LE PERÇU ET LE NON PERÇU, 1972

 

Note d’intention rédigée par Jacques Lizène, 1973. Tapuscrit sur Remington portative corrigé au crayon, 21 x 27 cm. Archives Yellow.

 

On photographie une première fois, par exemple, une adolescente, nue, en chaussettes noires. Ensuite on photographie une seconde fois, dans le même pose exactement cette jeune personne… mais entre la première et la seconde prise de vue, cette charmante personne a enfilé la chaussette qu’elle portait au pied gauche à son pied droit et sa chaussette droite au pied gauche. A la première lecture de ces deux photographies, le spectateur ne voit qu’un même nu et une même photo répétée deux fois… Cependant, un texte accompagnant ces photos lui révélera qu’elles ne sont peut-être pas semblables, que, peut-être, les chaussettes ont été interverties aux pieds de la jeune personne sur la deuxième photographie.

 

Communiqué. Tapuscrit sur Remington portative corrigé au crayon et à l’encre, 21 x 27 cm. Texte fortement amendé. Archives Yellow.

 

Si j’ai accepté de faire réaliser et de présenter une exposition à la galerie Yellow sur le thème « le perçu et le non perçu », ce n’est pas particulièrement parce que ce thème me tient « à cœur », mais plus simplement parce qu’il ne me déplaît pas vraiment de garder et entretenir, par le seul fait d’exposer, le statut d’artiste et surtout celui que je m’amuse à m’octroyer de « petit maître liégeois de la seconde moitié du 20ème siècle ». Aie, aie, aie. Voilà qui est dit. C’est toujours un « travail » sur la limite de perception du spectateur vis à vis d’une ou de plusieurs photographies. Ce « travail », c’est cela qui me le rend supportable plus ou moins, tend à l’humour, un peu.

 

Communiqué. Tapuscrit sur Remington portative corrigé au crayon, 21 x 27 cm. Recto/Verso. Texte moins amendé que le précédent. Archives Yellow.

 

Si j’ai accepté de faire réaliser et de présenter une exposition à la galerie Yellow sur le thème « le perçu et le non perçu », ce n’est pas particulièrement parce que ce thème me tient « à cœur », mais plus simplement parce qu’il ne me déplaît pas vraiment de garder et entretenir, par le seul fait d’exposer, le statut d’artiste et surtout celui que je m’amuse à m’octroyer de « petit maître liégeois de la seconde moitié du 20ème siècle ». Je préférerais peut-être par gentille prétention ajouter « et de la fin du 21ème», mais finalement la postérité ou l’idée que l’on peut avoir de la sienne possible doit être trop contraignante quand l’on vise trop haut et beaucoup trop loin. Je me contenterais donc de me croire et de faire croire être « »un petit maître ». Voilà qui est dit. Mais quand même parlons un peu de ce qu’est le « perçu et le non perçu ». En tout cas dans mon exposition, cela est fort simple. On photographie par exemple une allée de gravier en gros plan, avec toujours le même cadrage pendant 36 vues mais entre la 35eme et la 36ème prise de vue, un gravier est retiré. A la première lecture de cette série photographique, le lecteur croit ne voir qu’une même photo répétée 36 fois alors qu’effectivement, la 36eme est différente des 35 autres qui la précède. Voilà. Hopla. Le même processus est répété avec d’autres éléments ou d’une façon autre, mais c’est toujours un travail sur la limite de perception du spectateur, vis à vis d’une ou de plusieurs photographies. Et ce travail (c’est cela qui me le rend supportable plus ou moins) tend au troisième voire au deuxième degré, à l’humour, un peu.

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optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016