WORKS
EXPOSITIONS
BIOGRAPHIE
Emilio Lopez-Menchero, L'Homme Bulle, polyester polychrome sur structure métallique, 250 x 150 x 200 cm
Installation à Bruxelles
Emilio Lopez-Menchero, L'Homme Bulle, polyester polychrome sur structure métallique, 250 x 150 x 200 cm
Installation à Bruxelles
Emilio Lopez-Menchero, L'Homme Bulle, polyester polychrome sur structure métallique, 250 x 150 x 200 cm
Installation à Waremme
Emilio Lopez-Menchero, L'Homme Bulle, polyester polychrome sur structure métallique, 250 x 150 x 200 cm
Installation à Waremme
Emilio Lopez-Menchero, L'Homme Bulle, polyester polychrome sur structure métallique, 250 x 150 x 200 cm
Installation à Liège
Emilio Lopez-Menchero, L'Homme Bulle, polyester polychrome sur structure métallique, 250 x 150 x 200 cm
Installation à Marchin
1 - 6
<
>
L’HOMME BULLE
«Rien qu’un homme à la rue qui attend comme la cloche que quelqu’un d’autre lui dise pourquoi il est là». «Cultures-tu ?». «Porte-parole ouvert à tous». «Veux-tu m’épouser ?». «Super le Centre culturel de Waremme, l’équipe est géniale, les spectacles de qualité. Dommage que ces gens soient mal payés !». «On t’aime Papa !». «Sacré Jacky !». «Surtout ne pas se dégonfler». «Tout le monde s’appelle Roger». Les Waremmiens, on le voit, s’en sont donné à cœur joie. Ils ont tagué à volonté la bulle de l’«Homme Bulle» d’Emilio López-Menchero. Ils l’ont même tatoué d’une grande marguerite, d’un monumental point d’interrogation, ont débordé sur son costume trois pièces, l’ont affublé de moustaches et ont redessiné ses yeux. «Bulle à savon, bulle à idées, attention ça glisse». Bref, ils se l’ont approprié. Après avoir été installé à Bruxelles et avant de rallier Liège, l’«Homme Bulle» était à Waremme, campant dos à l’hôtel de police et face à l’Hôtel de Ville.
Architecte de formation, Emilio López-Menchero ne pratique pas, mais considère l’espace public et urbain comme un espace critique et y intervient régulièrement. Performances, installations, commandes publiques jalonnent son parcours. On le soupçonne de vouloir tatouer la Spanner Haus d’Adolf Loos. Très sévère par rapport à toutes les dérives que le «Crime et ornement»de l’architecte viennois a généré, il cite volontiers Hans Hollein et son Manifeste de 1968 : «Alles ist Architektur». Tout est architecture, y compris la construction de soi. Ainsi, il habite la ville de Gand du cri de Tarzan, exporte, en guise de bancs publics, des frites géantes en Norvège, dessine une bâche de camion dont il mesure la capacité maximum à échelle humaine, constatant que deux cents individus, serrés en rangs d’oignons, pourraient y prendre place. À Ixelles, il reconfigure la friche de la place Flagey en «projet Potemkine», dressant, en quelques heures, une rue de toiles à la manière des faux villages prospères érigés par le favori de Catherine II en Ukraine. À Ath, il introduit un géant, Monsieur M, monsieur Moderne, au cœur de la procession des géants séculaires de la cité. On lui doit, bien sûr, «Pasionaria», ce porte-voix monumental installé à proximité de la gare du Midi à Bruxelles. Orientée vers la gare, ce lieu de confluence, référence à un épisode de la Guerre d’Espagne, «Pasionaria» matérialise la parole manifeste. Cette commande publique est dédiée à tous les migrants dans un lieu où se déroulent de régulières manifestations sociales et politiques.
Monsieur Moderne, le géant d’Ath, ressemble à ces silhouettes anonymes esquissées par l’architecte théoricien Ernst Neufert, auteur des célèbres «Éléments des projets de construction», cette base méthodologique de la mesure de toute chose, de la norme et des prescriptions, publiée pour la première fois en 1936 à Berlin. Les silhouettes qui parsèment les croquis domestiques et vernaculaires de Neufert, traversent depuis longtemps déjà, les œuvres d’Emilio López-Menchero. L’ «Homme Bulle» leur ressemble aussi. Citadin en complet veston, il est, au même titre que le porte-voix bruxellois de la «Pasionaria», un espace relationnel. De sa bouche s’échappe un monumental phylactère. Bulle ronde, vide, immaculée, c’est une muette invitation. La sculpture n’est pas un objet à regarder, mais une situation à composer. L’œuvre est en quelque sorte inachevée et son achèvement plastique suppose que le spectateur y mette la dernière touche. Au stylo feutre, bien entendu, à la bombe aérosol. Rien n’est imposé, au contraire, c’est une situation ouverte, à l’état de passage, où l’intersubjectivité se révélera mécanisme de création, la nature processuelle de la réalisation faisant de l’œuvre un événement. Le graffiti, le tag, l’empreinte directe, sont autant de signes de la culture urbaine contemporaine; ici, ils permettront de créer de l’«être ensemble». Être ensemble, artiste et regardeur, être ensemble, grapheurs d’un jour, tagueurs d’occasion, rassemblés sur la bulle. Campé sur le trottoir, l’«Homme Bulle» est le porte-parole de la population. Il sollicite le passant, lui propose de s’évader de ce tout ce qui est conforme, prescrit, recommandé, correct ou anonyme pour un moment de libre expression. (Jean-Michel Botquin)