CEES KRIJNEN, "WOMAN DIVORCE ON BATTLE ON TOUR, PART VI, BIRTHDAY PARTY"

 

Woman in divorce - Chrysanthenum

chocolate originally dedicated from Charlemagne chocolatiers group

Nadja Vilenne edition of 450, signed and numeroted, 2000

 

Description: 24 chocolats mignonnettes (8,5 gr) sous cristal box(145 x 100 x 20) de 200 gr., masse de cacao, sucre, beurre de cacao, extraits naturels, parfumé dans la masse au chrysanthème, produit par le Chocolatier Charlemagne (Herstal). Etiquettage: Woman in divorce -Chrysanthemum, sous label Woman in divorce battle on tour, part VI, Liège, 2000. Edition: 450 exemplaires

 

Un parfum moderne, ou du moins classique mais remodernisé, inspiré d’une mode très féminine, colorée et aux hautes valeurs sensuelles; un parfum créé sur la thématique d’une femme divorcée, battante, moderne et qui s’exprime; un parfum qui se nomme “Femme divorcée” et qui jamais ne sera commercialisé, offert par un “nez” français à Greta Blok, très officielle Ambassadrice des Femmes divorcées des Pays-Bas; un parfum aux essences naturelles, composé de près de 80 ingrédients différents: bergamote, ananas, melon, clou de giroffle, basilique ou origan en note de tête, orange épanouie, rose, muguet et narcisse (touche animale coquine), pour note de coeur, mousse de chêne, santal, vetiver, pêche (allusion amusante), vanille ou musc en note de fond. Ce parfum était, le 27 octobre 2000, l’élément central d’une performance du jeune plasticien néerlandais, Cees Krijnen, performance présentée à Paris, dans les murs, officiels et diplomatiques, de l’Institut Néerlandais.

Greta Blok, mère de Cees Krijnen, y prit la parole afin d’expliciter face au public les fondements de son combat de femme en butte à près de 15 ans d’intimidantes procédures judiciaires dans le cadre de sa propre séparation, se refusant désormais à concevoir le mariage comme institution pour le meilleur... et surtout pour le pire. Son conseil s’y lança, alors que le public, nez en l’air, venait d’assister à une très poétique présentation du parfum, dans une harassante nomenclature d’attendus. Il y avait là, dans cet espace entre art et réalité, pas d’objet à transfigurer, mais bien une situation créée.

 

Amsterdam, Rijksacadémie, 1999, tour final du “Prix de Rome”. Cees Krijnen y concourt; il sera d’ailleurs couronné par la jury. Il y présente, entre autre, dans le cadre des CEESKRIJNENCOSMETICS qu’il a créé, un curieux prototype du “ordinarypainkiller”, pilule d’or aux pointes acérées, façonnée par le diamantaire amstellodamois Lyppens. Cette ampoule d’or, fondue à partir de bijoux récupérés de haute lutte par Greta Blok dans le combat qui l’oppose à son ex-mari, est sans aucun doute autre chose qu’un simple analgésique.

Mieux encore, tandis que l’artiste impose pour protocole des masques de laboratoire aux membres du jury, une curieuse machine qu’il nomme Portable Powderpuffpainkiller (PPP abrégé) distille dans l’espace quelques très actifs ingrédients: salicus cortex, chrysanthelli americani, passiflorae incarnatae. Krijnen se propose de placer divers PPP dans la maison parentale afin de soigner les migraines de sa maman. De ce PPP, il a d’ailleurs fait établir de très minutieux plans d’installation. Était-ce là du théâtre, une performance? Nous sommes, du moins, constatera le jury aux confins des arts plastiques, en une situation et un champ bien réel. La performance présentée ne s’appelait-elle pas Financing my parents divorce?

Cette participation au Prix de Rome est acte fondateur d’une série de performances que Cees Krijnen organisera durant toute l’année 2000, performances qui auront lieu tour à tour au Consulat des Pays-Bas à New-York et à la galerie Up and Co, au Stedelijk Musem Bureau d’Amsterdam, à la Galleria Laura Pecci de Milan, à la Fondation Pistolleto de Biella, à l’Institut Néerlandais à Paris, au musée de Lucerne et enfin à Liège, galerie Nadja Vilenne. Ces performances qui accompagnent le combat de Greta Blok, qui le mettent en scène ont pour titre générique Woman in Divorce Battle on Tour. Le projet artistique est ainsi devenu support et vecteur d’un combat de femme. C’est d’ailleurs à l’occasion de la première étape de ce tour, à New York, que Greta Blok recevra très officiellement le titre d’Ambassadrice des Femmes divorcées des Pays-Bas. Elle déclarera, entre autre, à cette occasion qu’elle oeuvre afin de faire changer lois et traditions, prenant la parole en faveur de toutes les femmes qui subissent lors de leur divorce harcèlement, intimidations et maltraitances. La pratique artistique, ce projet artistique, de son fils Cees, est pour elle, déclare-t-elle, d’une grande aide psychique. L’art pour thérapeutique en quelque sorte. Cees Krijnen, quant à lui, affirme que l’art est réflexion absolue de la vie.

 

Acte 6 de ce singulier trip à travers le monde, à Liège, il fut question de fêter l’anniversaire de Greta Blok. Très simplement. Des cadeaux, un gâteaux, des invités de tous les horizons. A cette occasion, les Chocolats Charlemagne ont offert à Greta Blok un chocolat inédit, objet d’une édition certifiée par l’artiste, un chocolat qui porte Woman in divorce pour nom, parfumé en sa masse au chrysanthème. Denise Courant, conceptrice de ce chocolat au chrysanthème et propriétaire des Chocolat Charlemagne est elle-même très sensible et concernée par le combat de Greta Blok. Pour elle, le chrysanthème n’est pas uniquement symbole de mort et image de deuil, figure même de la séparation. La disposition régulière et rayonnante de ses pétales en fait un symbole essentiellement solaire, associée donc aux idées de longévité et même d’immortalité. C’est ce qui explique que cette fleur soit l’emblème de la maison impériale japonaise. Le chrysanthème héraldique japonais a seize pétales, ce qui superpose à l’image solaire celle d’une rose des vents, au centre de laquelle l’Empereur régit et résume les directions de l’espace. Et n’est-ce pas la rose des vents pour signature de Charlemagne qui est apposé sur les chocolats qui portent son nom? En Asie comme en Europe, le chrysanthème est par excellence fleur automnale; et l’automne est saison de vie paisible après l’achèvement des travaux des champs... Le chrysanthème est plénitude et totalité.

Jean-Marc Tosello, directeur de l’Ecole d’art de Luxembourg écrivait voici peu, à propos de Cees Krijnen: “Il semble effectivement touchant de parler -en art contemporain- des voix cardiaques. Celles du coeur qui œuvrent à l’essentiel. Lorsque l’expression est d’essence profonde, il peut s’ensuivre un impact social bénéfique pour la collectivité jusqu’à légiférer les propositions faites. L’art a bien sa place dans nos sociétés post-modernes, il ne peut se réduire à une forme de consommation intellectuelle, culturelle, réservées aux cercles ou clubs. Il peut insuffler des appels aux attentes endormies. Il donne le pas et donne la mesure parce qu’il sait prendre pour donner. Une leçon à prendre pour les égos en manque de miroir. L’art s’offre le nécessaire juridique pour une reconnaissance non féministe mais admirablement féminine: les droits de la femme divorcée”.

 

Le monde de l’art devient ainsi un lieu intermédiaire d’où il serait à la fois possible d’analyser le réel et d’agir sur lui. Sorte de passage de l’in situ à l’in socius: la première couche de réalité que prend en compte l’artiste n’est plus l’espace d’exposition, mais la complexité des réseaux de communication et de production, dont le monde de l’art n’est finalement qu’un sous-ensemble. L’art devient ainsi opératoire dans le champs social. ( J.-M. B. décembre 2000)

 

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