Emilio López-Menchero
Trying to be Balzac, 2002-2009
D’après Balzac, étude de nu au gros ventre, le bras droit tendu, le bras gauche plié derrière le dos, dite étude de nu A, d’Auguste Rodin.
extrait d’une suite de 40 photographies N.B, 15 x 23 cm marouflées sur aluminium. Edition 3/3
Emilio López-Menchero
Trying to be Cindy, 2009
Photographie couleurs marouflée sur aluminium, 122 x 60 cm. Édition 5/5
Pour le premier grand rendez-vous de la programmation de l’année de ses 10 ans, le MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne présente une exposition thématique pluridisciplinaire. Qu’est ce qui définit la masculinité aujourd’hui ? Et comment proposer des alternatives à la figure du mâle dominant dans la société patriarcale ?
Pour répondre à ces questions, le commissaire Frank Lamy invite plus de cent artistes hommes, autant de pistes de réflexion autour des modèles culturels de la représentation masculine… de quoi faire tomber certaines idées reçues, aussi tenaces que fragiles. De l’acception de soi et des autres.
L’exposition « Chercher le garçon » réunit une centaine d’artistes mâles qui, d’une manière ou d’une autre, interrogent et déstabilisent les modèles établis. Rejetant tout autoritarisme, questionnant les valeurs traditionnellement associées à la masculinité (efficacité, autorité, héroïsme, conquête, force, etc.), les œuvres rassemblées proposent toutes des stratégies de résistance et de redéfinition du paradigme masculin. Le masculin y est mis en questions dans toute sa plasticité. L’anthropologie nous a appris que la différence minimale et irréductible entre le mâle et la femelle tient dans les différentes places occupées dans la chaîne de procréation. Le reste est construction sociale, ancré et dépendant des lieux, des époques, des cultures.
Privilégiant la lenteur, la chute, l’échec, l’invisible, jouant des codes de représentation de l’idéal masculin qui selon George L. Mosse « imprègne toute la culture occidentale», mettant en crise toute une histoire utopique et moderniste de l’art, questionnant ainsi les place et fonction de l’artiste, ces œuvres font bégayer l’histoire de l’art, et se situent plutôt du côté du mineur (Gilles Deleuze) et des révolutions moléculaires chères à Félix Guattari. L’exposition développe une approche tournée vers des artistes et des œuvres que l’on peut appréhender à partir des théories et postures féministes depuis les années 1960. Ou comment le féminisme, envisagé comme une entreprise de déconstruction des systèmes de domination de tous ordres, irrigue la création contemporaine dans une perspective nécessaire d’ancrage de l’art dans un espace de réflexion et d’analyse du réel contemporain.
Dans son introduction à l’ouvrage de Carla Lonzi, Autoportrait (1969, JRP/Ringier 2013), Giovanna Zapperi formule l’apport des études féministes à l’histoire de l’art comme le passage de « l’énoncé d’un moi autoritaire à l’expression d’un sujet multiple et fragmenté » (p. 18). Elle poursuit : « Produire de la connaissance à partir de l’expérience subjective est un des traits distinctifs des pratiques féministes. » (p. 30) qui s’ancre dans « le récit de soi, la primauté de la subjectivité et le plaisir de la conversation » (p. 12). Les œuvres ici rassemblées ressortent de cette dynamique : les artistes s’y expriment à la première personne du singulier, prenant en charge la narration de leurs propres subjectivités.
Car, comme l’écrit Virginie Despentes : « Le féminisme est une révolution, pas un réaménagement des consignes marketing […]. Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres. Une révolution, bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l’air. » (Op. cit., p. 156).
Si l’on considère le féminisme comme entreprise théorique et pratique de résistance à TOUTE forme de domination, si l’on considère que le patriarcat et la masculinité hégémonique sont des formes idéologiques à combattre, alors, il semble important et urgent de se questionner sur le masculin. De le déconstruire. Et d’ouvrir un espace où les hommes parleraient d’eux- mêmes et de leur condition, en toute conscience. Il ne s’agit pas, bien évidemment, de régler la question – l’exposition est partielle, partiale et subjective, mais, bien au contraire, d’amorcer une réflexion que l’on espère fertile. L’exposition se veut plurivoque, voire même contradictoire. Les œuvres y sont critiques, distanciées, analytiques. Il y est question d’images, de représentations, de déconstructions, de plasticités, de corps. Constatant une similarité entre la figure de l’artiste moderne (génial, utopique, conquérant, novateur…) et celle du mâle dominant, il s’agit de les interroger dans un même mouvement. On y trouve des attaques en règle contre les figures et formes d’autorité, explorant la plasticité des corps, théâtres des forces idéologiques en présence.
du 7 mars au 30 août 2015
Vernissage le vendredi 6 mars à 18h30
Commissariat : Frank Lamy
MAC VAL
Musée d’art contemporain du Val-de-Marne
Place de la Libération 94400 Vitry-sur-Seine
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