Jacques Lizène
Art syncrétique, 1964. Sculpture génétique 1971.En remake 2011. Technique mixte, 65 x 30 x 30 cm. Sur colonne : 158 cm
Jacques Lizène
AGCT (1971), sculpture génétique en chromosome X, mettre n’importe quoi sur la tête, en totem, remake 1997. Collages de copies laser, 140 x 58 cm
Jacques Lizène
Travelling sur un mur (je ne procréerai pas). Titre initial : Jacques Lizène 1971, « Mur ». Ed. Yellow. NB, sans son, 02:56 , 8 mm transféré sur DVD.
Associé à une diapositive de : Contraindre le corps à s’inscrire dans le cadre, 1971. Projet proposé, mais non réalisé
pour une exposition à la Neue Galerie, Aachen, 1972.
En 1972, Wolfgang Becker invite Guy Jungblutt à la Neue Galerie d’Aix-la-Chapelle. Il projette de montrer les artistes de la galerie Yellow : « Lüttich, Galerie Yellow Now, ihre Künstler im Studio ». Jacques Lizène est bien sûr de la partie. En date du 15 mai, le petit Maître envoie son projet à Wolfgang Becker et lui demande s’il est possible de projeter une diapositive extraite des « Contraindre le corps à s’inscrire dans le cadre de l’image » à côté du petit film noir et blanc titré « mur » et daté de 1971. Il rehausse la lettre d’un petit dessin représentant deux écrans contigus sur un fond crayonné noir. Dans le premier, il écrit « dia », dans le second « film ». Singulièrement, le schéma rappelle la typographie de la Trahison des Images magritienne. Wolfgang Becker n’accédera par à la demande de Jacques Lizène. D’abord, ratage attendu, la diapositive arrive cassée à destination. Plus prosaïquement, il est sans doute difficile pour Wolfgang Becker de gérer la projection en continu durant tout le temps de l’exposition d’un film 8 mm. Que le projet n’ait pas été réalisé importe peu, Jacques Lizène éprouve sans cesse l’incomplétude des faits.
C’est donc aujourd’hui la première fois que cette configuration est présentée au public. Elle est intéressante à plus d’un titre, que l’on prenne pour point de départ l’un ou l’autre élément de ce binôme.
Les travaux sur le cadre, dont bien sûr font partie les Contraindre le corps, envisage le champ et l’hors champ, définis par les entrées et sorties du champ, soit l’une des spécificités du langage cinématographique. Or l’on sait tout l’intérêt que porte Jacques Lizène à la spécificité du médium mis en œuvre (Art spécifique, 1967-1970). Contraindre le corps met en jeu un rapprochement progressif de l’objectif de la caméra face au sujet filmé, soit l’artiste lui-même se contortionnant pour rester dans le champ. Les contraindre mettent le zoom à l’œuvre. « Mur » est un long travelling sur un mur de brique, plus travellings successifs même, un balayage de gauche à droite et de droite à gauche de ce mur aveugle. En juxtaposant ces deux œuvres afin de n’en faire qu’une, Jacques Lizène juxtapose donc deux éléments premiers du langage cinématographique : le zoom et le travelling, l’expérience de la largeur du champ et de sa profondeur.
« Mur » se termine par un dernier travelling où apparaît écrit à la craie les mots « Je ne procréerai pas ». Le film agit comme un manifeste, « les choses étant ce qu’elle sont », c’est à dire l’humanité sans avenir. Juxtaposant ce manifeste au Contraindre, Lizène nous offre une seconde lecture de l’œuvre, le Contraindre évoquant une régression jusqu’à un état quasi fœtal, jusqu’à cet inconvénient d’être né, pour paraphraser Emile Cioran.
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