EN QUINCONCE

 

S’affranchissant très vite des images et des textes qu’il s’approprie constamment, Raphaël Van Lerberghe nous donne à voir des dispositifs qui reposent le plus souvent sur les rebonds du sens. L’artiste apprécie la polysémie du phrasé, il excelle dans l’exercice de ces scansions plastiques d’images et de textes dont le sens se révèle, en toute subtilité, au-delà de ce qui est visible. L’allusion, l’élision, le report, le cadrage, le modèle se combinent sur l’échiquier ; dessins, photographies, images trouvées et recadrées, tracés transcrits ou dessins textuels composent l’œuvre, des œuvres, qui comme le dirait M.B. «s’inscrivent dans le prolongement du langage». Raphaël Van Lerberghe persiste dans cette aptitude à énoncer la matérialité de la lettre et du signe, ces modalités de l’échange qu’il conduit de façon indicielle. Là, sans aucun doute, agit-il en toute proximité avec M.B. «C’est un exercice de lecture», déclarait celui-ci à propos du Corbeau et du Renard. Point de Corbeau en ce cas, mais bien cette «Missa Solemnis» de Broodthaers extraite des collections de la Province de Hainaut que Raphaël Van Lerberghe confronte à une carte postale, cet autre rituel au soleil : « Le Combat de taureaux » d'Édouard Manet, conservé dans la collection Frick. Une copie de voyage en quelque sorte, ou du moins une œuvre peinte après le voyage à Madrid. Et six dessins textuels se glissent dans les marges, report d’une contribution récente de l’artiste à «Copie de Voyage n°3». Six phrasés où agissent dames et cavaliers, rubans et grelots, où s’enfilent dans un précis ballet des corps des bagues sur des bâtons. C’est assurément dans les codes gestuels d’une danse de société que s’opèrent tous les glissements de sens. (Jean-Michel Botquin)

 

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optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016