Le perçu et le non perçu, la photographie de Lizène est de profil.
carton d’invitation CAP3 galerie Vega 1973, retouché. 21 x 15 cm
Carton d’invitation CAP 3, galerie Vega, Liège. 1973
« Fort de quelques principes de base et entrainé par une volonté d’actualité, le CAP est devenu ce groupe plus ou moins homogène, qui a mis l’art relationnel en tête de ses recherches. De la relation existant entre les éléments constitutifs du réel dépend notre connaissance de celui-ci et par conséquent de notre réalité existentielle. Pour le CAP, il importe donc de mettre la relation en évidence. Chaque relation contient une référence, une information, une mise en garde. C’est elle qui, dans l’œuvre d’art, définit le signe (réunissant le signifiant et le signifié). De même que le « classement » de Roland Barthes, elle « fait de la simple matière, la matière, la promesse d’un événement ».
Phil Mertens. Assistante Musées royaux des beaux-arts de Belgique
Le perçu et le non perçu, 1973, en remake 2011. Chaises.
1. L’auteur de ce texte, alors âgé de 26 ans s’est assis sur cette chaise pendant quelques instants. 2. Il n’est pas impossible qu’âgé de 32 ans, l’auteur de ce texte s’asseye un jour, quelques instants, sur cette chaise.
1.L’auteur de ce texte, alors âgé de 62 ans s’est assis sur le bord de cette chaise pendant quelques instants. 2. Il n’est pas impossible qu’âgé de 67 ans, l’auteur de ce texte s’asseye un jour, quelques instants, sur cette chaise. Le perçu et le non perçu, 1973, en remake 2011.
Copie numérique, photos couleurs, texte imprimé. 50 x 32 cm.
A gauche :
Jacques Lizène, 1974
144 tentatives de sourire… mais l’on sait le vécu quotidien de la plupart des individus, Accompagné de 881 tentatives de rire enregistrés sur cassette, tout d’une traite, 1974.
135 photographies NB, tirage argentique, marouflées sur carton, 9 x 73 x 61 cm
Au centre :
Art du nul en remakes, 1971 – 2003 – 2011.
Compilation de vidéos et remakes vidéos, promenade le regard au bas des murs (1971), tentatives de sourire (1971), contraindre le corps (1971), actions de rue (1997), danse nulle, 1980. Bande son originale, et cadres penchés. Transfert sur DVD de films 8 mm et U-matic. Producteurs : Yellow Now, Videographie, RTBF, AVCAN et galerie Nadja Vilenne.
A droite :
Sculpture génétique 1971, remake 1997, 1971-1991.
Photographies plastifiées rehaussées de peinture acrylique et encre synthétique. Papier marouflé sur bois et papier plastifié. 129 x 161 cm.
Collection Communauté française Wallonie Bruxelles.
C’est dans le cadre du groupe CAP qu’est né le principe de « partage de cimaises » que Jacques Lizène a pratiqué à de nombreuses reprises.
L’idée du Morcellement de cimaise tient à la découverte, en 1970, de la salle d’exposition, à Liège, de l’Association pour le progrès intellectuel et artistique en Wallonie (Apiaw). Lizène découvre l’envers du décor : les rideaux tendus aux cimaises sur lesquelles on accroche les tableaux sont des cache- misère. Les murs sont particulièrement décrépis et lézardés. Lizène pensera un moment intégrer cette décrépitude in situà son exposition d’Art spécifique. La fissure est complémentaire aux murs de briques que Lizène peindra à la matière fécale dès 1977. Le réseau de fissures sur le mur conduira au principe du Lotissement de cimaise en 1975, soit lotir pour d’autres artistes une cimaise morcelée, basée sur l’idée d’« Exposer l’autre » (1974).
En 1974, Le groupe CAP (Courtois, Lennep, Lizène et Nyst), est en effet invité à exposer à la galerie Elsa von Honolulu-Loringhoven à Gand. De sa propre initiative, sans en référer ni à Jan Vercuysse, ni aux membres du CAP, Lizène invite son ami Antonio Silvestre Terlica E. Pinto à exposer sur la cimaise qui lui est destinée. Il lui propose de plus d’uriner afin de marquer son territoire, comme le font certaines espèces animales.Terlica E.Pinto expose un autoportrait capé et urine sur le mur, de part et d’autre de la photo. Peu de temps après, à l’occasion d’une exposition collective de CAP chez Spectrum à Anvers, Lizène prête à nouveau sa cimaise : cette fois, il montre une peinture de Jean Hick, ainsi que, au bas, les pots de peinture de l’artiste. En 1975, enfin, alors que toujours avec le groupe CAP, il participe à un échange avec le groupe Pour mémoire de Bordeaux, en une double exposition (au CAPc de la ville girondine et au Palais des beaux-arts de Charleroi), le Petit Maître lotit sa cimaise, la partageant avec Anne et Patrick Poirier et un aquarelliste, Marc Guiot, trois artistes qu’il invite, encore une fois, de sa propre initiative. C’est là le premier Lotissement de cimaise, sur l’idée du lotissement immobilier. Il prête sa cimaise (le prêter), a même l’idée (non réalisée) de la monnayer. La contribution de Lizène au lotissement consiste à délimiter les lots. Il expose, dans son lotissement, sa montre en or (volée juste après l’exposition) et une chute du film Contraindre le corps (non volée, celle-la)…