Il y a un parallèle certain entre Liège et Katowice : ce sont deux bassins industriels. Katowice est l’un des principaux centres industriels d’Europe, mais c’est surtout la plus importante ville de l’agglomération industrielle de Haute Silésie. La ville prospéra et se développa grâce à ses grandes ressources minières (principalement le charbon) présentes dans les massifs montagneux alentours. L’exploitation des minéraux accélérée par la révolution industrielle contribua à une forte croissance de la population, ainsi qu’au développement de l’industrie de l’acier et de la transformation des minéraux.
Il était donc naturel que Jacques Lizène montre des sculptures nulles sous forme d’usines. L’une des deux, couverte de neige carbonique, a été produite sur place, avec des matériaux de récupération locaux tandis qu’au vernissage, une performance avec fumigène, échoua lamentablement.
Usines. Les usines font, bien sûr, partie du paysage mental (et physique) de l’artiste. « Comme je suis né dans une banlieue industrielle et que je me suis autoproclamé Petit Maître, explique-t-il, il fallait que je peigne des paysages d’usines ; mais en leur donnant, bien entendu, une dimension supplémentaire d’art nul. Des paysages d’usines, il y en avait déjà suffisamment dans le patrimoine wallon ; c’est donc pour cette raison que m’est venue l’idée de réaliser de petites usines à partir des matériaux que fabriquaient ces usines-là. C’est une forme de recyclage, dans un esprit non pas écologique mais poétique… Poétique du nul, bien entendu ! ». Les Sculptures nulles (1980) de Lizène prennent régulièrement l’allure d’usines ou d’archéologies contemporaines, ce qui souvent revient au même. Lizène y introduit dès que possible « le thème de la fumée comme élément sculptural ». Il est d’ailleurs singulier que celui-ci soit le plus souvent associé à des fumigènes de music-hall. C’est le burlesque de ces Sculptures nulles. La fumée s’échappe donc des cheminées de ces usines, ce que Lizène nommera un Art d’altitude pour faire référence à l’Art d’attitude. Il lui arrive de les concevoir à l’« emporte-pièce », en matériaux légers, aussi vite construites, aussi vite escamotées. (extrait de Jacques Lizène, Tome III)
Factories. Factories are of course part of the artist’s mental (and physical) landscape. “As I was born in an industrial suburb and proclaimed myself a Minor Master, he explains, I had to paint factory landscapes, but by giving them an added dimension as worthless art. There were already enough factory landscapes in the Walloon heritage; that’s where I got the idea of making small factories using materials those factories produced. It’s a form of recycling, but in a poetic sense, not an ecological one… The poetics of worthlessness, of course!” Lizène’s Worthless Sculptures (1980) regularly look like factories or contemporary archaeologies, which often comes down to the same thing. Lizène introduced “the theme of smoke as a sculptural element” as soon as possible. Indeed, the fact that the smoke is most often associated with music-hall smoke machines is quite singular. It is the burlesque aspect of these Worthless Sculptures. Smoke rises up from the chimney stacks of these factories, which Lizène named “Altitude Art,” in reference to Attitude Art. He sometimes makes them “cut and dried” in lightweight materials that can be spirited away as soon as they’re built. (Jacques Lizène, Tome III)