SYLVIE MACIAS DIAZ

LA VILLA PILOTIS

 

Sylvie Macias Diaz

La Villa Pilotis, 1999

JOURNAL LÉGER ET INÉDIT D'UN LOCATAIRE TÉMOIN DE LA VILLA PILOTIS

 

20 mai 1999

 

J’ai rencontré S* au salon de dégustation de O*, son ami glacier. Pas Italien pour un sou, mais on le sait, de nos jours, tous les glaciers sont transalpins. Les glaces sont italiennes, les omelettes plus espagnoles que norvégiennes et les moules toujours aussi broodtharciennes. Cela participe de mes mythes culinaires. O* revenait de Venise. C’est fou ce qu’il y a comme trafic vers Venise ces jours-ci. Il y a découvert, me raconte-t-il, un magnifique triporteur, désuet en diable et il compte le restaurer pour l’été. Un vrai tricycle à l’ancienne, sa caisse peinturlurée en dégradé de bleus, -cyan estimerait sans doute N*, muni de lampes tulipes, d’un porte-cornet pivotant en laiton et d’un carillon klaxon musical. Enthousiaste, O* entrevoit déjà l’écoulement de centaines de cornets et galettes. C’est sûr, il va déguster. Lui conseillerais bien de trouver un associé pour pédaler.

Ce soir là, O* m’a conseillé de goûter ses nouveaux parfums aux fruits. J’avais pour ma part, titillement des papilles, une furieuse envie de vanille, de chocolat et de crème fraîche, d'une onctueuse et fondante dame blanche. Mais que faire devant son amicale insistance ? Connaissant mon intérêt pour l’art, O* me composa une palette de peintre. Une vraie, en porcelaine blanche, liserée de jaune. Pomme-calva, melon, citron, orange, fraise des bois pour saveurs et couleurs, le tout nappé d'un coulis de fraise. Kitch à mourir mais somptueusement parfumé. C’est fou comme les gens ont besoin d’images.

 

24 mai

 

J’ai revu S*. J’avais compris lors de notre première rencontre qu’elle naviguait dans le monde de l’art et de l’architecture. Elle fut cette fois beaucoup plus loquace. Et m'a complètement stupéfier. S* bâtit des maisons, des apparts, des villas, mais avec des cageots. Ceux qu’on trouve sur la Batte à Liège, au marché du Midi à Bruxelles, bref sur ces marchés où se vendent fruits et légumes

- Comprends-tu, me dit-elle, je suis attirée par ces matériaux pauvres, bruts, usés, souillés. Leur poésie réside dans les traces qu’ils ont accumulées, les souvenirs qu’ils véhiculent. Ils sont témoins de notre société de consommation qui prend et qui jette. Je leur impose un regard neuf, j’intercède à leur transformation.

Les fagots et les igloos de Mario Merz m’apparaissent brusquement... Connotation référentielle du matériau primitif, non artistique et frustre pour pôles physiques et conceptuels à la fois... Avec S*, voici venir les Nouveaux Pauvres. Précarité de l’habitat-cageot pour arte povera. L’idée pourtant s’estompe peu à peu tandis que S* me parle des cases masaïs, construites avec des rameaux, de la bouse, de l'argile, des végétaux, des Lagals somaliens aussi, ces démontables carcasses de peaux et de branches. Architectures nomades, ramassage in situ de matériaux de construction. S* procède de même avec ses cageots. Et, contrairement aux architectes traditionnels qui arasent le terrain sur leur planche à dessin, elle travaille directement dans l’espace. Sa construction est fondée sur la manipulation physique continue de ses modules architecturaux. Je lui ai demandé si elle avait sur elle une photo de l’une de ses réalisations. Elle n’avait là qu’une photographie d’une sorte d’architecture théorique plus ancienne: un empilement de planches, planchettes et blocs de bois, masse décatie, éléments fragmentés, amas ordonné et solidarisé par un squelette de métal qui ressemble curieusement à l’ossature d’une chaise. Déjà l’empilement, cette volonté très plastique, cette présence physique du matériau, cette organisation dynamique. Cela me rappelle vaguement une sculpture de Tony Cragg vue au Nouveau Musée de V*.

S* vient de terminer une nouvelle villa à L*, la Villa Pilotis, m’a-t-elle enfin déclaré. Elle est ancrée au centre d’un large bassin. Il faut absolument que je vienne la voir, que je lui donne mon avis, que j’en parle autour de moi. Ma curiosité naturelle me pousse évidemment à accepter.

 

Plus tard

Ce n’est que maintenant que j’établis les rapports qui existent entre les fruits de O* et les cageots de S*. Leur souhaite bien des transports.

 

30 mai

 

Investir la Villa Pilotis pour quelques semaines? Proposer à S* qu’elle mette un cageot à ma disposition? Je ne vois que ce champ d’expérience-là afin de pouvoir rendre compte de son travail. Mais suis-je assez nomade pour m’en aller vivre dans un module dont l’existence fut transhumance ? Ai parlé aujourd’hui de S* avec N* qui l’a déjà rencontrée. N* a découvert, l’an dernier, l’une des dernières constructions de S*, la Villa Pedrena, près de Grand-M*, une villa très moderniste constituée de six modules que Le Corbusier n’aurait pas désavoués, flanquée d’un jardin suspendu, tapis de verdure et piscine ovale. N* me parle de la poétique de l’espace, de celle du matériau, d’apparente fragilité, de quotidienneté, d’intimité d’une démarche plastique. Une démarche très féminine, m’assure-t-elle.

La radio, ce soir, évoque le scandale des volailles dioxinées. Je pense aux cageots d’osier, cages à poulets que l’on trouvait sur les marchés, avant toute mécanisation. S* m’a expliqué que les cageots de bois tendaient peu à peu à disparaître et, surtout, qu’ils n’étaient même pas recyclés, laissés pour compte sous les étals. Le cageot, vraiment, cache la forêt. Principes d’un capitalisme intégré. Outrancier.

 

2 juin

 

C’est dit. J’ai décidé d’être locataire-témoin de la Villa Pilotis. En termes d’altérité, cela me semble plus sensé que de laisser S* installer un muet appartement-témoin. S* a accepté cette proposition de très temporaire nouveau statut et m’a filé ses clés.

Très curieux rêve, la nuit dernière. Immobile, j’ai longuement suivi des yeux une caravane de tortues. Elles portaient toutes des cageots sur le dos, les unes de hautes caissettes rectangulaires, les autres de vrais paniers, de pansues et rondes bourriches à huîtres... Curieux. Je pensais pourtant que toutes les tortues se ressemblaient. J'imaginerais bien un colloque de biologistes patentés dressant les nouvelles typologies de ces chéloniens à corps court et caissette différenciée... C’est fou comme le monde des cageots est multiple. Un cageot d’agrumes espagnol ne ressemble que de fort loin à celui qui hébergea des cavaillons... Il est clair (Éclair, tiens, voilà la tortue de mon enfance) qu’en termes de communication et de marketing, les tortues bourriches de mon rêve seraient, pour les prochaines affiches de Batibouw, infiniment plus efficaces. Pansues, elles instancient une image plus opulente. En parler à M*.

 

6 juin

 

J’ai emménagé ce matin. Choisi le premier-droit. De là, au travers des claires-voies, j’embrasse le paysage, la terrasse, le bassin. Étendue de bois, étendues d’eau, point focal du bassin central. Densité, miroitements, légèreté. De mon point de vue, tout me semble fluide. Fluidité des éléments et de l’architecture en ses rythmes premiers. N* lors de l’une de nos conversations, cette fois à propos de la Poétique de l’Espace de Bachelard, m’avait demandé quels étaient mes choix entre cave et grenier, maison sur la colline ou au bord du lac. J’ai l’impression, ici, d’établir une synthèse entre grenier, colline et lac. J’ai, en tout cas, un regard enveloppant l’espace. N* m’a dit qu’elle aurait, pour sa part, choisi l’appart’ central, à côté du solarium, au coeur de la Villa. Logique des points de vue et des pratiques

Très concrète et veillant à mon bien-être, S* m’a fait remarquer que le module que j’avais élu se situait au dessus du garage. Cela m’est égal ; je suis le seul occupant. Et piéton de surcroît.

Penser à demander à S* l’accès au solarium. L’endroit me paraît chaud et très intime.

 

7 juin

 

Première impression: si j’habite un cageot, cela ne me transforme pas en légume. L’expérience me paraît déjà vivifiante. Je respire. La villa aussi. Penserai demain à rapporter quelques meubles. Peu. Et quelques livres.

 

8 juin

 

L’idée de dormir sur un futon s’est imposée d’emblée. Sérénité et ordre de l’espace intérieur très orientaux, jeux de la transparence des claires-voies dont les ombres occupent l’espace lorsque le soleil pénètre ce qui est devenu mon studio. Le module est concret, fini mais sans enfermement. J’habite, précision du langage, une loge grillée. Construction ouverte, aucune fragmentation, perception transcendante de l’intérieur vers l’extérieur. La fragilité relative n’est qu’apparente, la légèreté bien réelle. Claire-voie, clairvoyance, acuité et discernement : le cheminement mental de S* me paraît claire voie. Le cageot procède vraiment d’une ergonomie particulièrement adéquate.

J’écris ces quelques lignes sur la terrasse, au bord du bassin central. Du regard, je cadastre mon espace de vie. Impression d’une esplanade à dimensions toutefois humaines: la terrasse se déroule devant moi. Le cageot n’est-il pas, afin de parfaire sa légèreté et sa finesse, constitué de bois déroulé ? Cette esplanade cadencée par le rythme des pilotis qui émergent de l’eau, qui circonscrivent l’espace de la plate-forme et l’inscrivent dans ce paysage flottant, le rythme des façades qui laisse transparaître l’organisation modulaire de l’espace intérieur, cet hiératisme relatif de la ligne, ces volumes solidairement intégrés, les toitures pentues qui, sans écrasement, protègent le tout : la Villa de face, me fait penser à une sorte de Cité Interdite. Mais celle-ci ne l'est pas.

 

9 juin

 

Me suis à nouveau longuement attardé près du bassin central. Pourquoi l’eau qu’il contient me paraît-elle différente de celle dont j’entends le clapotis contre les pilotis?

 

10 juin

 

Ai tenté hier soir alors que je reposais d’imaginer quelles denrées ont transité par mon cageot, avant sa transformation, sur quel marché il avait atterri avant que S* ne s’en empare. Toutes sortes d’histoires s’échafaudent. Les rêves sont aussi transhumances. Plus de nouvelles de mes tortues.

 

11 juin

 

Dîner en ville, hier soir avec P*, camarade immobilier. Ai décidé d’attaquer entre la poire et le fromage. De locataire-témoin, je me métamorphose en agent promotionnel. P*. m’a écouté jusqu’au bout, les investissements consentis, le rapport annuel brut, les comptes et précomptes, le sens du projet. J’en appelai à nos vieux combats Mao et autres, aux concepts de résistance, à Domus et A+ qui ne manqueraient pas de publier les réalisations de S*, à l’image progressiste et avant-gardiste que cela véhiculerait pour son agence immobilière, à sa profession de promoteur qu’ il fallait absolument revaloriser, au bien-être que je ressentais dans les soixante mètres carrés dont je témoignais, à la crise du logement, à l’écologie. Je me suis précipité, tandis que P* crayonnait, l’air inspiré, sur la nappe en papier, j’ai ouvert toutes les portes. Il fallait que P* promeuve la villa Pilotis. Celle-là, mais aussi la Pedrena, et toutes les autres qui ne manqueraient pas de suivre. Une rente, s’il suivait, j’en étais sûr, même à trois pour cent. A la fin de ce marathon, P* me fixait d’un oeil rond. Il éclata de rire. Tu imagines les assureurs, me dit-il en gloussant... L’immeuble est flambant neuf! Et mon premier acompte? C’est en bois que je le mettrai à l’encaissement? Et hoquetant, sifflant sa fine, il m’a asséné que jamais, cela ne pourrait jamais attirer une clientèle sérieuse. N’oublies pas, pouffa-t-il, que cageots rime avec bargeots!

En plus, il me laissa l’addition.

 

plus tard

 

Suis furieux sur P* et ses réactions. Cageots, bargeots... Jeux de mots stupides. Aurais dû avoir la présence d’esprit de lui répondre sur le même ton. Une barge, c’est aussi un échassier proche de la bécasse. Bonjour les pilotis. Quant au cagot, sans “e”, en Béarn, et ailleurs, c’est un tartufe. Un faux dévot. Sans commentaire.

 

13 juin

 

Seul, ici, à Pilotis, je me sens moins isolé que ce matin dans l’isoloir.

 

14 juin

 

Des dessins, étonnant. Suis passé à l’atelier de S* afin de la tenir au courant de mes premières impressions. J’ai entraperçu quelques dessins qu’elle conserve dans le secret de ses archives. Presque pudiquement. Il y avait là des outils stratigraphiés comme les lignes de bois de Jean Degottex, des outils organiques, empreints de cette régénérescence de la strate que l’on retrouve dans certains de ses projets. Il y avait là des crayonnés, de subtiles esquisses qui hantent le papier. Il y avait là aussi des détails d’architecture, des dessins de verrou entre autre, protecteurs d’intimité, défense contre toutes les intrusions. Est-ce vraiment avec ces outils fragiles que S* compte construire le monde ? Vibration. Sont-ce les dessins qui vibrent?

 

15 juin

 

Repensé à P*. en feuilletant les dernières productions de Bourriaud qui revisite la modernité de l’art via la notion de travail et cite abondamment Félix Guattari, entre autre ses "Trois Écologies". Guattari, dit-il en substance, propose à titre d’écosophie une pratique d’existence qui consiste à replanter de la subjectivité là où il n’y en a plus, et à lier dans un même processus d’expérimentation l’environnement, le social et la créativité: la seule finalité acceptable des activités humaines est la production d’une subjectivité auto-enrichissant de façon continue son rapport au monde. Il en parle comme d’une écologie mentale qui consiste à produire un territoire existentiel. Contre le nivellement général imposé par le capitalisme intégré, nous devrions, selon lui, construire des territoires, composer des motifs, nous faire texte. L’oeuvre d’art serait une machine à faire bifurquer la subjectivité. La tâche de l’artiste, conclut Bourriaud, consiste à inventer une économie subjective qui manipule des possibles, transcende des territoires existentiels, opère des connections inédites. L’artiste est l’analyste du réel. S* réancre de la subjectivité sur pilotis, c’est sûr. Environnement, programme social, création, tout y est. J'habite dans une machine qui fait bifurquer la subjectivité. Je ne sais où se logeait Diogène, mais chez moi, mon cageot, c’est un territoire existentiel. Je le perçois comme tel.

P*, sans compromis, ce qui dans son métier reste toujours gênant, va me prendre pour un doux dingue. Définitivement. Quant à N*, elle me dira que je théorise beaucoup trop aujourd’hui.

 

16 juin

 

Matinée de déambulation, une fois encore. Je cherche à percevoir Pilotis sous toutes ses facettes. Il y a ici quelque chose d’étrangement statique. Pourtant les volumes de la Villa se fondent dans une grande dynamique. Me demande où S* se situerait physiquement face à son oeuvre. Ai l’impression qu’elle appréhende les choses de l’extérieur. En fait, lorsqu’elle crée, elle doit nécessairement mesurer sa distance au monde. Pourtant, elle manipule le réel, physiquement même. Curieux qu’elle m’ait dit que ses plans s’élaboraient après coup... Comme s’il s’agissait d’archiver l’expérience du territoire existentiel créé. Navigation entre plasticité et programme architectural, de quel bord est-elle vraiment ? Y réfléchir à tête reposée.

 

18 juin

 

Ai repensé au fait que j’ai qualifié d’organiques les dessins entraperçus il y a quelques jours. S* m’a déclaré qu’elle assemblait organiquement ses modules. Serait-ce là une architecture organique ? Ai relu quelques textes, entre autre Raymond M. Balau qui écrivait voici peu que ce qui est organique dans l’architecture induit la notion d’organisme constitué, d’organisation essentielle, que toute architecture digne d’intérêt, dans sa phase de projetation passe par un ou plusieurs moments d’analyse organique, avec plus ou moins d’incidence sur le vocabulaire plastique, sur la logique des formes et sur les relations au site. Même ce qui s’exprime par des volumétries cubiques ou minimales, dit-il encore, peut être organique dans l’approche. Il est vrai que le sens commun associe architecture organique et schèmes naturels, environnementaux. Les outils que dessine S* l’induisent en effet. Leurs strates sont évolution et régénération cellulaires. Mais la cellule n’est-elle pas, dans ses architectures, ce module de base, ce cageot qu’elle manipule, intègre par principe de solidarité, alors que ses visions architectoniques sont éminemment rationnelles? S* a également construit des tours. Son module le lui permettait. Par empilement. Par sa rhétorique et sa pratique, elle a revisité l’hypothèse globale de la cité verte moderniste, aujourd’hui en définitive perte tant du point de vue de la représentation - cette défiance que nous avons vis-à-vis de la géométrie orthogonale- que de celui de la socialisation. J’y trouve même une certaine dose d’humour. A propos de toutes les Cités modèles bâties par les épigones corbusiens, ne parle-t-on pas de cages à poules, de cages à lapins ? Ses Trois tours érigées d’ailleurs non loin de la Villa Pedrena, sont étonnantes de liberté, se jouant des pleins et des vides, de rythmes et de transparences. Je repense au "Moins, c’est plus" de Mies Van der Rohe qui exprime essentiellement cette esthétique de l’apurement et de la transparence.

 

19 juin

 

Suis rentré tardivement à Pilotis, ce soir. Vision étonnante depuis la route qui longe le bassin. La villa était toute éclairée. Je distinguais des voitures dans le parking sous l’esplanade. S* était là, accompagnée de son groupe de promoteurs pour une visite nocturne. La villa ainsi n’était plus la même. Elle brille curieusement dans la nuit: les claires-voies découpent l’espace lumineux, la villa semble reposer sur un long halo, la lune se fragmente à la surface de l’eau. Pilotis me semble beaucoup plus imposante ainsi; elle a perdu de sa fragilité, elle a gagné en densité. Imposant ses lumineuses géométries à l’espace, elle paraît ainsi plus moderniste.

 

22 juin

 

L’architecture évoque cette utopie de l’oeuvre d’art totale qui fut prônée, véhiculée par les Avant-gardes définitivement qualifiées d’historiques. A celle-ci succède indubitablement une utopie au quotidien, partielle, faite de voisinages, de juxtapositions, de surimpressions. Fragmentation en réponse à la fractalisation de l’histoire. S* me semble s’inscrire dans cette vision du monde, revisitant même les utopies avant-gardistes, donnant du sens au réel par une projetation à la fois très complexe, ludique et tellement évidente. En aval de toute rhétorique plastique, c’est la maison qui l’intéresse avant tout, le foyer, l’abri, le refuge convivial mais ouvert. Aucun enfermement mais une sorte d’ordonnancement poétique de son univers. Serais toutefois curieux de voir la Villa Pilotis en maquette. Comme s’il s’agissait d’un objet sculptural ou d’un assemblage...

 

26 juin

 

C’est dimanche demain. S* m’a fait savoir qu’elle comptait faire visiter la Villa Pilotis à une série d’amis et d’amateurs. Il faut que l’imaginaire de l’architecte, écrivait encore Raymond M. Balau, laisse de la place à l’imaginaire des autres. Tant pis pour ma tranquillité, tant mieux pour la Villa Pilotis. Tenterai de parler à l’un ou à l’autre de mon expérience. Il paraît que ce sera la fête aussi. O* poussera son triporteur restauré jusqu’au pied de la Villa. Il y aura des tortillas, -uevos non dioxinés- et du tinto en soirée. Car S* est d’origine espagnole... Cela me fait penser que le paysage de son pays, au nord de la chaîne cantabrique -souvenirs de vacances- est jalonné, parsemé de frêles constructions en bois... sur pierres plates et pilotis. Les horeos. De grands cageots à foin. Si! Penser, demain, à lui en parler...

 

Pilotis, 1999

J*-M*

 

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