Eleni Kamma
18/06/2013, Liberty –Time (Hürriyet- Zaman), de la série Actuality Kilims, 2015
Imprimé journal, 60 x 74 cm
Poursuivant la réflexion entamée à Istanbul lors d’une récente résidence, Eleni Kamma, brode et rebrode des pages d’actualités journalistiques. Elle tisse des pages de journaux, se référant à la technique traditionnelle du Kilim, tapis anatolien, dépourvu de velours car brodé au lien d’être noué. La trame est visible et constitue le velours. Les kilims sont donc uniquement faits de fil de chaîne et de fil de trame. Leurs motifs, le plus souvent, constituent une forme d’écriture symbolique héritée des anciennes croyances chamanistes. Le choix des journaux ainsi tissés n’est pas innocent : tous datent de la période d’occupation du parc Taksim Gezi, point de départ des mouvements protestataires que la Turquie connut en 2013 et que l’on compara au printemps arabe ou aux Mouvement des Indignés.
Eleni Kamma’s recent project exploring the history of satirical shadow puppet theatre draws upon archival imagery, interviews with puppeteers, and her own footage and experience of the recent protests in Gezi Park. The project can be seen in its entirety at Netwerk in Aalst beginning this Sunday.
« Failure. Les jeunes campaient tous les soirs dans le parc, manifestant contre sa destruction », évoque également ces concepts de tradition, de modernité et de prise de parole publique et politique. L’ombre qui tatoue ce voile sérigraphique s’apparente à un personnage du Karaköz. Ce théâtre de silhouettes profilant leur ombre sur un écran de toile blanche a tenu une place importante dans le vaste Empire Ottoman. Avec ses allusions aux faits d’actualité, ses critiques et des griefs contre un gouvernement tyrannique, il servit de support à l’agitation par la satire politique, les plaisanteries, les railleries contre pachas, vizirs et bey. Le Karagöz est en fait une sorte de miroir, reflétant les pensées du peuple, un spectacle qui exprime ce que ses spectateurs eux-mêmes n’osent dire de leurs préoccupations morales, sociales et politiques. L’ombre qui se profile ici est celle d’une jeune femme, portant un calicot, photographiée par l’artiste non loin de la place Taksim.
Eleni Kamma
Failure. Les jeunes campaient tous les soirs dans le parc, manifestant contre sa destruction.
Technique mixte et sérigraphie sur textile, 110 x 140 cm
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