La Maison des Arts de Bagneux, dans les Hauts de Seine, offre à un collectif de neuf artistes contemporains, héritiers des Dadaïstes, une possibilité d’expression jubilatoire et transgressive, à travers Burlesques, une exposition concoctée par Nathalie Pradel, directrice des lieux. Peintures, photos et vidéos, installations et performances, se caractérisent par un joyeux décalage entre la réalité et sa représentation.
Jacques Lizène y proposera quelques contraintes et contorsions. Côté photos, un Contraindre le corps d’une jeune fille à s’inscrire dans le cadre de la photo, suite de photographies accompagnées de la photographie de Louise, refusant de subir la contrainte des limites du cadre de la photo. (1971-73). Côté vidéo, une compilations de contraindre de diverses époques, avec ou sans promenade d’un côté à l’autre de l’écran, avec ou sans mouvements gymniques superflus, en barrant ou en ne barrant pas le film à la main, image par image, afin de le disqualifier, avec ou sans cadre doré et tombé de l’image.
Les contraindre le corps de Jacques Lizène participent tous de ce vaste corpus entamé dès 1971 et intitulé : « Œuvre à vocation inachevée : contraindre toutes sortes de corps, nus, habillés, y compris des corps de policiers, à s’inscrire dans le cadre de la photo. Projet abandonné » Rappelons ici le sens du remake lizénien :
Anglicisme. Il est vrai que le remake a d’abord et avant tout concerné le cinéma américain. Il désigne un film adapté d’un film existant précédemment, au contenu plus ou moins fidèle à l’original. Lorsque Jacques Lizène parle de remake à propos de ses œuvres, il effectue donc un déplacement sémantique, appliquant un terme du jargon cinématographique au domaine des arts plastiques. Il s’agit bien ici de refaire ses propres œuvres, non pas de puiser dans l’héritage de l’art afin de réactualiser une œuvre historique. Le remake lizénien, ancré sur les principes d’auto-historicité précisément mis en place par l’artiste, est l’un des principaux moteurs de l’œuvre entière, une machine puissante qui fonctionne en parfait circuit fermé, une implacable logique autarcique et endogène, un épuisement complet de l’idée mené de façon idiote, l’artiste répétant inlassablement les mêmes gestes, jusqu’à l’absurdité. Fondé sur l’attitude de l’artiste, le remake cultive donc le rebours, la systématisation, la répétition, l’inachèvement que l’artiste tente – en vain – d’achever. Au réel rebattu sur lui-même répondent des œuvres et des idées en permanence ressassées. S’il frise le rabâchage, l’artiste, qui a délibérément choisi de ne pas séduire, y trouvera une certaine satisfaction et en rira très fort. « Dans le domaine de la littérature, la redondance est du plus mauvais goût, fait-il remarquer : donc la redondance m’intéresse. »
Au côté de Jacques Lizène, on découvrira des oeuvres de : Eric Dizambourg, Michel Guilbert, Mary Sue, Pierre Meunier, Olivier O. Olivier, Marie Amélie Porcher, Alain Snyers, Mathieu Simon.
Exposition du 17 janvier au 23 mars.
Maison des Arts, 15 avenue Albert Petit, 92220 Bagneux.