Emilio Lopez Menchero, Trying to be Fernand Léger, 2014
A l’occasion de l’exposition Fernand Léger, mémoires et couleurs contemporaines, organisée à l’Orangerie de Bastogne, Bernard Marcelis, commissaire de l’exposition a invité Emilio Lopez-Menchero à camper la figure de l’artiste français.
Cette exposition s’inscrit dans le fil des commémorations de la Grande Guerre. Le fait est méconnu : Fernand Léger est l’auteur de trois mosaïques installée dans la crypte du Mémorial du Mardasson à Bastogne. L’architecte Georges Dedoyard sollicite en effet Léger pour participer à la décoration de la crypte du mémorial élevé en mémoire des GIs disparus au cours de la bataille du Saillant, contre l’offensive allemande en 1944. Dans une visée œcuménique, les trois mosaïques que le peintre fait exécuter d’après ses maquettes représentent les trois cultes, juif, protestant et catholique. Chaque mosaïque contient dans un médaillon central le symbole de son culte, le chandelier, la bible et une croix entourés de formes abstraites très colorées. Les personnages féminins, exécutés en noir et blanc de part et d’autre des compositions, portent leur regard vers le ciel. Les mosaïques autour des trois autels destinés au recueillement et à la prière illuminent la crypte de couleurs vives et transforment l’atmosphère confinée des chapelles en un lieu apaisant. Le Mardasson fut inauguré le 16 juillet 1950.
Afin d’incarner l’artiste qui tout comme lui a troqué le tire-ligne de l’architecte pour les pinceaux du peintre, Emilio Lopez-Menchero s’est plongé dans les archives iconographiques recherchant la physionomie du peintre à l’époque de la construction du Mardasson. Il a jeté son dévolu sur un cliché pris en 1950 par Ida Kar, photographe russe d’origine arménienne qui vécut à Paris er à Londres. On lui connaît de très nombreux portraits d’artistes et d’écrivains parmi lesquels Henri Moore, Georges Braque, Gino Severini, Bridget Riley, Iris Murdoch ou Jean Paul Sartre. Casquette vissée sur la tête, moustache poivre et sel, Emilio Lopez Menchero fixe l’objectif, assis à califourchon sur une chaise, le coude appuyés sur le dossier, une pose qu’appréciait Fernand Léger. Reinhart Wolff ou Christer Strömholm le photographièrent dans la même attitude. Une fois encore, comme dans bon nombre de ses Trying to be, c’est le regard de Fernand Léger qu’Emilio Lopez Menhero cherche à capter, un regard que le peintre français avait empli de curiosité pour toutes les formes de la modernité.
Le communiqué de presse de l’Orangerie :
Alors que la ville de Bastogne s’apprête à commémorer le septantième anniversaire de la Bataille des Ardennes, il nous a semblé important de nous associer à ce travail de mémoire, en remettant en valeur la crypte du Mardasson et ses trois magnifiques mosaïques de Fernand Léger. Il s’agit d’un ensemble artistique exceptionnel, réalisé du vivant de l’artiste, le seul en Belgique et un des rares en Europe. Il est cependant méconnu par la majorité du public et même des amateurs d’art. Sa revalorisation vient combler un vide et inscrire Bastogne sur la carte d’un patrimoine artistique européen à découvrir.
A L’Orangerie, huit artistes contemporains ont été invités à entamer un dialogue en relation avec le triptyque de Fernand Léger. Autour de la double thématique de la mémoire et de la couleur, on y rencontrera des pratiques aussi variées que la peinture, la sculpture, la photographie et l’installation. Bernard Marcelis, commissaire.
Renaud Auguste-Dormeuil et sa série d’images « A Day Before » ou la Voie lactée enregistrée à la veille des grands conflits,
Pascal Convert et sa sculpture « Souche de Verdun vitrifiée »,
Emilio Lopez-Menchero, pour une évocation de la figure de Fernand Léger au travers de l’autoportrait,
Didier Mencoboni, avec une projet conçu pour l’Orangerie,
Bart Michiels, avec ses photos actuelles des sites de champs de Bataille, dont Bastogne,
Claude Rutault, avec ses peintures monochromes délimitant un nouvel espace pictural,
Cédric Teisseire, avec ses Points d’impact, peintures recto -verso sur des plaques de métal,
Angel Vergara, avec ses peintures sur verre à base d’archive.
L’Orangerie, espace d’art contemporain asbl
Parc Elisabeth
Rue Porte Haute
B-6600 Bastogne Du 13 septembre au 30 novembre 20144
les mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 14 à 18h
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