Pol Pierart

Film n°12, 2005.

Film super 8, numérisé sur support DVD, N.B, son, 2.37

Réalisation : Pol Pierart

Montage :

Date : 2005

Avec la participation de Jocelyne Collin

 

Ce film cite et renoue avec l’esthétique des débuts du cinéma, de Feuillade en particulier. Son synopsis est simple : L’auteur, réalisateur et interprète se filme, marchant de dos dans un jardin. Un carton commente : «On part à la conquête de l’univers et on ne se connaît pas de dos». Tandis qu’il a ainsi le dos tourné, une singulière Musidora, en bonnet et collants noirs s’introduit chez lui, fouille, dérobe un petit squelette en plastique qu’elle cache dans son giron, et est finalement surprise par le propriétaire des lieux. Querelle, l’homme lui arrache ce qu’elle considère déjà comme son bien ; l’oeil mauvais, il secoue le petit squelette comme un prunier. «La mort est tellement dynamique, qu’elle doit bien avoir quelque chose de vivant». Cependant, Musidora secoue, elle, un ours en peluche. Naître, donner la vie, vivre, mourir, autant de désespérances.

 

Pol Pierart

Le bonheur, le malheur, 2001

Film super 8, numérisé sur support DVD, couleurs, 6.36

Réalisation : Pol Pierart.

Avec la participation de Jocelyne Collin.

 

Ce film, en couleurs, est un diptyque, composé de deux bobines. La première est consacrée au malheur, la seconde au bonheur. Ce sont de muets instantanés, un film cousu de petites choses décousues. Défilent ainsi les images d’un couple assis sur un banc de jardin entouré de potirons et autres cucurbitacées, d’un pèse lettre posé devant un rideau flottant au gré du vent (il est vrai que Pol Pierart pèse chaque mot, chaque lettre), d’une promenade dans un chemin creux, près d’un ancien fort, d’une chute, celle littérale du cameraman. Un singulier cagoulard, présente à la caméra une série de cartons successifs. «J’ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise», lit-on. «Je commence par la bonne». «Vous allez mourir». «La mauvaise maintenant». «Pas tout de suite». Deux pieds masculins cachent le centre d’une inscription tracée sur le plancher, tandis que passent deux jambes féminines gaînées de nylon. Le «désir» se lit sur le plancher. Les talons de la femme sortent du champ ; les espadrilles de l’homme disparaissent du côté opposé et dévoilent le mot «désunir». Au mur, c’est «Être et s’empêtre» qui se conjuguent.  Mais, passons au bonheur : un travelling sur des haies tracées aux cordeaux sur des pavillons qui abritent autant de bonheurs conformes offre une belle transition; les gazons sont entretenus, les pavés rigoureusement appareillés. «Ce sont des images comme on aimerait en voir tous les jours», lit-on sur un carton accroché aux buissons. Comme, peut-être, celles de ce vent d’été glissant dans un rideau de porte, celles de ces passants promeneurs entraperçus par la fenêtre, celle de cet homme qui repeint sa clôture. C’est «le bonheur pour tout le monde», insiste le scénariste. Une allée de verdure s’étire entre deux haies. «Ce qui nous manque, ce n’est pas de jouir. Mais de bander», lit-on sur deux cartons successifs.

Quant aux nains de jardins, aux boîtes aux lettres les plus kitsch que piste enfin la caméra ; ce sont des «emerdveillements». Plan final sur le même couple assis sur le même banc de jardin. Ils ont l’air préoccupés. Non, ils ont l’air de royalement s’emmerder. Finalement, je préfère les images du «malheur».

 

Pol Pierart

Film n° 22, 2005.

Film super 8, numérisé sur support DVD, N.B, son, 2.11

Réalisation : Pol Pierart

Date : 2005

Avec la participation de Jocelyne Collin.

 

Le troisième débute par un travelling sur un long carton manuscrit : on y lit «tête haute, profil bas». Le ton est grave tandis que surgissent dans le prolongement du carton, l’image de deux tours jumelles. L’auteur réalisateur et toujours interprète a d’autres préoccupations. Dans l’atelier (A te lier), il déplace de gauche à droite et de droite à gauche de grands cartons dont l’encombrement est inversement proportionnel à l’étroitesse de la pièce. Leurs textes témoignent de nos ronchonnades journalières, coeur des lamentations quotidiennes : «c’est pas une vie», «trop c’est trop», «ras le bol de tout», «il pleut encore» (en fait, il neige), «vie de chien». Chaque plan est entrecoupé de très courtes séquences de promenade en extérieur. Par la fenêtre, on voit défiler quelques voitures : elles évoquent les «heures de pointe». Non, les «heurts de pointe». Dernière sortie en extérieur, où l’on découvre un panneau d’interdiction frappé d’une tête de mort et du mot «Halte» que Pol Pierart a détourné en toute «Hâte», ou «Hate», pour les anglophones. «Demain sera pire», carton final. Depuis l’image des tours jumelles, le fond sonore est léger et jazzy.

 

 

 

Recommander ce contenu

optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016