A Liège, Audrey Frugier participe à Openairs
Openairs s’inscrit dans une politique culturelle d’envergure en proposant dans le cœur historique de Liège des oeuvres originales d’artistes de renommée internationale (Orlan, Claude Lévêque, Peter Kogler, Sophie Giraux, Audrey Frugier, Frédéric Platéus)
Johan Muyle, artiste belge reconnu dans le monde de l’art a été choisi comme directeur artistique car parallèlement à son travail personnel qui manipule et détourne les images populaires, les icônes politiques ou qui construit des sculptures et assemblages malicieux, il a le désir de s’inscrire dans des projets qui questionne l’art contemporain dans la réalité culturelle, politique ou sociale. Les artistes qu’il a choisis partagent, tout comme lui, le même engagement et leurs démarches respectives participent d’une réflexion critique qui se matérialise sous des formes métaphoriques. Ces oeuvres originales partageront toute le même medium, le gonflable ; qui ici sera détourné de son usage publicitaire pour interroger la définition même de la sculpture et sa dimension habituellement pérenne dans l’espace public. Openairs est une manifestation comme son titre le définit ouverte à tous, présentant un parcours original de nouvelles formes de sculptures urbaines.
Le communiqué de presse ajoute que « Montrer l’art contemporain ailleurs, loin des institutions consacrées, des galeries ou musées, c’est concrétiser la volonté démocratique d’offrir à tous citoyens un accès à l’art contemporain ». Personnellement, je ne vois pas en quoi les institutions, galeries et musées seraient moins démocratiques, mais c’est là un autre débat.
Trois réflexions du commissaire d’exposition :
À la différence du « mot-valise » qui charrie le sentiment de confusion, je qualifie volontiers « OPENAIRS » de « mot-tiroir » car si son interprétation est multiple, chacun est libre d’y trouver ou d’inventer des significations possibles. A ce titre, je n’évoquerais qu’une seule référence, celle du célèbre « Air de Paris » de Marcel Duchamp (1919). « OPENAIRS » fait bien évidemment penser à l’air en tant que matériau en soi, tout en évoquant le caractère public d’une manifestation « en plein air », qui par extension suscite aussi le concept de musée en plein air. Par ailleurs, si la musicalité du mot « air » et le sens d’ouverture qu’induit le terme « open » me tiennent particulièrement à cœur, les deux mots issus du français et de l’anglais s’apparentent à une langue internationale, immédiatement compréhensible par tous.
J’ai constaté que ce matériau est utilisé dans l’art contemporain de façon récurrente mais ponctuelle dans le parcours d’un artiste. En ce sens, il n’y a pas à proprement parler dans l’histoire de l’art contemporain un artiste du gonflable. Le potentiel de déploiement du matériau et sa capacité à créer des formes monumentales sont probablement à l’origine de l’intérêt répété des plasticiens pour la structure gonflable. De plus, le contresens qu’induit ce matériau de la définition de la sculpture le plus souvent à vocation pérenne me plaît. La destination première du gonflable employé dans la publicité ou dans des contextes ludiques est un argument supplémentaire pour imaginer la cooptation par un public large de cette nouvelle forme de sculpture urbaine.
Situé en bord de Meuse, le cœur historique de Liège est un îlot aux qualités architecturales indéniables où cohabitent plusieurs publics : celui des musées et des riverains avec tout le contexte de vie commerciale et animée qu’il induit. Si l’on considère que le « culturel » d’aujourd’hui sera le patrimoine de demain, il n’est pas impertinent de valoriser une nouvelle fois ce quartier en y installant des œuvres éphémères d’artistes contemporains qui permettront à un public belge ou étranger de découvrir les œuvres en même temps que de découvrir ou de redécouvrir l’éclectisme de ce patrimoine d’exception.
Audrey Frugier, Life is magnifique ®
Sous ses aspects attractifs, l’oeuvre d’Audrey Frugier interroge la sacralité de l’esthétique et le jugement de goût qui lui est associé. Recourant aux brillants de pacotille, aux gemmes de contrefaçon et autres paillettes frivoles pour magnifier des objets utilitaires du commun (petit électroménager, ponceuse, etc.), Audrey Frugier sonde aussi bien la question du genre (féminin/masculin) en même temps que s’ajoute celle du paraître en société. Derrière l’interrogation des modes (vestimentaire, accessoiriste) et celle du pouvoir de légitimation de l’appartenance au groupe, Audrey Frugier pointe l’archaïsme du besoin grégaire questionnant de facto l’espace de singularité individuelle si chèrement revendiqué.
« Life is magnifique ® » (2011) se joue des codes architecturaux en remplaçant un chancre par la façade d’une maison idéalisée telle qu’on la retrouve dans la panoplie des jouets d’enfants, venant ainsi matérialiser la « façade » révélatrice de l’inscription en société.
12 mai – 30 septembre 2012
Organisation : La Province de Liège – Service culture en collaboration avec l’Office provincial des Métiers d’Art.
Bulle d’informations : Sur le parvis du musée de la vie Wallonne et la Place St Barthélémy