Capitaine Lonchamps participe à l’édition 2012 de la Biennale Internationale de la Photographie et des Arts Visuels de Liège qui se tient dans divers lieux de la ville du 10 mars au 8 mai, biennale dont la thématique touche cette année aux images de l’amour et à l’amour de l’image.
Combien d’histoires d’amour sont-elles nées au Fresnoy à Tourcoing du temps où celui-ci n’était pas encore Studio national des arts contemporains mais bien un vaste complexe de divertissement, créé en 1905, abritant brasseries et salle de cinéma, dancing et salle de patinage à roulettes, piscine et manège ? Combien de romances, de comédies sentimentales, de films aux amours tragiques ont-ils été projetés dans la grande salle de cinéma du Fresnoy, là où mille personnes pouvaient se presser dans l’obscurité ? Capitaine Lonchamps a enneigé les lettres de l’ancienne enseigne du cinéma du Fresnoy. Oui, le cinéma participe de cette « science des solutions imaginaires » qui habite Capitaine Lonchamps, et même, il véhicule celles-ci ; il articule le réel, le symbolique et l’imaginaire. Le cinéma est territoire d’imaginaire. L’invention du cinéma est déjà en elle-même le résultat d’un imaginaire, l’aboutissement d’une réflexion issue du cerveau de nombreux rêveurs, la concrétisation, à des siècles d’intervalle, de la caverne de Platon. Image d’Epinal, certes, mais jusqu’à preuve du contraire, personne n’a jamais rien trouvé de mieux pour montrer le côté à la fois réel et imaginaire de l’image projetée et la conscience d’être dans un univers qui, dès 1909, faisait dire à Apollinaire « Le cinéma est créateur d’une vie surréelle », une notion que reprendra André Breton dans son Manifeste du surréalisme en 1921.
Sous cette enseigne enneigée, Capitaine Lonchamps accroche six photographies, des images d’un film, six clichés promotionnels, ceux que la production distribue à la presse, aux distributeurs et exploitants de salles de cinéma. Celles-ci proviennent d’un ancien cinéma liégeois où l’on projeta « Un peu d’amour », un film de Hans Steinhoff avec Madeleine Ozeray et Marcel André, tourné en 1932. Le pitch ? Miette, petite fille des rues, s’est amourachée d’un banquier ruiné. Pour lui, elle devient audacieuse et lui donne le moyen de reconquérir sa fortune. En ne demandant qu’un peu d’amour, elle trouve l’amour véritable. Pardon, non, je reprends : Miette, petite fille des rues, s’est amourachée de Snowman ruiné. Pour lui, elle devient audacieuse et lui donne le moyen de reconquérir sa fortune. En ne demandant qu’un peu d’amour, elle trouve l’amour véritable.
Capitaine Lonchamps
Neige 2010
Photographies NB rehaussées à l’encre et l’acrylique. Sur des photos de : « Un Peu d’amour, film de Hans Steinhoff avec Madeleine Ozeray et Marcel André (1932) »
6 x 28,5 x 25 cm
Le Communiqué de BIP 2012 :
La Biennale internationale de la Photographie et des Arts visuels de Liège (BIP) met à l’honneur les multiples facettes de la photographie contemporaine en les confrontant à d’autres aspects de l’image d’aujourd’hui, en particulier la vidéo.
Organisée par le Centre culturel de Liège – « Les Chiroux », la Biennale combine les exigences d’une programmation artistique ambitieuse avec une accessibilité la plus large possible. De même, l’événement met à l’honneur de jeunes artistes émergents tout en invitant à Liège des créateurs de renommée internationale. Chaque édition est l’occasion unique de découvrir la création visuelle d’un pays hôte d’honneur, invité à présenter une sélection de ses artistes à Liège. BIP2012 se tiendra du 10 mars, jour de l’ouverture, au 6 mai 2012. Elle explorera à travers sept expositions, dont deux dans l’espace public, les facettes de la thématique ONLY YOU ONLY ME // images de l’amour, amour de l’image
L’exposition phare de BIP2012 « ONLY YOU ONLY ME » investira l’entièreté du Mamac jusque dans les sous-sols, anciennement destinés à la conservation des toiles et des sculptures et entièrement investis pour l’occasion par des installations et des vidéos.Nan Goldin sera à l’honneur au Mamac avec une projection monumentale de son oeuvre majeure, The Ballad of SexualDependency, entourée d’Erwin Olaf, de Sylvie Blocher, de Jason Lazarus, de JH Engström, d’Eric Rondepierre, d’Elina Brotherus, de Thomas Chable et de très nombreux autres artistes.
Plusieurs autres expositions sont proposées, parmi lesquelles «FROM HOLLAND WITH LOVE», au Hangar B9 (Institut Saint-Luc), qui présentera un panorama de la création contemporaine photographique aux Pays-Bas (avec entre autres Useful Photography et Koos Breukel), autour de la figure tutélaire d’Ed van der Elsken, pour la première fois montré en Belgique. Cette exposition, organisée sous le commissariat de Frits Gierstberg, curateur principal au Nederlands Fotomuseum à Rotterdam, est le résultat de l’invitation lancée par BIP2012 aux Pays-Bas, pays hôte d’honneur de cette 8ème édition de la Biennale.
Après de nombreuses éditions centrées autour d’un thème d’actualité ou de société, BIP2012 se construira autour d’une thématique à la tonalité très différente. En effet, c’est L’Amour qui, pour cette 8ème édition, va guider la programmation. Sous le titre « ONLY YOU ONLY ME. Images de l’amour, amour de l’Image », BIP2012 ira à la rencontre de ce sentiment éminemment paradoxal et complexe, source de joie profonde et de chagrin infini, de passion et de solitude, fondement de la vie et d’incompréhensions. Derrière ce mot pluriel, on voit surtout se dessiner un transport, un élan qui nous entraîne vers l’autre et qui, souvent, espère et attend un retour en écho. Narcisse cherchait à rejoindre son reflet comme on cherche à toucher l’horizon. L’autre est radicalement différent du même que l’on espérait. L’amour n’atteint jamais son but. Frustration, manque, absence, rupture, finitude, solitude : on n’arrive jamais à la destination de l’amour. Seul le mouvement compte. A la recherche de ce qui devrait le combler, l’amoureux, sous toutes ses formes, est un insatisfait chronique, un manquant. L’amour étreint les coeurs et les corps aussi. Dans le grand jeu de la séduction, le regard joue un personnage central. Le plaisir sensuel et la pulsion scopique, la pulsion du voir, n’ont jamais été très éloignés. L’oeil mobilise l’imagination érotique. Voici peut-être pourquoi image et amour ont quelque chose à voir ensemble. Le mythe de la naissance de la peinture (qui pourrait tout autant être celui de la naissance de la photographie) en témoigne : pour garder une trace de son amant la veille de son départ pour un long voyage, une jeune fille de Corinthe recopie le trait du contour de son visage sur le mur, à la faveur de la lueur d’une bougie qui y projette son ombre. On aime l’image comme on aimait l’amant, tendrement, sensuellement, amicalement. Si l’amour rend aveugle, ne resterait-il que l’image pour retrouver son chemin ?
Au Mamac
Au MAMAC/CDE se tiendra l’exposition-titre de BIP2012 qui rassemblera près de quarante artistes sur le plateau du rez-de-chaussée mais aussi au sous-sol, vidé des tableaux de la collection et entièrement dédié aux installations vidéos.
Pour la première fois, les spectateurs pourront ainsi découvrir les caves du MAMAC, transformées pour BIP2012 en espace d’exposition : une occasion unique de découvrir cet espace habituellement inaccessible, avant la fermeture du musée en vue de sa rénovation prochaine.
Ce double espace, qui représente plus de 2500 m2, accueillera entre autres Nan Goldin (US) qui présentera, pour la première fois en Belgique, son oeuvre majeure, The Ballad of Sexual Dependency, un slide show de plus de 800 images, mis en musique par l’artiste. On pourra également découvrir les photos de Rhona Bitner (USA), Elina Brotherus (FIN), Antonio Caballero (MEX), Patrick Carpentier (B), Thomas Chable (B), Chris Verene (US), JH Engström (SWE), Sibylle Fendt (D), Miyoko Ihara (JPN), Jason Lazarus (USA), Eric Rondepierre (F), Michelle Sank (ZA), Douglas Gordon (UK), Jean-Claude Delalande (F), Daniele Buetti (CH), Willy Del Zoppo (B), Chrystel Mukeba (B), Moïra Ricci (IT), Capitaine Lonchamps (B), Roland Fischer (D), Pierre & Gilles (F), Arnis Balcus (LVA), Sarah Mei Herman (NL), Erwin Olaf (NL) ainsi que des vidéos et installations de Angel Vergara (B), Ian Burns (AUS/US), Sylvie Blocher (F), Marina Abramovicz (YUG) et Ulay (D), Nicolas Provost (B), François-Xavier Courrèges (F), Michelle Naismith (SCT/B) et Hubert Marécaille (F/B), Kelly Mark (CAN – à confirmer), Patty Chang (US), Sam Taylor-Wood (UK).« L’éprouvé de l’amour, comment le dire, comment le peindre, comment le représenter ? Entre le cliché de l’amour, l’image d’Epinal rose bonbon ou rouge vif, et les clichés amoureux, hétéroclites comme nos vies et nos histoires, étrangers à tous sauf à nous-même, que partage-t-on de l’amour ? L’hypothèse de BIP2012 est que l’on partage des formes et des figures. A défaut de partager l’amour lui-même, c’est son image qui nous émeut, qui réveille notre mémoire, notre flamme comme nos chagrins. Ici, les images de l’amour, émouvantes, déroutantes ou simplement captées dans le flux des regards et des corps, sont le fait d’artistes qui ont décidé, un jour, de porter leur regard, directement ou de biais, sur cette étrange inclination. Prises au quotidien, trouvées, retravaillées, inventées, mises en scène, elles donnent formes à cette agitation, cet élan, cette ivresse, ce ravissement, cette mélancolie, cet abandon, cette quête… Elles luttent contre la disparition. Amour de l’image pour garder une image de l’amour, avant que… » (Anne-Françoise Lesuisse)