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En 2007, l'artiste Aglaia Konrad inaugure une série de films consacrés à des architectures aux formes sculpturales. Par une grande maîtrise formelle, Konrad développe un regard analytique dénué de toute rhétorique pour donner à lire les qualités plastiques du béton. Dans Sculpture House, l'artiste se saisit de la première maison belge réalisée en béton projeté, construite par l'architecte Jacques Gillet entre 1967 et 1968. Fruit d'une recherche de synthèse entre les dimensions fonctionnelle et esthétique de l'architecture, la maison est constituée de voiles de béton, offrant une multiplicité de points de vue qu'un seul cliché n'aurait pu rendre. Grâce au montage, aux plans fixes et aux effets de travellings, Konrad construit une appréhension lente et continue des formes, renouant avec l'idée d'expérimentation physique de l'espace et du "continuum " développé par Kiesler dans sa Maison sans fin.

 

Poursuivant son exploration des formes sculpturales de l'architecture, Aglaia Konrad parvient dans ce film à saisir toute la puissance brutaliste de l'Eglise de la Sainte Trinité (1976), chef-d’œuvre expressionniste de l'artiste autrichien Fritz Wotruba (1907-1975). Guidé par son approche tectonique de la sculpture de pierre, Wotruba réalise à Vienne une construction monumentale en misant sur l'empilement et l'enchevêtrement de gigantesques blocs de béton. La caméra d'Aglaia Konrad devient le meilleur témoin d'une architecture spirituelle unifiée dans le chaos, dont l'image primitive et atemporelle renvoie aux mégalithes sacrés de Stonehenge. Concrete & Samples II Blockhaus présente l’Église Sainte-Bernadette du Banlay de Nevers, conçue par Claude Parent et Paul Virilio. Monolithique, énigmatique, elle apparaît comme un bunker en béton brut. Construite selon une idée utopique, l’espace intérieur présente deux rampes obliques qui créent une dynamique spatiale. Dernier film de la trilogie, Concrete & Samples III Carrara montre la célèbre carrière de marbre du même nom. Ce paysage toujours en évolution paraît avoir été sculpté, semble comporter des architectures temporaires et fait de nombreuses références à l’histoire de l’art.

 

Les trois films ont comme point commun de ne comporter aucun commentaire tout en proposant un regard subjectif sur ces architectures et sur ce site, comme si la caméra se substituait au regard d’un visiteur, en l’occurrence celui de l’artiste… C’est donc son point de vue, au sens propre et figuré, qui nous fait découvrir les lieux et crée un lien entre les films. Aglaia Konrad choisit de rassembler dans une même série ces trois sites – architectures modernes en béton brut et site naturel d’extraction d’un matériau noble et traditionnel de la sculpture, et de les considérer en tant que sculptures à part entière.

 

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optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016