs qui occupent un espace théâtral représentant l’agora. Ils forment. à eux trois, une communauté, et à eux trois, rassemblent le courage de faire entendre leurs voix, pour finalement, se séparer, et trouver chacun un chemin propre.
‘Yar bana bir eglence’ est la phrase prononcée avant toute représentation dans le théâtre d’ombre turc traditionnel, le Karagoz. Le thème central de cette forme de théâtre de rue, resté très populaire depuis la fin du XVIIIe siècle, est une interaction amusante entre les deux protagonistes. Hacivat est le personnage éduqué, à l’aise en société, alors que Karagoz est le porte-parole de l’homme de la rue, déchargeant ses opinions dans la ‘parrhesia’. Cette image projetée alimente l’imagination, mais c’est la voix du narrateur qui assure le rôle dominant. Il dit tout haut ce que les gens n’osent pas dire mais souhaitent entendre. Il met sur la place publique leurs doléances à propos des injustices sociales. Il critique librement, depuis l’ombre, les politiciens locaux, et atteint un niveau de liberté d’expression presque surréel dans un régime autoritaire tel que l’était l’Empire ottoman. Pendant sa résidence à Istanbul en 2013, Kamma a été témoin des manifestations civiles du parc Taksim Gezi. Ce qui l’a frappée, c’est qu’un lien clair pouvait être fait entre la forme que prend l’espace public actuellement, et celui qui s’est formé à l’époque ottomane, dans la ‘parrhesia’, la satire politique, la participation et l’humour. Une observation très pertinente qu’elle met à l’oeuvre dans ses travaux les plus récents.
L’oeuvre « Play it, Emin. Walking along the Russian Monument at Ayastefanos », présentée comme un dytique d’images, prend la destruction du mémorial russe d’Ayastefanos le 14 novembre 1914 comme point de départ. Bien que les images documentaires de cette action symbolique nationaliste aient été perdues, l’événement lui-même marque la genèse du film turc. La destruction du monument russe annonce le début de la première guerre mondiale et la fin de l’Empire ottoman. Kamma invite le maître de Karagoz Emin Senyer à recréer cette action dans une pièce de théâtre d’ombres. Il a fondé son interprétation sur du matériel documentaire existant : trois photos et une description de l’événement par différentes sources: les mémoires personnelles du lieutenant impliqué et des journaux. Kamma a tourné dans la région de Florya, où la destruction du monument a eu lieu il y a 100 ans. Ses images se confrontent au travail d’ Emin Senyer, sur l’autre écran, et à une performance évoquant l’événement historique.
A l’étage, dans le Pakhuis de Netwerk, une sélection de clips vidéo explore le thème de la ‘parrhesia’, si important dans les films les plus récents de Kamma. La scénographie, fragmentée et spontanée, joue sur la forme avec un pouvoir analogue à celui des paroles prononcées. C’est évident dans la formidable œuvre sonore « Note Il: Introduction », et puissant dans l’énigmatique installation « Yar bana bir eglence: Seven Notes on Parrhesia ». Aujourd’hui, à l’ère de l’information rapide, la transition de la communication orale à la communication écrite semble occuper une place mineure dans l’histoire cosmopolite. La voix de Karagoz s’est tue au XIXe siècle, quand la satire politique a été interdite. Le pouvoir social du théâtre oral a été étouffé par l’influence du théâtre occidental et par l’écriture. L’installation de Kamma offre au spectateur un espace libre dans lequel réfléchir sur le passage silencieux d’un ancien médium né de la voix du peuple, et qui a bien tenu la route, si on le compare à nos espaces publics numériques, excessivement urbanisés et excessivement contrôlés.
In this solo exhibition, Eleni Kamma unveils her new film project “Yar bana bir eglence: Notes on Parrhesia” – complemented by an episodic landscape of video clips – and autonomous installations spread out over four exhibition spaces. The presentation was conceived as an experience-focused environment in which individual viewers can move freely to create their own narrative paths.
The work “It takes courage and breath to speak up” features autonomously as a possible prologue of the exhibition, encouraging a thoughtful approach from the start. In this video work, Kamma reflects on the Greek ‘parrhesia’ or freedom of speech, a notion that stands for the expression of opinion while also alluding to an obligation to speak out in service of the greater good – in spite of file vulnerability that the individual may experience as a consequence. The choreographic movement of the camera captures three performers who occupy a theatre space representing a typical public agora. They come together as a community and together summon the courage to voice their thoughts freely, ultimately disbanding to forge their own paths. ‘Yar bana bir eglence’ is the customary opening sentence in traditional Turkish shadow theatre, Karagoz. The central theme in this form of street theatre, which remained immensely popular until the late 18th Century, is the amusing interaction between the two protagonists. Hacivat embodies the better-educated well to do in society, while Karagoz is the outspoken representative of the man on the street, venting his opinions through ‘parrhesia’. This projected image stokes the imagination, but it is the voice
of the narrator that assumes the more dominant role. The narrator utters what the people dare not speak but still wish to hear. He airs their grievances regarding social injustices. He freely criticises from the shadows of local politics, commanding an almost preposterous level of expressive freedom in a totalitarian regime such as the Ottoman Empire. During her residency in Istanbul in 2013, Kamma witnessed the civil protests in Taksim Gezi Park. It struck her that a clear link could be made between the way in which the public space is currently taking -a new shape and how it did so in the Ottoman era: through ‘parrhesia’ and political satire, public participation and humour. A keenly relevant observation of current affairs that she has translated into her most recent work.The work Play it, Emin. Walking along the Russian Monument at Ayastefanos, presented as a diptych of side-by-side images, takes the destruction of the Russian memorial in Ayastefanos on 14 November 1914 as its point of departure. Although the documentary footage of this symbolic nationalistic action is now lost, the event itself is viewed as marking the genesis of Turkish film. The destruction of the Russian monument heralded the beginning of WWI and the end of the Ottoman Empire. Kamma invited Karagoz master Emin Senyer to depict this destructive act in a shadow play. He based his interpretation on existing documentary material: three photos and a description of the event from two different sources, the personal memoires of the lieutenant involved and newspaper reports. Kamma made recordings in the district of Florya, where the destruction of the monument took place 100 years ago. The images are juxtaposed with Emin Senyer’s creative process and evocative performance of the historical event on the other screen.
ln the upper spaces of Netwerk’s Pakhuis, a selection of video clips explore the theme of ‘parrhesia’ that is so prominent in Kamma’s most recent film work. The scenography, fragmented though unforced, plays with form with a power analogous to that of the spoken word. This is very apparent in the rhetorical work Note Il: Introduction, and equally powerful in the enigmatic installation “Yar bana bir eglence: Notes on Parrhesia”. Now, in the rapidly evolving information age, the transition from oral to written communication seems to occupy a minor footnote in cosmopolitan history. The voice of Karagoz was silenced in the 19th Century when political satire was made forbidden. The social power of oral theatre was lost due to the influence of Western theatre culture and the introduction of the written word. Kamma’s installations offer the viewer a free space in which to ref1ect upon the quiet passing of the old medium that was brought to life by the voice of the people, and holds these thoughts up in comparison with our now excessively monitored urban and digital public spaces.
Eleni Kamma
Oh, for some more Amusement!
DI 19.04 — SA 13.06 2015
Netwerk / centre d’art contemporain
Houtkaai 15
9300 Alost
Belgique
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Olivier Foulon
– Aachen (D), Le souffleur, Schürmann meets Ludwig, Ludwigforum, du 22 mars au 31 janvier 2016
Honoré d’O
– Antwerpen (B), Wereldkaarten van de middeleeuwen tot nu, Museum aan stroom (MAS), du 24 avril au 16 août 2015
– Den Haag (Nl), Vormidable, Museum Beelden aan Zee, du 20 mai au 30 août 2015
– Mullem (B), Pass, divers lieux, du 1er mai au 5 juillet
Eleni Kamma
– Aalst (B), Oh, for some more Amusement (solo exhibition), Netwerk, du 19 avril au 13 juin 2015
– Maastricht (PB), Archipelago. La région comme espace d’art, Gouvernement aan de Maas, du 30 mars au 12 juin
– Chypre (Gr), Multiplicities, Art Seen Contemporary Art Projects & Editions, du 28 mars au 9 mai 2015
– Athenes (Gr),Terrapolis,French School at Athens, curated by Neon and Whitechapel Gallery, du 27 mai au 26 juillet
Suchan Kinoshita
– Bruxelles (B), Operation Theatre, A.VE.NU.DE.JET.TE – Institut de Carton, à partir du 14 mars 2015
Sophie Langohr
– La Haye (PB), Province de Liège/ Collection. Focus sur 24 artistes, résidence de l’Ambassade de Belgique à La Haye, du 25 avril à fin janvier 2016
– Seraing(B), Sophie Langohr, Cercle de Wallonie, vernissage le 28 avril.
Jacques Lizène
– Maastricht (PB), Archipelago. La région comme espace d’art, Gouvernement aan de Maas, du 30 mars au 12 juin.
– La Haye (PB), Province de Liège/ Collection. Focus sur 24 artistes, résidence de l’Ambassade de Belgique à La Haye, du 25 avril à fin janvier 2016
– Milano (I), World Academy Project for Expo 2015, Piazza Citta di Lombardia, jusqu’au 30 octobre
Emilio Lopez-Menchero
– Vitry sur Seine (F), Cherchez le garçon, Musée d’Art moderne du Val de Marne, du 7 mars au 30 août 2015
– Bruges (B) Written the city, Halles, Bruges, jusqu’au 21 juin
– Mullem (B), Pass, divers lieux, du 1er mai au 5 juillet
Jacqueline Mesmaeker
– Liège (B), Mythologie du Naufrage, galerie Nadja Vilenne, du 14 mars au 30 avril 2015 (solo) prolongation sur rendez-vous
– Bruxelles (B), Jorge Semprun, Rectangle, du 22 mars au 16 mai 2015 (solo)
– Dublin (Ir), A Breathcrystal, Guest curated by Mihnea Mircan, Project Arts Centre, du 24 avril au 30 mai 2015
Benjamin Monti
– Auderghem (B), Pen is Art, maison de l’Image, Seed Factory, du 24 avril au 30 septembre 2015
– Gent (B), WILD GRID / Zwart Wild, 1-3 mai 2015
Pol Pierart
– Milano (I), World Academy Project for Expo 2015, Piazza Citta di Lombardia, jusqu’au 30 octobre
Walter Swennen
– Aachen (D), Le souffleur, Schürmann meets Ludwig, Ludwigforum, du 22 mars au 31 janvier 2016
– Liège (B), Les mains libres, Espace 251 Nord, du 28 mars au 27 juin 2015
Marie Zolamian
– La Haye (PB), Province de Liège/ Collection. Focus sur 24 artistes, résidence de l’Ambassade de Belgique à La Haye, du 25 avril à fin janvier 2016
– Huy (B), Prix de la Fondation Bolly-Charlier, galerie Juvenal, 11 avril – 10 mai 2015
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