On se souvient du célèbre cri de Tarzan lancé par Johnny Weissmüller, pardon par Emilio Lopez Menchero, par dessus les toits de la bonne ville de Gand lors de l’exposition Over The Edge, organisée par Jan Hoet en 2000. Durant trois mois, les Gantois entendirent ce cri mythique de l’histoire du cinéma, lancé à intervalles réguliers, depuis huit tours de la ville, du Boekentoren de l’Université au Vooruit, du Beffroi à l’église St-Jacob, du Gravensteen au Smak. Trois affiches à la détrempe, représentant Johnny s’égosillant, placées à trois endroits stratégiques de la circulation urbaine, complétaient le dispositif. Comme Tarzan, Emilio López Menchero aime les grands espaces. Ainsi, il réactive « HEY ! C’est… Heu… Machin… Heu… TARZAN ! » en Alsace, à l’occasion de « Selest’art 2011 », biennale d’art contemporain de Sélestat . « Intrusion à la fois humoristique et parasite dans un espace public, cette œuvre interroge le rôle de l’art dans un contexte urbain en même temps que les systèmes de production et de circulation de l’art, devenus assimilables à ceux du cinéma et de la culture de masse », écrit Olivier Grasser, l’un des commissaires de la manifestation.
En septembre, invité par Michel Dewilde à Aalter pour une exposition intitulée « Sounds like Architecture », une thématique chère à Emilio Lopez Menchero, c’est au rugissement du lion que l’artiste s’intéresse. Et il m’écrit :
Cher Jean-Michel,
Je t’envoie la couverture, ainsi que le texte de Michel Dewilde me concenant. Michel est commissaire de cette exposition qui se déroule à AaIter. Flor Bex avait été chargé de la première édition, sur le thème de la forêt enchantée, Het Betovert Bos. Elle est organisée dans un tout grand domaine, autour d’un château. Puisque l’exposition s’intitule « Sounds like Architecture », j’ai installé une pièce sonore, le rugissement d’un vieux lion en rut, enregistré à Plankendael. C’est un rugissement très sexué, comme un cri de désespoir qui n’en finit pas. Le lion rugit toutes les trois à cinq minutes ; le son provient d’une cabane sur pilotis que j’ai décidé d’investir. La cabane est toutes porte et fenêtres fermées. Au vernissage quelques craintives demoiselles ont bien cru que le lion y était enfermé. En me promenant dans le parc, je suis tombé par hasard sur une magnifique guérite, et je n’ai pas pu m’empêcher, pris par l’ambiance du domaine, d’y placer un jeune garde de Buckingham, comme aux Halles de Scharbeek il y a deux ans. Je t’envoie par mail quelques images de tout ça. J’espère que tu as pu achever les pirates du net… Bien à toi et bon voyage en Pologne. Emilio.
En septembre le rugissement du lion en rut a couvert la Flandre. En octobre le chant du coq s’entend en Wallonie. Invité par Pierre Henrion pour Art Public Namur, Emilio Lopez Menchero fait entendre aux abords du beffroi, de la place d’Armes et de la place du Théâtre de la cité mosane quelques cocoricos qui retentissement dans tout le bas de la Ville. Et l’artiste écrit, peut-être dans l’enthousiasme des récentes joyeuses fêtes de Wallonie :
« Le chant du coq en ville n’est pas anodin. Ce son rural a là quelque chose de transgressif mais aussi de régénérateur. Le compartimentage de nos tissus urbains permet parfois de l’entendre. Au cœur de Namur, capitale wallonne, ces chers barytons matinaux diffuseront leurs prouesses vocales non pas en intérieurs d’ilots, mais vers l’extérieur, sur la place publique. Des cocoricos ardents et vivifiants comme autant de drapeaux jaunes et rouges laissant échapper leur emblème libéré et virtuose… Le grand réveil Wallon ! »
Cocorico.
Emilio Lopez me réécrit ce dimanche matin :
Hello Jean Michel,
La pièce sonore à Namur fonctionne du tonerre. Les coqs ont parfaitement chanté à plusieurs reprises lors du vernissage qui était super et bien situé par rapport aux lieux d’émission du chant des coqs.
Les coqs chantent tous les jours à 9h/10h30/12h/13h30/15h/16h30/18h/19h30 à patir du toit de l’INNO sur la Place d’armes, du haut du beffroi à proximité du Palais de congrès ainsi que du balcon du théâtre de Namur.
Et, justement, pour le moment, il y a là la tente du FIFF, le Festival Internationnal du Filmdu Francophone. Bouli Lanners aurait dit à Pierre Henrion que les coqs ont fait un effet canon lors des conférences du festival. Et pour cause, ils hurlent tout juste au-dessus des spectateurs. A +. Emilio.
Art Public Namur
Charley Case & David Demazy. Isabelle Copet. Michael Dans. Emilio López-Menchero. Xavier Mary. Johan Muyle. Frédéric Platéus. Léopoldine Roux. Fabrice Samyn. L’exposition est présentée dans l’espace public du centre-ville de Namur du 29 septembre au 6 novembre 2011.