WORKS
EXPOSITIONS
BIOGRAPHIE
Sophie Langohr
Image Ralph Lauren, de la série Drapery
photographies couleur sur aluminium 120 x 82 cm, 2014
Sophie Langohr
Image Marc Jacobs, de la série Drapery
photographie couleur sur aluminium 59 x 40 cm, 2014
Sophie Langohr
Image Calvin Klein, de la série Drapery
photographie noir et blanc sur aluminium 66 x 44 cm, 2014
Sophie Langohr
Image Louis Vuitton, de la série Drapery
photographie noir et blanc sur aluminium 96 x 64 cm, 2014
Sophie Langohr
Image Dior, de la série Drapery,
photographie couleur marouflée sur aluminium, 34 x 47 cm, 2013 - 2014.
Sophie Langohr
Image Chanel, de la série Drapery,
photographie couleur marouflée sur aluminium, 30 x 45 cm, 2013 - 2014
Sophie Langohr
Image Stephanel, de la série Drapery,
photographie couleur marouflée sur aluminium, 30 x 40 cm, 2013 - 2014.
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DRAPERY
Sophie Langohr n’interroge pas seulement l’imagerie publicitaire, dont provient une bonne part de son matériel de base. Elle relie aussi sa pratique à des images canoniques de notre histoire de l’art, comme le suggère déjà la référence à la Ninfa. Dans New Faces, elle confronte ainsi égéries de la mode et vierges sages de l’imagerie sulpicienne, rapprochant de façon troublante, à plus d’un siècle de distance, des productions artistiques fondées toutes deux sur la séduction et la conquête, fussent-elles en apparence opposées quant à leur objet.
Avec ses séries récentes, c’est vers l’art baroque qu’elle lorgne manifestement, citant par exemple les drapés savants des sculpteurs du XVIIe siècle, tel le liégeois Jean Del Cour (1627-1707). Dans la trame de l’histoire de l’art, Sophie Langohr se réfère une nouvelle fois à un art de fascination et de combat. L’esthétique baroque a été ouvertement mise au point par les autorités ecclésiastiques comme un instrument de reconquête des âmes face à la montée en puissance de la Réforme : sa théâtralité n’avait d’autre visée que de lui assurer un triomphe populaire, moyennant parfois un usage immodéré des regards renversés, postures extatiques et tourbillons sensuels. À l’image des draperies, la trame de l’histoire se trouve ainsi repliée sur elle-même en tous sens, créant échanges, porosité, trouble. En attendant que tout retombe dans ses plis ?
Les mains trouvées dans des pages de magazines et que Sophie Langohr isole, distillent quant à elles une beauté classique et semblent rivaliser avec des morceaux choisis de la peinture ancienne. Foin de la hiérarchie entre « grande peinture » inscrite dans l’histoire et imagerie publicitaire, qui se dissout dans sa consommation. Détournée de son usage initial, l’image nous installe dans le temps long de la contemplation.
Il faudrait enfin oser un portrait de l’artiste en combattante. Sa propension à se frotter à l’image publicitaire et à des esthétiques conquérantes n’est certes pas dénuée d’ambigüité. Elle n’en est pas moins révélatrice d’une forme d’affrontement que Sophie Langohr mène tout à la fois en tant qu’artiste et en tant que femme: sa version propre de l’art au service de l’idée. Sans rien lâcher dans le labyrinthe des mises en scène et des stratégies. (Yves Randaxhe)